Le metalcore est une subdivision subissant une inflation démesurée ces dernières années. Pensez donc, le style à tout pour plaire : une bonne dose de hurlements auxquels viennent s'ajouter quelques tirades hautes perchées à la virilité bien moins prononcée sur un tissu instrumental qui envoie le pâté sans écorcher l'oreille de mémé, voilà une formule bien fraîche pour l'été, et plus si affinités. Cent cinquantièmes représentants de l'année de cette mouvance, les autrichiens de The Sorrow comptent bien se tailler une petite place sous le soleil (noir) avec leur premier opus Blessings From A Blackened Sky.
Sauf que cette recette si novatrice lors de la sortie du maître-étalon Alive Or Just Breathing de Killswitch Engage commence a gravement sentir le réchauffé. En ce qui concerne cette formation, on ne pourrait que difficilement avancer qu'elle ait pour ambition de révolutionner ce mouvement usité jusqu'à la corde. Le couplet / refrain / couplet emballé pesé en quatre minutes et des brouettes est donc de mise, les autrichiens récitant leurs leçons sans rechigner. Dans la plus grande tradition metalcore, le couplet donne lieu au bourrinage intensif à base de riffs acérés, alors que le refrain sera logiquement et sans surprise réservé aux belles mélodies ponctuées de paroles torturées en veux-tu en voilà, le tout mené par une batterie épileptique qui cavale et matraque sévère quitte à trouer sa grosse caisse à coup de double-pédale (« From This Life », « The Dagger Thrust »). Le quatuor n'oublie pas la petite incartade prompte à faire chavirer les cœurs, l'occasion pour lui de glisser quelques tirades de piano et autres guitares acoustiques, mais coupe court à ce changement d'horizon en enquillant aussi sec sur ses terrains de jeux habituels, réduisant cette accalmie à une simple introduction et livrant au passage la composition la plus intéressante de la galette (« Saviour, Welcome Home »). Pour un premier essai, The Sorrow met tous les atouts de son côté et délivre un résultat ébouriffant, évitant pour cela de se fourvoyer dans des instrumentations difficiles d'accès et déconcertantes, se rapprochant au plus près des travaux d'un As I Lay Dying ainsi qu'inévitablement du meneur de troupe Killswitch Engage.
Cette saturation du marché et des prétendants à la couronne si convoitée de leader ainsi que la quasi-impossibilité d'accoucher d'une partition révolutionnaire ne laisse guère qu'une solution pour s'imposer : livrer un résultat impeccable sur tous les points, à défaut d'être original. C'est en grande partie le cas de ce Blessings From A Blackened Sky à l'efficacité débordante, ces douze compositions bénéficiant de plus d'une production léchée assurée par un parfait inconnu qui parvient parfaitement à mettre en exsangue toute la puissance délivrée par ces quatre méchus de l'enfer. Aucun morceau ne se détache véritablement de l'ensemble, mais le tout s'avale d'une traite et sans risque d'indigestion. Car en plus d'un niveau technique plus que convaincant, la grande force de The Sorrow se trouve être dans les capacités vocales de son leader Mätze, capable de résultats virtuoses en ce qui concerne la modulation de son chant. Cet adepte du falzar slim moule-burnes parvient en effet à passer des hurlements rauques à une envolée juste et sans accroc en un centième de seconde (« The Dagger Thrust »), sans provoquer un quelconque manque de cohérence (au contraire d'un Caliban sur certaines compositions peu inspirées). Chapeau bas.
Blessings From A Blackened Sky sent donc un peu le réchauffé aux encornures, pourtant on se l'enfilera d'une traite et avec une joie non dissimulée. Un mini tour de force dont peu de leurs concurrents peuvent se vanter.
.: Tracklist :.
01. Elegy
02. The Dagger Thrust
03. Death From A Lovers Hand
04. Knights Of Doom
05.
06. Numbers Of Failure
07. Far Beyond The Days Of Grace
08. From This Life
09. Her Ghost Never Fades
10. Darkest Red
11. Thirteen Years
12. Saviour, Welcome Home