Depuis le succès médiatique et public amené par la sortie du formidable Rakushu en 2004, Kagerou demeure infatigable. Avec une cadence d'un album par an, ponctué de tournée incessantes, de singles ou encore de témoignages lives, plus rien ne semble aujourd'hui pouvoir empêcher la montée en puissance de ce véritable phénomène issu d'une scène japonaise en pleine expansion. Et ce n'est sûrement pas la qualité de ce Kurohata qui viendra entacher la réputation des quatre nippons…
Au risque d'en décevoir certains, Guroushoku avait démontré l'année dernière que la formation était capable d'explorer des horizons musicaux d'avantages ouverts sur le monde de la pop, Kurohata se veut quant à lui encore plus varié que ses prédécesseurs, compilant avec une toujours plus grande justesse une foule d'influences variées et rarement associées au sein d'un même disque. Incroyablement riche, le son du groupe reste néanmoins très rock et rebondissant, n'usant que de très peu de saturation et d'effets de guitare, celle-ci se voulant plus discrète et légère que sur les toutes premières livraisons. Placés au même niveau que la section rythmique grâce à une production qui frôle la perfection, les plans de six cordes redoublent néanmoins d'ingéniosité, exposant une dose massive de solos ébouriffants et judicieusement disposés (« Lily », « Shizumu Sora ») entre deux accords plaqués à la perfection. Irrésistiblement funky et entraînant, groovy grâce au talent du bassiste Kazu qui pose sur bandes une série de lignes de basse mémorables et complètement détachées de la guitare (« Baita no Yuuutsu », « Seisai to hangyaku ») et rock à la fois, Kagerou rassemble presque en quarante-cinq minutes toute la richesse musicale des trente dernières années, tout en restant par ailleurs terriblement actuel.
Du hit catchy mené tambour battant par une batterie aussi simple que précise exécuté à cent à l'heure (« Hakanaki Gekijô » et ses 1 minute 33, « Shitsuren toiu na no mujou » ) à la ballade pop à haute dose en émotions (le sensible et magnifique « Kusatta umi de oborekaketeiru boku wo sukuttekureta kimi », « Kogarashi »), les quatre musiciens s'adaptent avec brio à tous les terrains, ne laissant absolument aucun déchet se greffer à la track-list de ce quatrième album et s'affranchissant encore un peu plus du son visual keï. Daisuke, charismatique leader, vient tinter ce riche terreau de son large et impressionnant registre vocal. Frôlant par de nombreuses occasions l'explosion, le minuscule frontman n'use pourtant à qu'à de rares moments de hurlements (« Rakka suru yume », sur lequel la rage semble pointer pour finalement aboutir sur la mélodie) posant sur ces treize compositions un chant juste, riche en émotions et extrêmement prononcé, utilisation du japonais oblige.
Quatrième livraison pour le groupe et quatrième probable carton, Kurohata est un album tout simplement incroyable. D'éphémère, Kagerou n'a bien que le nom.
.: Tracklist :.
01. Lily
02. Baita no Yuuutsu
03. Tonarimachi no kanojo
04. Shitsuren toiu na no mujou
05. Aka no Kyoshoku
06. Rakka suru yume
07. Shizumu Sora
08. Kogarashi
09. Hakanaki Gekijô
10. Seisai to hangyaku
11. Zettyô spice
12. Setsudan shittyôshô
13. Kusatta umi de oborekaketeiru boku wo sukuttekureta kimi