Se produire en terre israélite n'est pas chose courante pour une industrie musicale d'avantage axée sur le compte en banque qu'intéressée par une forme d'art soi-disant « accessible à tous », autant dire qu'y enregistrer un album live relevait presque de l'inconcevable. Résolument hors-normes, le duo électro-gothique Hocico profite pourtant de son passage pour poser sur bandes un énième objet de collection (Blasphemies In The Holy Land étant pressé à seulement 2000 exemplaires) venant compléter le premier témoignage live du combo, le bien-nommé Los Hijos Del Infierno.
La portée de la musique d'Hocico est encore plus bouleversante quand le sentiment d'assister à une véritable cérémonie se fait ressentir. Jamais le Mexique n'avait engendré d'un hybride aussi malsain et dérangé, et rarement un groupe n'avait réussi à envoûter nos nuits d'un tel désespoir, d'un dégoût de l'humanité aussi prononcé… Poisseuse, viscérale et hallucinatoire, cette bande-sonore de l'apocalypse transporte aux confins d'une autre dimension, là ou tout espoir en l'homme et les valeurs qu'il se doit de transmettre semble perdu d'avance. Chaque pièce de l'imposante discographie des mexicains peut être perçue comme un voyage déroutant au cœur des bas-fonds les plus sordides et malfamés du monde entier, ce best-of live est quant à lui un shoot initiatique, portail d'accès accéléré vers des avenues chaotiques sur lesquelles la lumière n'oserait même plus s'aventurer.
Enregistré pendant la tournée faisant suite à l'arrivée du superbement sombre Wrack & Ruins, Blasphemies In The Holy Land en reprend sans surprise les lignes les plus réussies (« Spirit Of Crime », « Ecos », « Tales From The Third World », « Born To Be Hated » ainsi que « Death As A Gift »), sans en oublier pour autant ses production précédentes. Afin de conserver l'homogénéité de sa prestation, Hocico a cependant fait le choix de ne conserver parmi ses compositions plus anciennes que celles aux rythmiques les plus soutenues et calibrées pour les dancefloors gothiques (« Odio Bajo En El Alma », « Distorted Face », le technoïde « Forgotten Tears », l'excellent « Keep Barking Dogs »), titres aux structures et à l'esprit proche de ses travaux les plus récents (notamment sur Signos De Aberracion, album ou la voix s'efface grandement au profit des machines). Choix incompréhensible, « Ladykiller (In Cold Blood) », l'une des plus grandes réussites du combo, ne figure néanmoins pas au programme.
La qualité de l'enregistrement est de plus au rendez-vous, malgré le fait que le public ne se fasse malheureusement que très peu entendre. La voix de Erk, torturée à souhait, passe avec succès l'épreuve du live, sans aucune baisse de régime et ne bénéficiant pas d'une mise en avant trop prononcée aux côtés des éléments électroniques et rythmiques assurés par Rasco.
Compte-tenu du nombre de perles parsemées au gré des différents albums du groupe, un double-album aurait peut-être été nécessaire. Blasphemies In The Holy Land ravira néanmoins les aficionados de la formation, quelques rares exemplaires circulant sur les sites spécialisés. Passé treize titres, un constat s'impose : le monde est désormais gangrené, et Hocico n'en est qu'un symptôme parmi tant d'autres.
.: Tracklist :.
01. El Infierno Que Viene
02. Spirit Of Crime
03. Ecos
04. Tales From The Third World
05. Distorted Face
06. Poltergeist
07. Bloodshed
08. Keep Barking Dogs
09. Born To Be Hated
10. Odio Bajo El Alma
11. Death As A Gift
12. Untold Blasphermies
13. Forgotten Tears