Fondé au départ comme un simple échappatoire à Sear Bliss pour le claviériste Winter en 1997, le projet Forest Of Silence se concrétise dix ans plus tard avec la sortie de ce premier essai. Avec pas moins de trois démos suivies d'un silence radio de près de trois ans, ce one-man band d'origine hongroise a eu le temps de mûrir sa musique, dérivant même lentement des explorations atmosphériques sombres de ses débuts à un son bien plus black-metal.
Philosophy Of Winter ne s'apparente pas tout à fait à ce que l'on pourrait être en mesure d'attendre d'un disque de black conventionnel, mixant ingénieusement leur penchant ambiant avec la violence propre au mouvement précédemment cité. Ca si le penchant aérien et planant a laissé une plus importante place aux riffs tranchants, cette facette se veut loin d'avoir disparue, amenant une variété bienvenue au sein des cinq morceaux composant ce premier opus. L'ambiance est rendue glaciale par les nappes de synthés hypnotisantes (« Philosophy Of Winter », qui ferme l'album dans une noirceur totale), Forest Silence enveloppant l'auditeur dans un monde résolument sombre et fascinant. Un sentiment d'oppression écrase, les instrumentations se voyant littéralement plombés par une série de riffs d'une lourdeur sans équivoque (« Path Of Destruction ») accompagnés d'une batterie qui s'adapte parfaitement aux multiples changements de tempos, apportant une bonne dose de double-pédale et de breaks appuyés lorsque les instrumentations s'engagent dans de néanmoins rares cavalcades (« Bringer Of Storm ») ou se faisant au contraire d'une grande sobriété lorsque la place est laissée aux tirades envoûtantes et mélodiques (« Spirits Of The Winds ») . Toujours très proche de ses origines musicales dark ambiant, Winter témoigne également d'une relative maîtrise des structurations de ces compositions, allongeant celles-ci à l'infini (aucun titre ne passera sous la barre des six minutes).
Pourtant et malgré une utilisation presque abusive de thèmes usés jusqu'à la moelle, ceux-ci ne présentant que de rares variations sur la durée du morceau, Philosophy Of Winter ne s'avère à aucun moment répétitif ou même lassant, conservant au contraire toute son intensité sur près de trente-cinq minutes. Chose également surprenante, la voix se trouve presque reléguée en second plan et donne presque l'impression d'être étouffée et lointain. Néanmoins, le chant se marie à merveille avec les instrumentations, témoignant dans le timbre utilisé du même désespoir sans utiliser d'une hargne explosive. Si certaines plages se hissent clairement au dessus de la masse en ce qui concerne la qualité (en particulier « Bringer Of Storm » et « Spirits Of The Winds »), l'ensemble parvient néanmoins à garder une grande cohésion, se révélant même d'une incroyable facilité d'accès pour un disque de ce genre.
On pourra certes lui reprocher sa courte durée, le format étant plus proche de l'EP que d'un véritable album, mais Philosophy Of Winter reste par ailleurs plutôt réussi. Un disque qui s'avère donc parfaitement recommandable aux initiés comme aux novices.
.: Tracklist :.
01. Bringer Of Storm
02. Spirits Of The Winds
03. At The Dawning Of Chaos
04. Path Of Destruction
05. Philosophy Of Winter