Artwork à la colorimétrie limitée, logo illisible et croix renversées, un simple et furtif coup d'œil sur la pochette de Wounds Of Hatred And Slavery suffira à se faire une idée sur le son de Eternal Majesty. Exécutant un Black Metal sans concessions, le quatuor ne débarque pas en nouveau venu et témoigne d'une carrière déjà longue de dix années. Une expérience qui vient sans surprises se répercuter sur la qualité de son nouvel opus.
L'introduction donne le ton, sombre et torturée à souhait, la musique de Eternal Majesty n'a absolument aucune chance de toucher un jour le grand public. Les initiés quant à eux se régaleront à coup sûr, tant les sept morceaux (complétés par une introduction, un interlude ainsi qu'une conclusion qui viennent reprendre les mots utilisés dans le titre du projet) constituant cet album se révèlent être à la hauteur. Rapidement assimilable comparé à certains représentants du genre, les quatre musiciens appliquent les règles propres au mouvement avec soin et inspiration, puisant une grande partie de ses idées au sein de la musique gothique moyenâgeuse ainsi que dans les cultures païennes. Le penchant mélodique ne trouve donc aucune affinités avec la voix de l'hérétique Navint, qui enveloppe les instrumentations de ses compagnons d'outre-tombe de vociférations enragées riches en sentiments morbides, alignant tirades enragées et arrachées sur grognements hoquetés parfois proches de l'animal. Black Metal oblige, la variété et les changements d'atmosphères ne sont pas de mise, le groupe préférant grandement explorer les catacombes de l'industrie musicale sur près de 46 minutes, plongeant l'auditeur dans le noir absolu d'un monde aussi froid que ténébreux.
Ne jouissant pas de passages de claviers aussi présents et marqués que chez bons nombres de formations évoluant dans le même milieu, les instrumentations apportent pourtant leur lot de mélodies, de premier abord difficilement compréhensibles mais cependant bien présentes. La saturation excessive de l'ensemble ainsi que la vélocité du jeu de batterie rend guitare et basse difficilement dissociables, permettant en contrepartie l'adoption d'un son extrêmement compact, incisif et ultra-violent (« Hatred », « Night Evilness »). Ce mur de puissance s'effondre néanmoins et volontairement à quelques rares reprises, histoire de laisser s'exprimer les envies de Martyr, qui manie la guitare avec un certain panache, le temps de courts passades ou celui-ci abandonne le riff brutal au profit d'un mode d'expression moins brutal (le superbe « Corrupted Shadow », le pont de « Under Hate Red Star You Born »). La niveau technique atteint par Thorgon s'avère lui aussi remarquable, le batteur impressionnant d'entrée de jeu sur une rythmique toute en saccades et en claquements de baguettes durant l'excellent « The Return Of Frozen Wind », avant de sortir l'artillerie lourde et la double-pédale pour la suite des hostilités.
S'il n'est peut-être pas le disque idéal pour approcher les hostiles contrées du Black Metal, Wounds Of Hatred And Slavery reste un bon représentant du genre. Précisons pour terminer que si même Cradle Of Filth vous rebute, l'aventure ne sera que difficilement envisageable…
.: Tracklist :.
01. Wounds (Intro)
02. The Return Of Frozen Wind
03. Night Evilness
04. Under Hate Red Star You Born
05. Don’t Follow Me
06. Hatred
07. The Last March Of The Crucified
08. Corrupted Shadow
09. Through The Mist
10. Slavery (Outro)