Les détracteurs d'Enhancer vont enfin pouvoir s'en (re)donner à cœur joie, la clique des gamins en short débarquant tout droit de Californie, un troisième opus enregistré aux studios Elementree dans ses bagages. Comme lors de la sortie de Street Trash il y a maintenant un peu plus de deux ans, les arguments de ces personnages sont bien vite trouvés et tellement recassés qu'il semble inutile d'épiloguer sur ces dires. Certes, Electrochoc, tout comme ses prédécesseurs, n'est aucunement un album aux paroles lourdes de sens, l'objectif visé par Enhancer étant tout autre.
Plutôt que d'exposer la déchéance de ce monde en adoptant un look cadavérique ou démoniaque, le groupe préfère retranscrire l'ambiance chaude et survoltée des plages de la côte ouest des Etats-Unis, sur des paroles axées principalement sur le second degré ainsi qu'une bonne humeur communicative. Associé à des instrus aussi bien construites sur des bases rock saturées teintés de samples, les flows hip-hop percutant de Nitro, David et Bill, mis en valeur par les procédés de production américaine, coule avec une impressionnante fluidité. Les voix des intéressés se mixent et se superposant à la perfection, exposant sur « Fat » leur vision d'un monde obnubilé par le culte de l'apparence (Stop les slims fast, tous tes régimes néfastes, avant que tu ne t'effaces devient fat ! ), se moquant gentiment des défauts des hommes le temps d'un changement de positions sur « Girls » (Partout harcelé par des minettes, la clope au bec, la main dans la jupette, leur regard braqué sur ma braguette ), ou rendant hommage à leurs relations sur « Mes Potes ». Véritable hymne à l'hypnotisante vie nocturne, l'excellent « Street Playground » sort néanmoins du lot, sonorités hip-hop sombres proches d'un Cypress Hill période III à l'appui.
Alors que Street Trash annonçait déjà une liste impressionnante d'invités d'inspirations rock comme rap (Marc Maggiori de Pleymo, Gérard Baste des Svinkels, Flavien Cheminant de Wünjo), la traversée de l'océan atlantique permet à Enhancer de collaborer avec des artistes issus d'une scène qu'ils affectionnent. Rappeur auparavant signé sur le label de Korn, Marz vient par trois reprises se mêler à la bande d'agités (« La pression », « Electrochoc » ainsi qu'un « West side de paname » délirant), amenant un intéressant contraste Anglais / Français, même si la véritable sensation viendra de « Hot », premier titre après l'intro laissant s'exprimer le patron incontesté et incontestable du rap hexagonal, Mr. Kool Shen (ex-NTM).
Malgré une durée légèrement trop courte (moins de 40 minutes une fois les inutiles interventions finales retirées), Electrochoc reste un bon album, de plus accompagné pour l'édition limitée d'un DVD bien fourni et plutôt intéressant, proposant de plus deux titres supplémentaires (« Hold Up » et « OP »).
.: Tracklist :.
01. Intro (feat. David Banner)
02. Hot (feat. Kool Shen)
03. Dirty dancing
04. Street playground
05. Girls
06. Mes potes
07. La pression (feat. Marz)
08. Fat
09. Toxic
10. Electrochoc (feat. Marz)
11. A 100 à l’heure
12. West side de paname (feat. Marz)
Edition limitée :
Rock The City, DVD (2h20)
– Enregistrement de l’album
– Street Trash Tour
– Clip de Street Playground + Bonus tracks : Hold Up & OP