Bien qu'activistes depuis 2003 d'un metal sévèrement burné et auteurs d'un premier méfait (Futility) passé totalement inaperçu, tout semble s'accélèrer pour Daath depuis le début de l'année. Plutôt que les traditionnelles démos, le groupe opère le choix de la vidéo afin de tenter d'attirer le regard des grosses pontes de l'industrie du disque. Bingo. Une signature sur Roadrunner et une future participation à L'Ozzfest, Daath peut enfin prendre son envol.
Malgré cette promotion qui permet au sextet de bénéficier d'une distribution convenable ainsi que d'une couverture médiatique moins insignifiante, The Hinderers n'a rien d'un concentré de metal énergique alternant passages heavy et mélodies à faire tomber les minettes. Ce second essai est même sacrément sombre, du nom faisant référence à la Da'at ainsi qu'à la Kabbalah, deux obscurs mouvements religieux, ou encore comme en témoigne un artwork tout de noir vêtu. Daath joue lourdement, impose une musique sans concession, couchant sur bande treize compositions ténébreuses et intrigantes. Les riffs de guitare sont appuyés avec insistance, secondés par le bloc monolithique et imposant d'une section rythmique irréprochable menée par une basse groovy ainsi qu'un Kevin Talley qui refait enfin surface suite à son éviction de Chimaira. Même si le genre s'avère moins épileptique, plus massif et écrasant, le bonhomme assure et s'adapte, livrant une prestation de haute volée. The Hinderers est un ensemble brut, oppressant, habité par une ambiance cauchemardesque (le premier single « Subterfuge » qui ouvre le disque sans passer par quatre chemins). Un puissant bloc de béton armé, genre cher à Colin Richardson, qui livre une nouvelle fois un mix parfait. La cavalcade est rare, même si l'on devine les musiciens techniquement à l'aise, la paire de guitaristes n'ayant pu s'empêcher de planquer quelques rares et courtes prouesses entre deux gros riffs méchamment velus (l'excellent « Who Will Take The Blame », « Blessed Through Misery », l'étrange envolée dans les aiguës de « From The Blind »)
La voix de vampire opère tel un rouleau compresseur monté sur ressorts, celle-ci se montrant rebondissante en évitant soigneusement la monotonie (« From The Blind »). Confinée dans les profondeurs les plus inaccessibles, le sieur Sean Farber écrabouille encore d'avantage, hachant ses paroles un délectable timbre d'outre-tombe, supporté par une bonne série de backing vocals qui ne changeront fort heureusement strictement rien à l'affaire. Mais la (discrète) cerise sur la gâteau pourrait bien être décelée dans l'utilisation de l'électronique, qui vient satiner les compositions de samples mystiques. Daath pousse même le bouchon jusqu'à accoucher d'un tube disco-death entraînant (« Dead On The Dancefloor » le bien nommé). Osé et sacrément réussi, un futur hymne de fin de concert à n'en point douter.
Avec Daath, Roadrunner a eu le nez creux. Espérons que les six musiciens arriveront eux à creuser leur trou. Pour l'instant, le groupe est sur la bonne voie, tant The Hinderers s'avère bien gaulé.
.: Tracklist :.
01. Subterfuge
02. From The Blind
03. Cosmic Forge
04. Sightless
05. Under A Somber Sign
06. Ovum
07. Festival Mass Soulform
08. Above Lucium
09. Who Will Take The Blame ?
10. War Born (Tri-Adverserenade)
11. Dead On The Dance Floor
12. Blessed Through Misery
13. The Hinderers