Adema avait plutôt mal accusé le coup de la fin du règne néo-metal. Fermeture de son label de toujours, départ de deux membres dont le chanteur Marky Chavez, une composante aussi importante à la musique du groupe qu’à sa popularité puisque le chanteur en question s’avérait être le demi-frère de Jonathan Davis. Pourtant, la formation était parvenue à se relever le temps de quelques mois avec un Planets déroutant sur lequel intervenait un illustre inconnu du nom de Luke Carracioli, chanteur qui quittera le groupe en pleine tournée. Kill The Headlights présente donc un line-up une nouvelle fois remodelé, pour un résultat totalement différent des essais passés.
Car si les premières démos dévoilées lors de l’intégration de Bobby Reeves, ex-frontman chez Level, laissaient présager un retour aux sources, ce nouvel arrivant a su apporter une touche totalement personnelle et insuffler ses envies ainsi que ses influences propres dans la musique d’Adema. Le groupe ne laisse qu’une place insignifiantes aux explosions de colère, le chant clair s’avèrant être une nouvelle fois un registre particulièrement mis en avant, dimension par ailleurs parfaitement posée sur bandes par un frontman présentant un timbre de voix relativement proche de celui de Marky Chavez. Les mélodies demeurent donc l’épine dorsale des morceaux, mais Kill The Headlights ne s’apparente en rien à l’évolution amenée par Planets, Adema évitant sur ce quatrième opus de s’embourber dans les ballades faciles et anesthésiantes. Pourtant, cette nouvelle livraison comporte sa petite série de mid-tempos, mais les envolées lyriques de Bobby Reeves se révèlent bien moins lisses et lassantes, ses incartades se montrant peut-être moins torturées mais également moins propices aux refrains mielleux. Malgré les tessitures dénuées de saturation, Adema trouve toujours le moyen de rebondir et de relancer l’intérêt du morceau, en particulier grâce à l’aisance dont fait preuve la nouvelle recrue du groupe au niveau des tirades vocales (« Los Angeles », débuté à la guitare acoustique avant de s’envoler dans les riffs de guitare, l’imparable single « Cold And Jaded »).
Bien moins sombre et désespéré que son prédécesseur suite à ce changement au micro, Kill The Headlights est un disque qui sentirait presque même bon le soleil californien (l’accrocheur « Brand New Thing », que l’on pourrait aisément retrouver sur la bande originale d’une comédie Américaine pour ados). Délaissant définitivement l’étroit registre permis par l’appellation néo-metal, Adema s’oriente encore d’avantage vers un rock catchy aux forts relents pop lorsque le quintet se prend à décupler les chœurs chaleureux, les musiciens n’oubliant pas pour autant de disposer quelques petites à l’électricité détonante et bienvenue, celles-ci ne risquant cependant en rien de nuire à la permanente de grand-mère. Les structures des compositions restent certes basiques et similaires pour ces douze nouveaux titres calibrés FM, mais Adema fait mouche. Dénués de toute technicité superflue malgré l’intégration d’un second guitariste du nom d’Ed Farris qui permet au groupe de superposer les parties de guitare, la facilité d’accès s’en voit décuplée et l’efficacité demeure de nouveau au rendez-vous (l’excellent « Waiting The Daylights » aux refrains noyés de samples, l’énergique et dansant « All These Years »).
Le sang neuf injecté à Adema avec l’arrivée de Bobby Reeves permet donc à la formation de se remettre en selle de façon plus convaincante que lors de la passade Luke Carracioli. Kill The Headlights n’est pas aussi entraînant que les deux premières livraisons enfantées du temps de Marky Chavez, mais cette nouvelle association semble fourmiller d’idées nouvelles et pourrait bien porter des fruits encore plus intéressants à l’avenir.
.: Tracklist :.
01. Cold And Jaded
02. Brand New Thing
03. Open Till Midnight
04. Waiting For Daylight
05. Days Go By
06. Prelude
07. All These Years
08. What Doesn’t Kill Us
09. Invisible
10. Black Clouds
11. Los Angeles
12. The Loser