Vendredi 26 juin au Black Dog (Paris), Victor (basse) et Ludovic (guitare) de Despite the End, une nouvelle formation à l’avenir prometteur, sont venus défendre leur premier Ep, Butterfly Effect, sorti le 24 avril.
Comment est né le groupe ?
Victor : Vartan (le chanteur) et moi on faisait déjà de la musique ensemble dans un groupe (Too Late) que Vartan a quitté car il voulait faire un autre projet sur lequel je l’ai rejoint. C’est lui qui a recruté Ludovic, Roy et Pierre, ça a démarré en septembre 2019, dès la fin du groupe précédent. Vartan avait beaucoup de projets à dimension professionnelle. Quand il a recruté les musiciens et qu’on s’est retrouvés, c’est donc lui qui a tout de suite donné le ton, décidé qu’on allait faire un Ep, qu’il sortirait en février/mars, s’appeler Butterfly Effect …
Ouh la c’est un dictateur ? (rires)
Victor : Non ce n’était pas autoritaire, il n’impose pas tout mais il avait plein d’idées et ça nous a séduits.
Ludovic : pour compléter ce que tu dis, Vartan te connaissait ainsi que Roy et les bons batteurs ne se trouvent pas facilement, et nous les gratteux on a été recrutés via zicinf, on ne se connaissait pas du tout et il nous a choisis juste sur un entretien oral, sans nous écouter jouer, il voulait juste connaître notre degré de motivation. Il avait besoin de mecs motivés, sérieux, qui s’investissent à fond dans le projet. On ne savait pas qu’il y aurait le Covid, la crise et le confinement et on avait pour objectif de commencer à faire des dates peut-être avec le groupe Visa en première partie comme vous aviez fait avec Too Late au Trabendo. Il y avait ce truc là en ligne de fond et Vartan nous a demandé si on pensait que c’était possible qu’on ait de quoi faire un Ep d’ici février, mars. On s’est donc mis en place, super motivés, on avait même trop d’idées !
Victor : c’est allé très très vite. On a la chance jusque là d’être très productifs. On travaille d’ailleurs sur un album qui va arriver.
Ludovic : le processus d’écriture a varié tout au long de notre rencontre. Quand on s’est rencontrés j’avais déjà écrit une chanson « Into the Past » qu’on a remodifiée ensemble, j’ai écrit les riffs ensuite chacun a posé sa propre ligne de cordes, de batterie et Vartan a fait le chant et la thématique. Sinon, le processus de compo global ça a été plutôt ça : je propose des riffs, Vartan sélectionne ceux qui lui parlent et à partir de là on développe. Mais le processus de compo peut varier. Pour « Butterfly Effect » il n’a pas été le même. Vartan avait déjà l’air et les paroles du refrain, Pierre l’autre gratteux a écrit toute la rythmique couplet/refrain et le processus de compo a été complété par la suite pour tout ce qui est solos et passages épiques où j’ai pris le relais. Sur « We Won’t Obey » ça a été encore différent.
Victor : en fait c’est un peu en fonction de comment est amenée l’idée du morceau, si c’est Vartan qui dit j’ai les paroles et déjà les mélodies ou s’il dit je veux qu’on fasse un morceau dans ce genre d’intention et on part de riffs. Mais en général il a toujours un peu les paroles.
Ludovic : là par exemple pour l’album il nous a déjà donné une ligne directive, 11 morceaux, on a déjà les titres , on sait déjà de quoi ça parle.
Le style musical était le même dans le groupe dont vous êtes partis tous les deux ?
Victor : non. C’était pas non plus à des kilomètres, plus néo metal. Mais c’était moins ambitieux, c’est d’ailleurs pour ça qu’il y a eu des dissidences.
Ludovic : ce qui fait l’essence de Despite c’est le mélange des genres parce que Vartan est très néo et metalcore, Victor et moi, très metal old school, Metallica, Megadeth, Pantera tous ces trucs. Ce qui fait notre griffe, je pense qu’on l’a vraiment trouvé sur « Butterfly Effect » et « We Won’t Obey » avec le mélange du néo et du trash dans un même morceau.
Victor : même si « Paralyzed » est plus édulcorée, elle nous représente bien quand même. On mélange un peu tout et c’est ce qui fait que je pense qu’on n’arrivera pas, et c’est tant mieux d’ailleurs, à faire un style de metal bien tranché, bien défini, ce n’est pas possible.
Mais si on vous demande quel est le style musical de Despite vous répondez quoi ?
Victor : et bien c’est un mix de toutes nos influences, c’est du Despite the End, on va jouer la carte joker (rires). C’est du néo metalcore trash et l’album sera dans cette lignée parce que l’Ep avait pour but de poser le décor, en fait c’est pour ça qu’on a un peu « triché » parce qu’on a fait un Ep avec intro, outro et 5 titres. Donc ce n’est pas très Ep. On n’avait pas le temps de faire l’album mais assez de temps pour ne pas faire que trois titres et on voulait poser les bases de l’univers, pas juste une petite carte de visite parce qu’en plus on avait les moyens de faire quelque chose de plus ambitieux qu’une démo par exemple. En terme de moyens concrets, matériels, techniques, on pouvait se permettre de faire plus qu’une démo que tu enregistres à l’ancienne avec la cassette 8 pistes.
Un mot sur votre collaboration avec Romain Saule qui a enregistré et mixé l’Ep ?
Victor : on a rencontré Romain à l’époque de Too Late, on avait fait les démos du groupe avec lui mais ça ne s’était pas bien passé parce qu’on n’était pas très pros de notre côté donc il bossait dans le flou et on n’arrivait pas à se mettre d’accord. Et puis quand on a fait Despite, comme Vartan voulait aller vite et qu’il ne connaissait personne d’autre, il m’a dit on repart avec Romain. J’étais un peu sceptique mais au final, de la meilleure manière qu’on peut régler un problème, on a mis les trucs sur la table avec Romain, on a discuté, il nous a dit ce qu’il attendait de nous pour pouvoir faire ensuite ce qu’on voulait. C’est ce qu’on a fait et ça s’est super bien passé, il a fait un travail vraiment excellent, on est très contents du son et de sa participation au processus de finalisation des morceaux parce qu’au-delà de simplement enregistrer et mixer, il nous a fait beaucoup de suggestions sur la structure, la post-prod, rajouter des petits sons, des petites ambiances qui ne vont peut-être pas forcément s’entendre au début mais vont apporter quelque chose. C’est vraiment un plus.
Ludovic : c’est quasiment un 6e membre du groupe. La post prod est à l’initiative de Romain, on la voulait, on a soumis quelques idées mais il a aussi beaucoup soumis les siennes et clairement si on retire la post prod on perd beaucoup en saveur de l’Ep.
Victor : c’est ça, il a fait un travail énorme.
Ludovic : donc il a vraiment finalisé le truc comme il faut et on espère d’ailleurs pour nos live jouer avec toute cette post prod en fond pour donner de l’ampleur.
Victor : et pour l’album on retravaillera avec lui. On va d’ailleurs lui proposer d’être une sorte de sixième membre du groupe. C’est beau hein !
Victor : c’est une belle histoire ! (rires).
C’est Vartan qui a décidé du nom du groupe ? C’est son univers, c’est lui qui écrit tous les textes ?
Victor : pas que puisque dans l’album il y aura une chanson que j’ai écrite mais sinon pour l’Ep c’est lui qui a écrit les textes.
Ludovic : effectivement c’est Vartan qui est à l’origine de tout ça mais ce qui est bien c’est que ça nous parle à tous, on a tous les mêmes convictions politiques, écologiques et sociales et c’est pour ça que la mayonnaise prend aussi bien, on est tous d’accord et Despite the End, c’est la notion de marquer toutes les transitions, les phases de la vie où on doit faire des choix. Quand on arrive à la fin d’un cycle ou au début d’un nouveau, on a des décisions à prendre malgré nous et malgré la fin, on doit faire ces choix.
Victor : il faut avancer.
Ludovic : voilà, alors ça peut être à l’origine d’un nouveau projet ou faire le constat d’un échec. Dans « Paralyzed » par exemple, on est sur l’histoire d’un type qui fait face à son handicap nouveau et fait le deuil de sa vie d’avant.
Victor : il est dans un lit d’hôpital, se rend compte qu’il ne peut plus bouger, avec toute la réflexion sur le premier instant même où il se rend compte qu’il est paralysé et les questions qu’il se pose.
Ludovic : « Into the Past », c’est un deuil de Too Late, le groupe d’avant, et l’album continuera dans la même veine. Toutes ces phases de transition avec des choix à faire qui marquent la fin d’un cycle et le début d’un autre.
Il y a donc un lien entre les titres ?
Victor : ah oui totalement, c’est pour ça d’ailleurs que l’intro de l’Ep c’est « Despite the Beginning » et la fin « Despite the End » mais pour autant je dirais de manière plus globale que c’est plus une invitation à une réflexion qu’une sorte de genre rébellion. C’est pas du Rage Against the Machine si tu veux, on n’est pas genre politiques. Vartan écrit toujours en se mettant dans la peau de quelqu’un d’autre, ce ne sont pas ses idées à lui. Il est dans la peau de différentes personnes dans diverses situations et essaie de s’imaginer un peu ce que ces gens pensent au moment où ils sont confrontés à ces situations.
L’Ep est sorti depuis deux mois déjà, vous aviez certainement des projets de scène qui n’ont pu être réalisés, vous n’avez encore jamais joué ensemble ?
Victor : tous ensemble on n’a encore jamais fait de concerts. On jouera au Gibus le 10 octobre prochain.
Vous avez le sentiment d’avoir quand même réussi à vous faire entendre ?
Victor : ça a été un peu dur, les réseaux sociaux ça va mais …
Ludovic : moi je trouve qu’au contraire le confinement nous a peut-être servi. Les gens avaient le temps de traîner sur les plateformes de streaming, sur les réseaux sociaux, on a sorti notre premier titre de l’Ep « Paralyzed » au moment même où on se confinait, c’est un pur hasard mais ça nous a bien servi. Avant l’Ep on avait sorti une vidéo d’un cover de Slipknot « Snuff » qui a vraiment bien marché, on est à 63 000 vues donc ça fait super plaisir, d’autant qu’on n’avait rien sorti avant.
Victor : ce cover représente une porte d’entrée pour des gens qui n’évoluent pas forcément dans le milieu du metal, que le message soit accessible mais que la musique corresponde aussi aux émotions, aux intentions, à ce qu’on transporte.
Ludovic : il y a autant de passages dans l’Ep (et dans l’album il y en aura probablement plus) où on met vraiment la voix de Vartan en avant avec du chant clair comme on peut avoir après le solo de « Butterfly Effect » où on a cette progression, ce côté metal mélodique qui nous tient tous à cœur. On n’a pas envie de faire du bruit pour du bruit avec des gueulantes partout, on veut avoir des gueulantes parce que c’est du metal mais on veut mélanger ça à des trucs très mélodiques.
Victor : on veut des riffs bien fats, du headbang mais de la mélodie. C’est ça Despite the End, c’est l’idée. Ça te donne envie d’écouter l’album ?
Bien sûr !
Victor : Tu as le droit de dire non ! je veux de l’objectivité (rires)
Un mot sur le graphisme, sur votre identité visuelle ?
Victor : c’était une idée de Vartan. L’effet papillon.
Ludovic : il y a la notion du papillon sur un tas de détritus avec l’humain qui a tout défoncé, tout pollué, donc l’effet papillon, boule de neige, les petites erreurs, les maladresses de chacun d’un point de vue environnemental et écologique qui se répercutent et on arrive sur un truc énorme.
Victor : ça s’illustre dans tous les aspects de la vie, ce n’est pas que politique ou écologique, ça peut être aussi psychologique, émotionnel. Il n’y a pas encore de chanson sur une relation amoureuse mais « Into the Past » c’est quand même une relation sentimentale forte puisque Vartan y dit qu’il a tout donné de sa personne, qu’il a même failli sacrifier sa vie personnelle pour des gars qui n’ont pas suivi derrière.
Vous avez des projets de clip ?
Victor : oui, fin août, on tourne le clip de « Paralyzed ».
Ludovic : il aurait dû sortir plus tôt, on aurait dû le tourner au moment où on a été confinés. Le concert au Gibus sera filmé en très haute qualité et on devrait se servir de cet enregistrement pour sortir un autre clip.
Le mot de la fin ?
Ludovic : Despite the End tout simplement.