Le label Blues Funeral nous fait patienter depuis près d’un an avec son offre Postwax, une box à destination des doomsters et autres amoureux des subtiles mélodies cachées derrière de crasseuses volutes de fumée. Pendant un an, les abonnés reçoivent en exclusivité, sous format vinyl collector abondés de sublimes artworks et autres charmantes attentions, les nouveaux opus d’Elder, Lowrider, Domkraft (avec en guest Mark Lanegan), Spotlights et Big Scenic Nowhere (incluant la participation de Bab Balch, Gary Arce et Nick Oliveri). Après quelques retards à la livraison – l’album d’Elder aurait dû sortir en mars – nous venons de recevoir notre précieux sésame, « The Gold & Silver Sessions », la nouvelle galette du talentueux quatuor de Boston.
Elder s’est enfermé durant trois jours, en octobre dernier, en plein automne moribond, au Big Snuff Studio de Weissensee, à Berlin, pour enregistrer en live un chef d’œuvre en trois pièces. L’origine du projet remonte à 2014, quand, entre la sortie de Dead Roots Stirring et Lore, Nicholas DiSalvo et Michael Risberg se lancent dans des sessions de jam effrénées. Ce side project prend le nom de Gold & Silver et seuls 2 titres sortiront sous format d’un EP vinyl intitulé « Azurite & Malachite ». Convaincu de la qualité de leurs conversations instrumentales, Elder reprend ses explorations sonores d’avant-garde sur fond d’un intense psychédélisme dont se dégage une atmosphère de créativité spontanée, totalement décomplexée, témoignant de l’effervescence qui pouvait régner dans les studios.
« The Gold & Silver Sessions » laisse une large place à l’improvisation, sans jamais sombrer dans l’ennui de digressions inutiles. Au contraire, « The Gold & Silver Sessions » est un album charpenté dans lequel les impulsions mélodiques de la guitare de DiSalvo résonnent comme un pointillisme musical aux couleurs pastel. Ainsi « Illusory Motion » est un morceau hypnotique, aux mélodies quasi-automatiques, qui nous amène dans un état de transe complète quand l’orchestre s’emballe dans un finish musclé. En grande partie écrit sur la route, « Im Morgengrauen », est une œuvre impressionniste, qui nous fait ressentir les moments d’introspection vécus par le groupe lors de ses longues tournées. Beaucoup plus marqué par le jam et des références krautrock, « Weissensee » est un hommage à la capitale allemande, comme une longue pérégrination psyché dans les rues de Berlin d’où rugissent les trams et palpitent les activités humaines.
Pari réussi ! Le label Blues Funeral a tenu ses promesses en offrant aux amateurs de stoner un premier album exclusif dont la qualité nous fait vite oublier les retards répétés. Une mention spéciale pour le magnifique artwork, signé Max Löffler.
.: Tracklist :.
- Illusory Motion
- Im Morgengrauen
- Weissensee
