La grisaille s’est emparée du ciel Breton. Un temps froid et orageux qui annonce la déferlante industrielle qui résonnera ce vendredi 5 avril entre les murs de l’Étage, salle annexe au Liberté, structure située en plein centre de Rennes. Les très populaires Shaka Ponk ravissent le grand public – tant mieux pour lui – au rez de chaussée, les Tambours du Bronx héritent d’une salle toute en longueur mais néanmoins bien équipée au premier. Pour l’heure, il faut se garer. Avec deux concerts quasi sold-out et un complexe cinéma maousse à quelques mètres, le retardataire que je suis reste condamné à tourner quelques temps avant de parvenir à se parquer dans un coin.
Flayed se fend pendant ce temps là d’un gros set bien vénèr. Du moins, c’est ce que laisse à deviner les trois derniers morceaux plaqués impeccablement par ce sextet originaire de Vienne, dans l’Isère. Le groupe est bien rodé à l’art de la scène, et ce même lorsque des imprévus leurs tombent sur le coin du nez. L’un des gratteux rencontre en fin de show un petit pépin technique, obligeant le frontman Renato Di Falco à improviser afin de tenir le public sous pression. Rien de bien sorcier pour le bonhomme, qui en plus de beugler comme un chef s’avère être un excellent showman. Côté son, les mecs de Flayed affichent une approche bien personnelle, couplant l’énergie bien saturée de riffs tranchants à un clavier-orgue Hammond seventies à souhait. Le mélange détonne. On apprécie ou non, mais difficile de leur reprocher un quelconque manque d’originalité. Les musiciens mettent par ailleurs toutes leurs tripes dans leur interprétation, le côté « in your face » des compos prenant tout son sens en live. Du tout bon.
L’énorme batterie de Franky Costanza – ex-Dagoba – trônant déjà sur son piédestal en fond de scène, le changement de plateau s’opère de manière assez rapide. Entre-temps, la salle s’est encore un peu remplie. Premier constat : le public des Tambours se montre plutôt varié, rassemblant metalheadz purs et durs comme familles venues apprécier le sens du spectacle propre au collectif de Nevers. Certains semblent néanmoins mal renseignés : les Tambours jouent ce soir en formation Weapons of Mass Percussion, et évolueront de ce fait dans un registre ultra-metal pendant une grosse heure et demie. Autant dire que les mecs bastonnent à mort, au grand dam d’une minuscule frange du public qui se demande ce que le collectif leur balance à la tronche et préfère se faire la malle. Ceux qui ont signé en toute connaissance de cause prennent un panard monumental, tant le groupe envoie sur les planches un assaut lourd, indus et tribal. Le dernier disque de la formation – le fameux W.O.M.P. – est déroulé en quasi-intégralité, les percussionniste s’étant assurés sur la tournée de la présence du redoutable Reuno de Lofofora. Le chanteur est unique en son genre. Impeccable sur le plan vocal, ce dernier mène la presta’ de bout en bout avec classe et charisme, et ce même lorsqu’il se plante en beauté dans l’annonce du titre à venir.
A ses côtés, Renato Di Falco – Flayed – assure un deuxième show sous haute tension et remplace au pied levé un Stéphane Buriez démissionnaire. Monstrueux. Si l’on pourra regretter que le collectif ne joue que des morceaux de son dernier disque au détriment des excellent Corros et MMIX, albums 100% percus / samples qui passent à la trappe exception faîte d’un unique extrait placé à mi-parcours, ce dernier offre sur cette tournée en formation « spéciale » un petit chapelet de reprises qui déménagent. A commencer par un enchaînement Sepulturesque qui assassine les conduits auditifs – « Chaos A.D. » / « Roots Bloody Roots » et « Territory », excusez du peu –. Well done. Triste actualité oblige, les Tambours passent également par la case Prodigy – « The Day is my Enemy » pour un résultat un poil moins bandant, et explosent en fin de presta’ sur un « Dragula » de Rob Zombie que l’on attendait pas mais qui fait son petit effet. K.O en 1h30. Ça défoule.
Crédit Photo : Caroline Vannier. Check son groupe.