Voir atterrir dans les rayons des disquaires une étrangeté comme The Butcher’s Ballroom n’est pas très fréquent. Car bien que signé sur le réputé label Candlelight, les suédois du Diablo Swing Orchestra amènent en treize titres une vision toute neuve et surtout inédite de la musique rock’n’roll / metal en peinturlurant ses compositions d’influences que l’ont auraient jugés antagonistes. Formé en 2003 et débarquant sur le devant de la scène avec un tout premier album, ces six musiciens font preuve d’une maturité déjà plus qu’impressionnante.
Difficile de ranger le Diablo Swing Orchestra sous une étiquette bien précise pour la simple et bonne raison que l’on a encore jamais rien entendu de pareil. Les suédois livrent donc une formule à 200% originale en mixant des ingrédients incongrus. Metal, jazz, musique classique, opéra lyrique ou encore flamenco envolé sont passés à la moulinette pour un résultat surprenant et incroyablement cohérent malgré les différences des genres précédemment cités. L’irrésistible swing amené par des tirades de contrebasse appuyée se glisse aisément entre deux riffs saturés et explosifs, laissant la place quelques secondes plus tard à un violoncelle langoureux qui embarque l’auditeur vers un tout autre horizon (le jazzy « Balrog Boogie », « Infralove »). Car la principale qualité dont peut se targuer le Diablo Swing Orchestra est bien de pouvoir entraîner son auditeur vers des étendues diverses et variées, chaque érudit composant le groupe se montrant aussi polyvalent que techniquement inventif. The Butcher’s Ballroom se présente comme un véritable voyage à travers les époques et les genres, les musiciens déballant pour ce faire les instruments les plus dépaysants. La sitar permet une croisière vers les pays orientaux le temps d’un instrumental mystique (« Gunpowder Chant »), les guitares acoustiques flamencos et les trompettes quelques incartades chers aux mariachis mexicains (« Heroines ») alors que l’usage de contrebasse et de saxophones donne l’occasion au Diablo Swing Orchestra de se plonger dans l’exploration d’une musique jazz issues de la Nouvelle-Orléans des années 20 (« Balrog Boogie »).
Le chant typé lyrique de Ann-Louice Lögdlund rappellera pour sa part à un classicisme certain, la meneuse de troupe présentant un timbre d’opéra forcément haut perché permettant aux morceaux électrifiés et symphoniques un rapprochement inévitable de Nightwish (« Velvet Embracer », « Porcelian Judas »), claviers pompeux en moins. Les tirades dénuées de guitares et habillées de paroles en Italien (« D’Angelo ») sont elles à rattacher aux influences baroques et opéra immiscées malicieusement dans tous les recoins par la formation. Afin d’éviter la redondance amenée par l’usage de ce type de chant, le Diablo Swing Orchestra alterne avec la voix du guitariste Daniel Hakansson. Moins présent, celui-ci apporte une touche plus moderne et plus douce à l’aide d’interventions certes plus académiques mais néanmoins bienvenues (« Ragdoll Physics », « Pink Noise Waltz »). Ces six musiciens prennent des risques afin d’accoucher d’un album novateur radicalement éloigné des standards sur-exploités, se rangeant par cette manœuvre aux cotés d’un certain avant-gardisme musical sans pour autant en présenter toutes les difficultés d’accès. The Butcher’s Ballroom n’est certes évidement pas un album particulièrement aisé à ingérer étant donné toutes les directions qu’il donne à découvrir, mais s’avère après quelques écoutes formidablement riche et entraînant.
Diablo Swing Orchestra livre en treize titres une première pierre à un genre qu’il a lui même enfanté et qui ne pourra que difficilement être plagié. Un disque de prime abord assez déroutant, mais c’est bien là tout ce qui en fait toute sa force.
.: Tracklist :.
01. Balrog Boogie
02. Heroines
03. Poetic Pitbull Revelations
04. Rag Dolls Physics
05. D’Angelo
06. Velvet Embracer
07. Gunpowder Chant
08. Infralove
09. Wedding March For A Bullet
10. Qualms Of Conscience
11. Zodiac Virtues
12. Porcelain Judas
13. Pink Noise Waltz