Près de dix mois après la sortie d'un Transgression qui, à l'image de Digimortal en 2001, a partagé les opinions par son penchant mélodique fortement prononcé, Fear Factory était de retour en France pour une mini-tournée de cinq dates se terminant ce soir au Splendid de Lille. Alors que l'heure approche, la salle n'est toujours pas remplie à la moitié de sa capacité, étrange pour un groupe jouissant d'une telle renommée.
Malgré les différentes annonces parlant d'une première partie régionale, ce sera le groupe de Death Misery Index (programmé sur les autres dates en seconde position) qui lancera donc la soirée à 20 heures pétantes devant un parterre peu motivé par les sonorités assénées par ces quatre Américains. Le split ainsi que le premier album sont passés plutôt inaperçus, et il s'avère difficile de se faire une véritable idée de leur potentiel à l'écoute de ces trente minutes de show entachées par un son brouillon rendant incompréhensibles les quelques compos exécutées. Avec une set-list composée de neuf titres aux riffs d'une extrême brutalité associés à un chant viscéral, Misery Index ne se décourage pourtant à aucun moment face à la passivité du public et se donne à 100%, profitant de l'occasion pour présenter quatre extraits de son nouvel album Discordia (sortie prévue le 22 mai).
Les quatre musiciens quittent donc la scène en remerciant les quelques occupants des premiers rangs, pour laisser place à l'armée menée par Burton C. Bell. Entre temps, la foule est devenue nettement plus conséquente, et la salle n'est plus très loin d'afficher complet. Avec quinze ans d'existence au compteur, le groupe attire un public hétéroclite, du jeune de quinze ans qui vient de découvrir les derniers albums Archetype et Transgression au fidèle de toujours fier d'annoncer son attachement depuis 1992 et la parution de Soul Of A New Machine. A la suite d'une longue introduction qui met à l'honneur « Number of the Beast » du mythique Iron Maiden, l'usine s'ébranle à l'aide de « 540,000° Fahrenheit » suivi de près par « Transgression », avant de se présenter et d'annoncer un « merci beaucu » (ce que Burton ne manquera pas de répéter jusqu'à la fin du concert) tous sourires aux lèvres. Malgré une interprétation impeccable, le concert ne se lance véritablement qu'à la suite de ses deux et uniques extraits du dernier opus en date, à l'aide de monstrueux « Slave Labor » et « Drones ». Tout comme les instrumentations, les capacités vocales de Burton C. Bell passent le cap de la scène avec brio, celui-ci tenant aussi bien la longueur sur les refrains en chant clair (malgré quelques légers dérapages sur les passages les plus hauts placés) que lors de hurlements enragés. Le public devient littéralement intenable lorsque Fear Factory amorce un détour sur les anciens albums, enchaînant le mythique « Demanufacture » sur « Shock » ainsi que le groovy « Edgecrusher », mené sur les couplets par la basse vrombissante du discret mais imposant Byron Stroud.
Impressionnant est le seul mot qui vient à l'esprit tant chaque musicien semble maîtriser l'art de la scène, en particulier Burton et Christian Olde Wolbers, qui ne tiennent pas une seconde en place, haranguant la foule juchés sur les retours. Plus haut perché, Raymond Herrera est à peine perceptible derrière son set de batterie, mais martèle avec rapidité, précision et puissance. Absent depuis le début de la prestation, la période consacrée à Digimortal ne sera pas mise de côté, avec les deux titres les plus mélodiques de la soirée : « Linchpin » qui permet à Burton de démontrer son talent, utilisant au maximum les différentes intonations de sa voix caméléon, ainsi que l'excellent « Acres Of Skin » et son pont samples / guitare hypnotisant. « Nothing, you say, matter, to us » est scandé et matraqué par Burton seul, avant d'être rejoint par ses comparses pour un « Cyberwaste » démentiel et exécuté à toute berzingue, sur lequel le public répond d'une unique voix. « Archetype » et le désormais culte « Replica », à la suite duquel les quatre musiciens quittent la scène sur un ultime « merci beaucu » de Burton, fermeront la marche. Malgré l'absence de rappel ainsi qu'une set-list amputée de quatre morceaux par rapport à la date Parisienne, on pardonnera bien vite à Fear Factory, qui en plus de se déplacer dans le grand nord, à livré ce mardi un show d'anthologie. L'usine tourne toujours à plein régime, et il nous tarde déjà d'entendre ses prochaines productions…{multithumb thumb_width=180 thumb_height=110}
.: Set-list :.
540,000° Fahrenheit
Transgression
Slave Labor
Drones
Demanufacture
Self Bias Resistor
Shock
Edgecrusher
Descent
Martyr
Linchpin
Acres Of Skin
Cyberwaste
Archetype
Replica
Merci à Camille (Roadrunner).