Huit ans d'existence, une démo autoproduite ainsi qu'un deux titres promotionnel distribué gratuitement histoire de faire grimper le buzz autour du groupe, SMS Crew aura longuement patienté avant d'enfin mettre en boîte son véritable premier effort. Et ce n'est sûrement pas le désintérêt que semblent porter les acteurs de l'industrie musicale au metal ces derniers temps qui va arrêter les essonniens, ceux-ci ayant tout simplement décidés d'enregistrer une nouvelle fois avec leurs propres moyens.
Et pourtant, SMS Crew aurait amplement mérité que l'on s'intéresse d'avantage à son cas. Mais C & C est la preuve que le sextet n'a besoin de personne pour creuser son trou, tant celui-ci témoigne d'un son (concocté par leur ingénieur du son attitré Benjamin Feuillade) proche des productions actuelles pourtant largement plus avantagées sur le plan financier. Avec douze compositions bénéficiant aux sonorités claires et puissantes, les musiciens témoignent d'une volonté misant clairement tout ses atouts sur l'efficacité, sans s'aventurer dans des chemins de traverses ou des longueurs inutiles. Parfaitement inscrit dans la mouvance actuelle et se positionnant dans une position au final assez peu risquée (les morceaux s'avérant loin d'être extrêmes et aisément assimilables) sans toutefois plier aux sirènes radiophoniques qui ont déjà eu raison de bon nombre de formations françaises, SMS couche sur bandes une série de morceaux entêtants et sautillants (l'explosif « Colère & Chaos » d'ouverture, « Dynamo »). Le groupe a parfaitement digéré ses influences, et les recrache dans sa musique tout en évitant de sonner comme une pale copie. Néo-metal à la base, SMS Crew en évite cependant les pièges en insufflant à sa musique une bonne dose de hardcore, l'ensemble demeurant néanmoins relativement soft. Les riffs de guitare n'ont rien d'une déferlante inaudible et écrasante, les structures s'avérant noyées dans la saturation mais témoignant d'avantage de mélodies que d'une quelconque haine viscérale (« Dead Matches »).
Le hip-hop vient également occuper une place importante, les samples et autres scratch du DJ apportant une dimension urbaine s'intégrant parfaitement à une section rythmique très marquée, en particulier en ce qui concerne une basse groovy à souhait. Alors que les instrumentations auraient laissées penser que le groupe userait d'un double chant, comme il est devenu coutume dernièrement, seul Clément se trouve en charge des lignes vocales. Malgré quelques dérapages sur certaines tirades de chant clair, celui-ci se montre à l'aise et polyvalent. Bercées de désillusions, les parties claires se montrent mélancoliques (« Nous Sommes nos Propres Désastres »), casées entre deux séances de hurlements sur-excités, le groupe prenant un malin plaisir à caser plusieurs ambiances au sein d'une même composition, n'hésitant pas pour se faire à casser le rythme de celle-ci (« City Motion », les envolées de « Dead Matches » au cours des refrains).
C & C pourrait représenter tout ce que l'on est en mesure d'attendre d'un groupe débutant, même si le qualificatif ne semble désormais plus convenir à SMS Crew. Reste a espérer que les six essonniens parviendrons à se démarquer d'un marché extrêmement saturé.
.: Tracklist :.
01. Colère & Chaos
02. Lava Lacryma
03. Lettre à son Frère
04. Chyropteria
05. « J. »
06. Dead Matches
07. Consécration
08. Dynamo
09. Nous Sommes nos Propres Désastres
10. Plus Fort(s)
11. Triste mais Vrai
12. City Motion