Le 17 octobre dernier, l’association MVP avait organisé au Ferrailleur une soirée de qualité. Harakiri for the Sky, accompagnés de Sylvaine et Shores of Null. On vous raconte ?
Chapitre I : Shores Of Null
Tout droit venus d’Italie, Shores Of Null profitera de leur première venue à Nantes pour ouvrir le concert. Formation qui réunit des membres de plusieurs groupes dont Zippo ou encore Il Grande Scisma d’Oriente (pour ne citer que ceux dont j’avais au minimum entendu parler), le groupe vogue sur plusieurs styles et envoie une musique efficace et originale.
Picorant sur les bords du doom gothique avec des éléments planants progressifs et le lyrisme du metal alternatif, Shores Of Null propose aussi bien des riffs techniques que groovy, avec une voix propre et équilibrée, oscillant entre chant clair dépressif et gueulantes dans les mêmes tons.
La noirceur des titres jouées ce soir-là auront su intriguer nombre de curieux, mais également les neophytes lorsqu’ils n’étaient pas occupés à aller boire des coups. Toujours dur d’être le premier groupe et comme souvent, on aurait aimé les voir en milieu de soirée, histoire de profiter d’un public plus dense.
On appréciera grandement d’ailleurs, les accompagnants vocaux et autres chœurs des guitaristes qui avaient clairement autant de talent devant un micro que sur leurs cordes.
Chapitre II : Sylvaine
C’était le seul groupe que je connaissais d’avance, et autant dire que peu importe le ton de la soirée, je serais venu juste pour eux. Sylvaine tape pile poil là où ça fait du bien : un post-black metal onirique et bien dosé, entrelacé de coupures post-rock et autres passages sensibles.
A la base, Sylvaine est un projet solo de la chanteuse et multi-instrumentaliste Kathrine Shepard qui compose tout de A à Z, ce qui explique probablement la constance et la cohérence reposante dans tous ses titres. En 2016, elle sort son deuxième album, Wistful, qui composera la majeure partie de sa setlist, pour notre grand bonheur.
Souvent comparée à Alcest (et pour cause, elle en assurait la première partie il y a quelques années !), la comparaison ne s’arrête qu’à la plastique de ses chansons. Force est de constaté que Sylvaine a créé son propre univers et les émotions traversées diffèrent de son comparse.
La musique de Sylvaine dégage une chaleur et un sentiment de sécurité diablement efficaces en total décalage avec la froideur recherchée de ses riffs et de ses hurlements, contrastées par les phases ambiantes et instrumentales piquées au shoegaze. A voir et à revoir sans hésiter une seule seconde !
Chapitre III : Harakiri For The Sky
Avec un nom comme ça, je m’attendais littéralement à une sorte de clone de clone de clone (de nain de jardins) d’un groupe lambda de post-rock comme il en pleuvait au début des années 2000, après les montées en puissance des méritants Mogwai et Explosions In The Sky.
Bien, pas du tout, rien à voir d’ailleurs. Harakiri For The Sky c’est du metal, pour commencer. Deuxièmement, la formation propose plutôt un mélange de post-metal avec des consonnances de screamo dans le chant, qui fait rupture avec les riffs secs et redondants des gratteux. Screamo oui, mais pas que.
La voix enraillée de Michael donne dans les ton graves et s’accompagnent même de quelques passages plus sludge, qui permet au groupe de se décloisonner des styles de prédilection qu’on peut lui attribuer, sans pour autant s’en éloigner formellement et ainsi toucher un max de monde.
Résolument moderne dans son approche, le groupe emmené par JJ et ses copains savent discrètement proposer de multiples influences élégamment combinées sans faire dans de la branlette de composition à tiroirs. Le groupe est uni aussi bien sur scène que dans son œuvre, si on veut résumer grossièrement.
On remercie MVP Asso pour l’organisation du concert et Laurent Wadbled pour les photos.