Ressuscité par l’album Une Somme de Détails en 2007, Mass Hysteria témoigne depuis d’une belle constance. Régularité dans le rythme des sorties – tous les deux à trois ans –, mais également dans l’approche musicale. Plus prompt à expérimenter par le passé, le quintet ne dérive désormais plus vraiment de sa ligne de conduite initiale. A savoir proposer un gros metal à la fois lourd et catchy, simple mais furieusement efficace. Matière Noire, cru-2015 à la production bien gonflée, ne déroge pas à la règle.
Mass Hysteria aura une nouvelle fois été contraint à une réorganisation interne. En poste depuis trois albums, le guitariste Nicolas Sarrouy est parti vers de nouveaux horizons musicaux. Le quartet aura officialisé dans la foulée l’arrivée de Fred Duquesne – ex-Watcha, Bukowski –, ami de longue date et producteur des dernières travaux estampillés Mass. L’homme connait l’équipe, ses idéaux, son approche musicale. S’il reste aujourd’hui difficile d’évaluer l’implication du musicien sur l’écriture de ce huitième opus, Matière Noire se profile comme le manifeste sonore d’un groupe en pleine possession de ses moyens. Le disque s’inscrit à ce titre dans la directe continuité de la « trilogie » Une Somme de Détails / Failles / L’Armée des Ombres, Mass Hysteria appliquant ici une formule qui a depuis longtemps fait ses preuves. Pas de temps morts, pas de chichis. Le quintet livre onze morceaux burinés à souhait, bardés de gros riffs mastoc, de tempos bien relevés et d’ajouts électroniques discrets. L’ensemble ne fait preuve d’aucune concession dans le son – les envolées « pop » restent et resteront une expérience du passé –, Matière Noire déroulant onze morceaux parfaitement calibrés et diaboliquement entêtants.
Cohérent, presque compact, le disque propose un enchainement de compos tubesques articulées sur des schémas plus ou moins similaires. Mass Hysteria privilégie une nouvelle fois l’efficacité à la démonstration technique – le groupe intègre cependant un solo au très bon « Vector equilibrium » –, l’aspect massif aux subtilités inutiles. Le chanteur Mouss patine ces onze « grosses » compositions de sa verve habituelle. « Positif à bloc », le frontman pose sur bandes une série de refrains scandés et fédérateurs à faire pâlir d’envie les apprentis rockeurs en recherche de l’ivresse du concert, moment de communion par excellence. Les plus tatillons souligneront quelques textes un poil démagos, simplistes ou convenus. Les aficionados des Mass passeront rapidement outre : les compositions de Matière Noire promettent de beaux moments de live. La multiplication des écoutes laisse pourtant un sentiment tenace. Bien que violemment contesté en leurs temps, De Cercle en Cercle et l’album noir affichaient une certaine envie du groupe de se mettre en danger, de s’orienter vers des terrains inédits. Matière Noire reste pour sa part plus « basique », proche – trop ? – des récents travaux du groupe. Une broutille néanmoins, tant l’ensemble s’avère bien construit.
Matière Noire est un excellent disque de Mass Hysteria. Puissant, furieux et dépourvu de morceau faiblard, l’album ne redessine à aucun moment le son du groupe mais renferme une belle série d’hymnes qui se grefferont sans heurts dans la set-list de la tournée à venir. Du tout bon.
.: Tracklist :.
01. Chiens de la casse
02. Vae soli !
03. Vector equilibrium
04. Notre complot
05. L’espérance et le refus
06. Tout est poison
07. L’enfer des dieux
08. À bout de souffle
09. Matière noire
10. Plus que du metal
11. Mère d’Iroise
