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Interview : Melissa Etheridge

Le moins que l’on puisse dire est que Melissa Etheridge est une survivante et une battante au sens propre comme au sens artistique.

Melissa Lou Etheridge, née le 29 mai 1961 à Leavenworth au Kansas, est une musicienne/interprète de rock très connue aux États-Unis ; elle est surnommée « the first lady of rock-and-roll » car souvent comparée à Janis Joplin ou même à Bruce Springsteen.

En janvier 1993, elle devient célèbre comme activiste pour le mouvement de libération gay lorsqu’elle fait son coming-out public lors du bal d’inauguration de la première présidence de Bill Clinton. En plein succès, elle a dû interrompre sa carrière à cause d’un cancer du sein qui l’a beaucoup fatiguée. Elle est apparue chauve à la cérémonie des Grammy Awards en 2005, pour chanter une chanson de Janis Joplin Piece of My Heart. Elle s’est livrée à nous à cœur ouvert ici, notamment au sujet de son dernier album appelé judicieusement « This Is M.E. ».

Bonjour Melissa ! « This Is M.E. » est ton premier album sorti sur ton propre label. Pourquoi ce choix ?

Je me suis rendue compte au fil du temps que les maisons de disque avaient drastiquement changé. Elles sont beaucoup plus frileuses qu’au début et à chaque visite je remarquais aussi qu’il y avait de moins en moins de personnes qui y travaillaient. Ils n’étaient plus en mesure de pouvoir me garantir le type de promotion dont j’avais besoin pour la sortie de mes albums. Depuis 2013, j’ai changé mon management et ce sont eux qui m’ont proposé de créer mon propre label pour sortir mes futurs albums. J’ai adoré cette idée, car je peux gérer la manière dont je veux le sortir et je n’ai pas de contraintes de temps. Grâce aux réseaux sociaux, c’est aussi beaucoup plus facile de créer un contact avec ses fans et de cibler son public. Cette approche m’a donné une nouvelle impulsion. Ainsi, les masters de mon nouvel album m’appartiennent désormais, alors que si je veux utiliser la chanson « Come to My Window » par exemple, c’est mon ancien label qui gagne de l’argent, pas moi.

C’est ce qui t’a donné l’idée de la couverture aussi ? Avec toutes les photos des fans ?

Absolument ! Je voulais que les fans soient plus impliqués dans cet album. Mon chargé en marketing m’a proposé de demander des photos aux fans et c’est moi qui ai dit que toutes les photos regroupées formeraient une photo de moi sur scène. L’idée est vraiment excellente ! D’où le titre aussi « This IS M.E. ».

This-Is-Me-_Cover

Comment as-tu procédé lors de la composition des morceaux ? Es-tu allée chercher dans tes tiroirs ou les as-tu composés sur le tas ?

Toutes les chansons ont été créées dans le studio d’enregistrement, que ce soit avec Jon Levine (qui a écrit pour Nelly Furtado ou Selena Gomez), avec Jerrod Bettis (qui a écrit pour Birdy et Adele) et avec les autres. Il n’y a que deux chansons que j’ai écrites toute seule, dont l’une d’entre elles est « Who Are You Waiting For », car elle est chère à mon cœur. Elles ont toutes cette instantanéité qui les rendent très uniques.

Le son est un peu plus rock et même plus rugueux que sur tes albums précédents. Cela vient de cette méthode de travail ?

Je pense que oui. En fait nous n’avons pas voulu surproduire les morceaux. Lors des enregistrements, je ne m’y suis pas prise à cinquante fois pour enregistrer ma voix et pour dire que c’était bon comme ça. J’aime bien cette rugosité. Je trouve que ça les rend très modernes. Et puis cela me laisse de l’espace pour les faire évoluer sur scène.

Tu parlais de cette chanson « Who Are You Waiting For ». Elle a été ta chanson de mariage il me semble, non ?

Oui, absolument. Je suis tellement romantique que cela en devient gênant. Très franchement si on m’avait dit il y a quelques temps que je me remarierais, je lui aurais ri au nez.

Alors qu’est-ce que cela fait de retomber amoureuse ?

Franchement ? Je me sens un peu ridicule d’être aussi amoureuse en fait ! (rires !) J’ai l’impression d’être une ado. Tu sais, ça ne me dérange pas de parler de tout ça. On est officiellement en couple depuis 2010, mais elle a été ma meilleure amie au moins 15 ans avant cela. Avant de se mettre en couple, elle m’aidait déjà dans ma vie de tous les jours, avec ma famille et surtout avec mes enfants. Nous étions déjà un couple sans le savoir en fait. Rien ne s’est passé comme prévu. La plupart du temps, tu es attirée sexuellement par une personne, tu tombes amoureuse et ensuite seulement tu découvres la personne. Ici tout s’est passé dans l’autre sens. Linda, ma femme, je la connaissais depuis longtemps et c’est seulement ensuite que je suis tombée amoureuse et que j’ai été attirée par elle. C’était parfait en somme.

Le mariage, ça a toujours été une évidence ? Cela revêt de l’importance à tes yeux ?

Ce n’était pas une évidence au départ, non. Je suis des années 1960 et 1970 où les institutions comme le mariage ont été jetées aux ordures. Au fur et à mesure, je me suis rendue compte que j’en avais vraiment envie. Je voulais me marier et avoir des enfants. C’était une envie viscérale et c’est très difficile à expliquer aujourd’hui. En tout cas, c’était mon rêve oui.

Le mariage, tu le voulais pour son côté religieux, donc pour l’engagement pris vis-à-vis de Dieu, ou comme engagement pris vis-à-vis de ta famille et amis ?

Les deux, en fait. Je pense que c’est indissociable. Je suis une personne croyante et cela m’a beaucoup aidé dans différentes épreuves de mon existence.

Justement, et merci pour la transition, tu as vécu pas mal d’épreuves, notamment au niveau de ta santé. Comment vas-tu aujourd’hui à ce niveau-là ?

A part le fait que je n’entends plus très bien, cela va parfaitement bien. Cela fait dix ans que je n’ai plus de cancer. Cela fait dix ans que je fais très attention à ce que je mange et à vivre sainement. Je suis on ne peut plus en forme.

Tu reviendras donc rapidement refaire une tournée en Europe ?

Oui, je reviendrai en juillet 2015, même si je viens de terminer seulement une tournée en Europe. J’ai toujours aimé venir et j’ai de très bons souvenirs dans les salles comme l’Olympia ou encore la Locomotive dans les années 80 ou 90.

Tu as aussi fait une tournée avec un orchestre classique dernièrement. Qu’est-ce que cela t’a apporté ?

C’était quelque chose que j’ai toujours rêvé de faire. J’aime beaucoup ce mélange entre le rock et le classique. Les groupes ne le font pas, car cela coûte très cher de faire les arrangements et les partitions pour les différents instruments. Dans mon cas, l’Orchestre de San Francisco a pris en charge les partitions et les arrangements. C’est un sentiment incroyable quand une centaine d’instruments jouent tes morceaux sur scène. Cela a une telle force ! C’était magique.

Pour finir une petite question rituelle : préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones? Et pourquoi ?

Oh waouh ! Tu m’aurais posé cette question il y a 15 ans, j’aurais choisi les Beatles sans hésitation. Aujourd’hui, je vais prendre les Rolling Stones, car je les admire pour leur longévité. Cela fait 40 ans qu’ils font leur musique, tous ensemble. Cela mérite l’admiration !

 

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa pour Vacarm.net

 

Les dates de ses concerts en juillet 2015 ici:

11.07. NL-Weert – Bospop Festival

12.07. D-Aurich – Sparkassen Arena

13.07. D-Leipzig – Parkbühne

15.07. CH-Zurich – Kongresshaus

17.07. D-Lörrach – Stimmenfestival

18.07. B-Peer – Blues Festival

 

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