Simon Delacroix, plus connu sous le nom de Toxic Avenger, vient tout juste de sortir un des meilleurs albums d’électro de cette fin d’année 2013 : Romance and Cigarettes. Alors que ça faisait un peu plus d’un an que nous ne lui avions pas posé de questions, nous avons profité de son passage à Nantes pour la Wake Up Party du 16 novembre pour discuter avec lui de son nouvel album et de ses projets futurs.
Bonjour, pour débuter, est-ce que tu peux te présenter pour nos lecteurs qui auraient le malheur de ne pas encore te connaître ?
Moi c’est Simon, je suis connu sous le nom de Toxic Avenger. Je fais de la musique, avec mes camarades qui sont là autour de nous, on est une bande de copains.
Ton second album Romance and Cigarettes est sorti il y a un peu près un mois, comment tu ressens la réception de cet album par la presse et les fans ?
Par la presse, ça a été reçu bien partout, ou on me préserve des mauvaises critiques mais en tout cas j’en ai pas vu (rires). C’est super cool, je n’avais jamais eu d’accueil comme celui-là. Et pour les gens qui m’écoutaient avant, j’ai le sentiment que c’est un album super bien accepté, malgré le virage que ma musique a prise, un virage que j’aurais cru difficile à accepter pour mes fans un peu hardcore qui ne jurent que par la musique de club. Je pensais qu’ils allaient me dire que cet album est trop à l’eau de rose, mais pas trop. J’ai eu quelques critiques négatives, mais pas tant que ça. J’ai gagné pas mal de fans, et j’en ai pas trop perdu, c’est un bilan super positif.
Comment le live est-il reçu par le public ?
Je vais te répondre très sincèrement, je ne sais pas du tout, je ne regarde jamais les gens quand je joue car je suis très timide, et c’est très dur pour moi de regarder les gens parce que j’ai toujours peur de voir, même dans une salle de 1000 personnes, le mec que ça fait chier d’être là et qui attend que tu te plantes, et si je le vois ça me paralyse. Enfin, on nous a jamais rien jeté dessus, donc c’est que ça ne doit pas être trop décevant (rires).
Justement, pour ceux qui ne t’ont jamais vu en live et qui ne te connaîtraient que par tes albums, à quoi ils doivent s’attendre ?
Il y a plein de synthés partout. Tu sais, il y a plein de trucs électro aujourd’hui, c’est juste des belles images et un ordinateur. Moi je trouve ça frustrant, et en plus je trouve que quand tu fais l’effort de payer 20 balles une place de concert, t’as envie de voir un mec qui fait des choses, vraiment. On a passé des mois à faire tout marcher, il y a de vieux synthés, des nouveaux, des ordis partout et il faut que tout soit connecté, ne serait-ce que ça c’est un peu chiant, on a des antiquités, des trucs qu’on sort jamais d’habitude. Et puis, on a essayé aussi de pas faire un copier-coller du disque, parce que j’avais envie de proposer quelque chose de différent à mon public. On fait plein de morceaux, un espèce de zapping, on a essayé de le tour de mes morceaux.
Au fond j’ai envie que les gens en aient pour leur argent. Tu sais j’ai vu tellement de trucs qui m’ont déçu, tellement de trucs, même dans le rock, qui faisaient semblant de jouer, où les mecs jouent un tiers de ce que j’entends, moi je trouve ça ouf, nous on a pas fait ça.
Tu as plein de guests sur ton album, ça s’est passé comment, c’est une rencontre entre copains ?
C’est que des copains, surtout parce que c’est plus sympa, ça fait presque deux ans qu’on bosse tous ensemble donc si on avait à côtoyer des gens qu’on aime pas, ça serait compliqué. Là du coup, c’est la bonne ambiance, on s’engueule pas.
Romance and Cigarettes, c’est un hommage au film ?
Absolument pas, j’avais pas entendu parler du le film avant. Pourtant dieu sait que j’aime le cinéma. Non, tout simplement, à l’époque où j’ai fini l’album, je trouvais que le nom sonnait bien, c’était le titre d’un des morceaux, et en plus, je suis très basique et c’était une période où j’étais très amoureux et où je fumais beaucoup. Bon je suis toujours très amoureux, mais je fume plus. C’est décevant je sais, la vérité est souvent décevante (rires). Je devrais inventer une histoire genre : « C’était quand on était à Caracas, je suis tombé sur une fille très belle qui fumait des Vogue Menthol, et du coup ce jour là, j’ai décidé d’appeler mon album comme ça. » (rires)
L’idée de la pochette avec les lunettes, ça t’est venu d’où ?
Et de moi, et d’une agence de graphisme qui s’appelle H5, qui ont fait les pochettes d’Étienne de Crécy, Logorama et Super Discount.
Et donc la composition de cet album, elle se fait à plusieurs, ou c’est un processus solo ?
Ça se fait avec Olivier, qui est là avec nous. C’est le Rick Rubin français en terme de look (rires). On a fait tout l’album tous les deux, parce que le premier disque, je l’ai fait tout seul, et c’était compliqué, j’avais personne pour me donner son avis sur ce que je faisais. J’étais un peu livré à moi même. Ça m’a fait du bien.
Ce fait d’être passé du dj simple à ce qu’on pourrait presque appeler un «rock band» maintenant, tu penses que ton public de la première heure est toujours là ?
Certains oui, certains non. En même temps, finalement, j’ai grandi avec eux. Bon, ça fait Lorie de dire ça mais c’est vrai (rires). J’ai commencé à sortir des trucs j’avais 24 ans, maintenant j’en ai 31, forcément, j’ai évolué et eux aussi je pense. Je sais que certains sont restés et d’autres sont arrivés. Je fais de la musique un peu plus mature et mon public a peut-être un peu vieilli aussi, je le vois dans les salles.
Est-ce que tu penses que le public électro a changé depuis que tu as commencé la musique ? Est-ce que ce qu’on a appelé les «fluo kids» et l’électro qui tabasse sont morts ?
Je crois que cette scène, elle existe toujours, et plus encore qu’avant. En fait, même moi je ne joue plus ça, j’en peux plus, mais en fait je me rends compte que partout où je vais, c’est ce que les gens veulent. Quand je joue des trucs en dehors de ça les gens sont moins dedans. C’est encore très très actuel. Tu sais, quand le rock est revenu en 2000, et en 2002 on a déclaré que le rock était mort, du rock on en bouffe encore 13 ans plus tard.
Dans ton album, on entends beaucoup de styles différents, beaucoup d’influences, des trucs qui vont se rapprocher de tes premiers EPs et d’autres qui changent radicalement, est-ce que c’était une volonté de changement ou c’est venu spontanément ?
On travaille dans le studio d’Olivier, qui a beaucoup de machines. Par la force des choses, les morceaux qui sonnent 80’s c’est parce que c’est joué sur des machines de l’époque. On fait une musique où on est tributaires de la technologie. À chaque nouvelle machine, c’est presque un nouveau style qui s’invente, chaque nouveau plug-ins c’est un nouveau style presque. Donc vu qu’on a bossé sur du vieux matos, ça se ressent.
À l’avenir, tu te vois encore sortir des EPs ou tu es parti pour ne produire que des albums ?
Je sais pas, j’aime bien le format maxi quand même, c’est moins engageant. Avec un album, t’as difficilement droit à l’erreur, avec un maxi tu peux essayer d’autres choses, voir si ça prend ou pas, moins de risques financiers. Un album ça reste très long, mais c’est un format que j’aime énormément. T’as plus de 70 minutes pour t’exprimer, c’est génial, j’aime pouvoir m’étirer, et sinon j’ai tendance à trop condenser et à mettre trop de choses dans mes morceaux.
Est-ce qu’il y a des artistes avec qui tu aimerais collaborer dans le futur ?
Oui, mais c’est de l’ordre du rêve. J’ai un espèce de vieux rêve secret qui serait de bosser avec des artistes de variété française, pour faire un truc un peu différent. Parce qu’au final on a tous grandit avec ça, Christophe ou Etienne Dao. Après, le mélange sera peut-être dégueulasse, mais j’ai envie d’essayer, de m’essayer au français, c’est un truc qu’on ne fait pas dans notre milieu. Et reformer Pulp, et qu’on fasse un morceau ensemble. Enfin c’est dans le domaine du rêve, toujours.
Tu te vois encore faire ça dans dix ans ?
Je sais pas, je suis partagé, d’un sens j’espère que oui, mais d’un sens à 20 ans je me disais qu’à 30 ans, j’arrêterais de faire le mariole, que j’enlèverais mes caquettes et que je mettrais des chaussures de ville et que je prendrais un vrai travail. J’ai 30 ans je l’ai toujours pas fait, je me dis ça pour mes 40 mais je l’aurais sûrement pas fait (rires). J’espère juste faire moins de dj-sets. Je m’use un peu du dj-set. Donc faire plus de lives et moins de dj-sets, et plus de productions.
Les projets pour 2014 qu’est-ce que c’est ?
On a fait la musique d’un film, Piégé, qui sort le 8 janvier. J’ai tourné le pilote d’une émission, on verra si ça marche, sur les jeux vidéos. On va refaire la musique d’un film mais on peut pas en dire plus. On va beaucoup tourner, et commencer à bosser sur le 3ème album.
Propos recueillis par Colin Fay pour Vacarm.net
Merci à Simon pour son temps et sa gentillesse, ainsi qu’à toute les personnes qui ont permis cet interview.