Moins d’un an après la sortie de Burning Nantucket !, Heartbeat Parade transforme l’essai avec Hora de los hornos. C’est sous la fronde d’un vers du poète cubain José Marti que le groupe nous concocte un album instrumental et mathématique riche d’une quinzaine de titres. Tantôt brutal, tantôt progressif, rappelons que le trio joue d’un concept fort en s’appuyant sur des samples extraits d’émissions de TV (documentaires, JT, etc.) pour substituer la présence d’un chanteur. Après plusieurs écoutes, le verdict est d’ailleurs sans conteste, Heartbeat Parade confirme nos impressions et se révèle être une petite pépite à découvrir absolument !
Si nous avions conclu que Burning Nantucket ! était un premier EP prometteur, on ne pourra qu’introduire Hora de los hornos comme un premier album qui concrétise le travail de plusieurs années. On ressent aisément les heures passées en studio, en live et en répétition à peaufiner ces quinze titres et il est alors difficile d’émettre une critique quant à la qualité de ces derniers. Heartbeat Parade réfléchi. Heartbeat Parade travaille. Heartbeat Parade produit. Le résultat ? Du bon boulot, ou plutôt, une magnifique invitation à la prise de conscience, à l’éveil ou à la renaissance. Sans être militant, Heartbeat Parade nous invite à prendre part à leur réflexion, et cela, à plusieurs niveaux. D’abord, leur musique n’est pas simple, il faut se plonger dans ces riffs tortueux, sans mesures, pour bien assimiler rythmes et mélodies. Puis, les samples viennent briser l’abstraction en nous adressant directement un message, que l’on a peut-être entendu par ailleurs à la télévision, d’une voix qui nous est commune, en nous rappelant une injustice ou un fait, sans jamais porter de jugement. Heartbeat Parade n’est pas un groupe militant, mais un déclencheur d’idées. C’est par ce truchement conceptuel (le sens de la vue est supprimé, vous êtes concentré sur votre écoute), en jouant d’un rappel (vous aviez entendu le message, vous n’y aviez pas porté attention ou pris en considération) que le groupe se positionne « au dessus » de la masse, prend du recul et se révèle intelligent. Heartbeat Parade n’est pas porteur d’un message, car il n’en est jamais l’auteur, mais il est garant d’un idéal et rappelle à qui veut bien l’entendre que le système est défaillant. Il n’y a d’ailleurs pas de pauses entre les titres, depuis l’éveil au son des larsens de « Out of the silence » car Hora de los hornos est une réflexion entière, pleine et aboutie. Heartbeat Parade use de contrastes et d’ambiances pour ôter à ce lourd bloc de granit inamovible son aspect monolithique. Il en ressort un bouillonnement d’idées (« Burning Water »), une créativité foisonnante (le triptique « Fiat Pianis ») et des arrangements qui trompent l’auditeur en l’invitant à une écoute attentive. C’est ainsi que s’envolent la plupart des titres lorsque le groupe ajoute piano, violon ou trompette à des morceaux résolument métal (« Pathopoeia », « Cluba 45 »…). Le groupe s’aventure même à la programmation (« The Quick Brown Fox Jumps Over The Lazy Dog ») avec succès.
Hora de los hornos est un premier album d’une étonnante maturité et d’une extrême richesse que l’on ne peut que vous conseiller de découvrir, si possible en live. Et si l’on pousse la réflexion un cran plus loin, le prochain album, s’il est réussi, ne ressemblera probablement aucunement à ce que l’on vient de vous décrire. De par son concept, Heartbeat Parade se doit d’innover continuellement.
. : tracklist :.
1. Out of the silence…
2. Unspoken truth will emerge…
3. To become louder than…
4. Their weapons
5. Burning water
6. Et si tu la rappelais ?
7. Cluba 45
8. A road trip towards starvation
9. Fiat panis I
10. Fiat panis II
11. Fiat panis III
12. The quick brown fox jumps over the lazy dog
13. Pathopoeia (emphasis)
14. Leaving Nantucket
15. Hora de los hornos
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