Depuis son passage du statut de collectif à la (presque) stabilisation du line-up, the Ocean n’avait pas forcément fait l’unanimité aussi bien dans la presse que chez les fans. Passant d’un métal expérimental à un post-métal plus doux et un poil américanisé, perdant quelque peu ses singularités qui ont fait leur succès au profit d’un format plus… commerciable. Dès lors les deux albums-suite Héliocentrique et Anthropocentric souffraient de quelques lenteurs et maladresses, comme par moment un peu de platitude dans les compos ou autres petits vides musicaux (bien qu’à mon sens Anthropocentric soit largement plus abouti) peut-être dus aux premiers pas du groupe dans un style, non pas qu’ils ne maîtrisaient pas, mais qui devait trop différer de ce qui créait autant d’engouement autour du collectif.
Bref The Ocean revient avec, comme à leur plus qu’honorable habitude, un album concept : Pelagial, portant cette fois sur une plongée progressive dans les abysses de l’océan. Dans les précédentes galettes il était question d’une certaine critique envers le christianisme, le créationnisme, la philosophie sociale et autres réflexions sur l’enchantement du monde, la régie par le cosmos, etc., le groupe a comme à son habitude fourni les explications des textes de leur nouvel opus sur leur site officiel. L’album reste dans la même tradition que les deux précédents cités plus haut : les phases déconstruites, les passages néo-classiques instrumentaux et la violence tranquille qui faisaient la superbe à l’époque du collectif (je pense surtout à l’album Precambrian, pour moi de très loin le meilleur) sont toujours abandonnés et laissent place à une formule plus homogénéisée. Je pense qu’il est temps de nous faire à l’idée que l’époque qu’incarne Precambrian et consorts est désormais révolue et qu’il est nécessaire de juger The Ocean en tant que « nouveau » groupe. Dès lors, Pelagial est tout bonnement un excellent album. Les faiblesses d’Heliocentric/Anthropocentric sont corrigées au profit de nouvelles compositions possiblement plus énervées (« Bathyalpelagic II : The Wish In Dreams » ou encore « Bathyalpelagic III : Desequilibrated ») alors que les phases calmes s’entourent encore d’un chant clair qui se sublime album après album.
Si le groupe avait souffert de vides musicaux auparavant, ici clairement le problème est résolu. Le groupe sachant qu’il devrait se passer de chanteur, Loïc Rossetti, pour leur tournée actuelle et voire plus, l’album est vendu en bonus en version instrumentale qui nous laisse apprécier encore plus ce regain énorme de créativité et de performance (le batteur, Luc Hess, est tout simplement devenu un tueur), et nous propose au final ici un album léger, lumineux, basé sur quelques bonnes doses de riffs métal comme on aime, parsemés de phases instrumentales post/math-rock. D’ailleurs la version instrumentale seule fait tout aussi sens que la version « normale », puisque l’album était en fait initialement conceptualisé ainsi. Et effectivement, lorsqu’on l’écoute on peut immédiatement penser que l’instru peut être absolument écoutée de manière totalement autonome, comme un bon album de math-rock, de par sa richesse et son efficacité! Bref, fans résolus de l’époque du collectif, passez votre chemin. Pour ceux qui peuvent faire la différence entre les deux époques et qui aiment le post-métal de manière générale, vous n’avez plus qu’à vous plonger (plongée/océan, pas mal non ?) de toute urgence dans ce nouvel opus.
Note: 4/5.
.:Tracklist:.
01. Epipelagic
02. Mesopelagic: Into the Uncanny
03. Bathyalpelagic I: Impasses
04. Bathyalpelagic II: The Wish in Dreams
05. Bathyalpelagic III: Disequilibrated
06. Abyssopelagic I: Boundless Vasts
07. Abyssopelagic II: Signals of Anxiety
08. Hadopelagic I: Omen of the Deep
09. Hadopelagic II: Let Them Believe
10. Demersal: Cognitive Dissonance
11. Benthic: The Origin of Our Wishes
Discographie sélective :
– Précambrian (2007)
– Anthropocentric (2010)
– Pelagial (2013)
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