Alors que le troisième album de Daria sortira dans les bacs la semaine prochaine, nous avons eu l’occasion de poser quelques question à Etienne et Camille pour leur demander quelques explications concernant Red Red. Du travail en studio, aux thèmes de leurs chansons en passant par la perte de leur ami Ian à qui ce nouvel album est dédié, voici une rencontre en toute simplicité avec un groupe qui aime à sonner fort et à jouer vite.
Félicitations pour votre nouvel album, je dois vous avouer qu’il m’accompagne au quotidien grâce à mon lecteur mp3. Pourriez-vous simplement le décrire en quelques mots pour nos lecteurs ? Quelles valeurs / émotions souhaitiez-vous transmettre avec Red Red ?
Camille : Salut Erwan, merci pour ces mots sympas sur le disque, c’est très cool. Le décrire en quelques mots n’est pas tâche facile, mais s’il faut se plier à l’exercice je penserais à : « honnête », « direct », « vrai », « rock » et « mélodique ». Une nouvelle fois, on n’a pas prévu de plan d’invasion du monde, on a juste voulu écrire de bons morceaux, avec des mélodies qui restent en tête et des paroles porteuses de sens…
Red Red est un album probablement plus accessible que les deux précédents, Silencer et Open Fire étant deux rouleaux compresseurs. Votre humeur en studio fut-elle plus légère que par le passé ?
Camille : Je ne pense pas que ce soit l’humeur en studio plus que ce qui venait ou nous inspirait au moment de la composition. Il se trouve qu’on a écrit une quinzaine de morceaux pour cet album et qu’ils avaient à peu prêt tous en commun d’être plus mélodiques que certains de nos titres précédents, plus ‘power pop’ si on peut lâcher le mot. On a aussi tout composé à 4, enfermés dans le local, on a pas mal bossé de notre côté pour enregistrer des pré-prods, se faire notre propre idée du rendu avant d’aller crier au loup. On a beaucoup appris comme cela, en tant que musicien bien sûr et en tant que personne également. En vieillissant, l’implication dans un groupe pèse parfois plus lourd sur les épaules… mais en fait on est allé dans le sens inverse du raisonnable, on a passé tout notre temps libre pour le groupe, et pondu des morceaux et un album dont nous sommes, il est vrai, très fiers.
Pourriez-vous aussi nous expliciter aussi cette charmante pochette d’album. La musique de Daria est-elle celle de chiens aux abois ?
Etienne : Tout simplement parce qu’on est des punks à chiens ! On plaisante. La pochette fait complètement du sens à nos yeux. Son histoire : on a testé avec Benji (Benjamin Aubry qui a fait notre pochette) pleins de pochettes différentes mais aucune ne convenait vraiment. Et puis un jour cette simple photo nous a séduit tous instantanément. Et c’est aussi parce qu’il s’agit des 2 chiens, des 2 mascottes du BlackBox Studio de Iain Burgess, l’Ingé son du BlackBox disparu en 2010, à qui l’on doit toute notre vie musicale et en particulier avec qui on a enregistré nos 2 albums précédents (Silencer et Open Fire).
Daria est un groupe qui joue vite comme le signale l’étymologie de son nom, en langue arabe. Mais plus que le tempo, c’est surtout l’urgence qui ressort de vos compositions. Quels sont les thèmes qui vous tiennent à cœur d’évoquer au travers de vos paroles ?
Etienne : Pas tant que ça non plus… Les tempos à 220 bpm sont assez rares chez nous ! Mais oui on aime quand c’est intense par contre… Les textes de ‘Red Red’ abordent principalement le sujet de la disparition de Iain, du vide laissé, de comment on doit faire sans lui, etc etc… C’était pour nous la façon de lui rendre hommage… Des textes enrobés dans ce qui lui était le plus cher : un rythme, un mur de guitares et de la mélodie !
Camille : Les paroles sur cet album tiennent une place très importante, plus que sur aucun autre disque de Daria je crois. En effet, elles rendent toutes hommage à Iain. Même s’il y aura des morceaux plus implicites que d’autres, sa présence se retrouve tout au long du disque… Expliquer ce qui nous liait à lui c’est compliqué, mais cet album, je le vois personnellement comme une manière d’exprimer notre peine mais aussi d’essayer de faire le deuil ; continuer à faire du rock sans celui qui a nous appris à en jouer ; rester pudique mais exprimer ce que l’on a sur le cœur… A y regarder, je pense que ces paradoxes nous ont aidé pour cet album, et peut-être au-delà.
Tous les titres ont été enregistré « live », c’est-à-dire vous quatre, jouant tous ensemble et enregistrés en même temps. Etait-ce pour vous un moyen essentiel pour vous d’enregistrer un album fondamentalement « rock » ?
Etienne : Oui je crois. Oui car ça nous tenait à cœur de le faire live, sans clic, reprendre du début s’il y a des erreurs (voire en conserver quand elles sont magnifiques…). Et tout ça pour garder le côté spontané, naturel, pas calculé… N’est-ce-pas la définition du rock ceci dit ?!
Lors de votre précédente sortie de studio, vous aviez déjà en tête Red Red. Du coup, la question imparable : avez-vous déjà pris rendez-vous avec l’ingénieur du son pour l’année prochaine ? Dans quelle direction Daria pourrait évoluer dans le futur ?
Camille : Pour être tout à fait honnête, nous n’avions pas franchement planifié Red Red au delà de l’idée séduisante de faire un autre album après Open Fire. Les choses se sont faites au fur et à mesure. Donc pour te répondre, nous n’avons pas spécialement pris rendez-vous pour l’année. Après, si tout se passe bien nous devrions être amenés à enregistrer de nouveau pour un super projet de split dont nous vous parlerons en temps et en heure ! En ce qui concerne notre évolution musicale dans le temps, c’est difficile à dire. Cela fait déjà 10 ans que nous jouons, et nous avons l’impression d’évoluer c’est vrai, mais aussi de continuer à jouer la musique qui nous plaît. Par dessus tout, on aime jouer tous les quatre, on aime le rock et les mélodies, je pense que ça laisse pas mal de possibilités !
D’un point de vue personnel, l’idée d’un show « Big Band » avec de nombreux musiciens et un réarrangement complet de nos morceaux m’a toujours séduite…
Etienne : Chaude cette question… La musique de Daria c’est nos vies mais pas notre métier. On ne calcule pas grand-chose, on fait les choses à notre niveau, à notre échelle de temps… Donc prenons les choses dans l’ordre : sortons Red Red, défendons-le en live et on verra pour la suite. Faudra que tu nous reposes la question dans 1 an et demi ou 2 ans. Là on y verra beaucoup plus clair ! Quant au style : clairement ça ne devrait pas évoluer beaucoup, ou alors on ne le fera pas exprès… A l’image du retour plus évident des mélodies dans ce 3ème album.
Daria est un groupe modeste, mais qui continue de vivre en sortant sa cinquième production en 10 ans. Quelle est la récompense aujourd’hui pour vous de faire partie de Daria ?
Etienne : Je crois que c’est les gens qui nous accompagnent pour sortir Red Red qui représentent pour nous la plus belle récompense. L’énergie mise en oeuvre, l’envie, le soutien des 2 labels angevins qui partent avec nous dans l’aventure ‘Red Red’ et bien c’est formidable : YOTANKA pour le CD digipack et le numérique // DES CISEAUX ET UNE PHOTOCOPIEUSE pour l’édition vinyle. Du coup ce côté « local » et « artisanal » je crois c’est aussi parce que depuis 10 ans on bosse sur un circuit indépendant qui nous le rend bien maintenant en mettant à nos côtés des labels comme ça !
Pour l’instant vous disposez d’assez peu de dates pour votre tournée promotionnelle. Daria est-il un groupe qui peine à se faire entendre ?
Etienne : Déjà plus de 20 dates de calées seulement sur le printemps 2012, c’est quasi notre meilleur début de « tournée » pour défendre un nouvel album. Donc en vrai on est ravi puisqu’encore une fois nous n’aspirons pas à devenir professionnels donc c’est systématiquement sur les WE et les vacances que l’on peut jouer… Je peux d’ores et déjà dire qu’on jouera en Allemagne et Hollande au mois de Mai. Qu’on sera en Irlande/UK au mois d’Octobre prochain et qu’entre temps on essaiera de défendre Red Red partout où on pourra en France… La scène c’est là qu’on aime être !
Daria est un groupe très ancré dans la scène angevine, on vous a d’ailleurs découvert en première partie de la Ruda. Quels sont en 2012 les jeunes pousses angevines qui vous font vibrer ?
Etienne : Par pousse, tu entends ce qu’on met sous lampe et qui tend vers le vert ? Auquel cas c’est délicat d’y répondre ici. Sinon c’est Wank For Peace !
Camille : Pareil. J’adore la musique, les mecs sont des amours, hyper motivés, efficaces, DYI… Clairement une rencontre humaine et musicale ! Ce sont ces mêmes gars qui se sont mobilisés pour sortir le disque au format vinyle, via leur label ‘Des Ciseaux et Un Photocopieuse’.
Pour finir, le dernier mot vous revient avec la question « stupide » de fin d’interview : préféreriez-vous que les jeunes filles du premier rang pleurent ou s’évanouissent en vous voyant ?
Etienne : Si c’est un gros barbu qui pleure ou s’évanouit alors là, oui, on a tout gagné ! Les demoiselles c’est déjà fait ! 🙂
Camille : Pour ma part, j’ai toujours préféré La 7eme Compagnie au Gendarme de St Tropez ! Ca répond à la question ? Merci, bonsoir !