Le 23 juillet dernier, la plus grande diva soul du vingt-et-unième siècle s’éteignait tristement à l’âge de 27 ans, rejoignant ainsi le célèbre club formé par Cobain, Hendrix, Joplin ou encore Morrison. Comme le veut la traditionnelle coutume de notre monde moderne, un album de chansons inédites d’Amy Winehouse est donc sorti au moment des fêtes de Noël : Lioness : Hidden Treasures.
Des trésors cachés mais pas tant que ça. La grande majorité des titres de l’album ont été enregistrés ces dernières années, à une époque où la grande Amy savait encore faire preuve de son talent. Ainsi, le disque s’ouvre sur « Our Day Will Come », enregistré en 2002. Présenté comme le tube de l’album, le titre, composé à l’origine par Bob Hilliard pour Ruby & the Romantics, reste dans la lignée du style Winehouse : une voix suave accompagnée de cuivres avec une touche de musique reggae.
« Between The Cheats », enregistrée en 2008, se veut dans la pure tradition de la Motown : chœurs à l’unisson, voix soul à souhait… On se croirait en plein retour dans les années 1960. S’en suivent les premières versions originales de certains titres des anciens albums d’Amy Winehouse. « Tears Dry On Their Own », figurant à la base sur Back To Black, propose donc une version rallongée d’une petite minute et un peu plus groovy mais, au final, grosse déception : aucune différence majeure. On trouvera plus tard, sur Lioness : Hidden Treasures, une autre version de la chanson phare « Valerie », reprise des Zutons à la base. Le rythme y est accéléré cassant ainsi tout le charme proposé sur la version de Back To Black. Enfin, concernant la version originale de « Wake Up Alone », il s’agit ni plus ni moins de la version acoustique du titre. Des arrangements musicaux simplistes qui semblent convenir à la chanteuse, comme elle nous l’avait déjà montré avec « Love Is A Losing Game » dont la version acoustique présente sur l’édition limitée de Back To Black est absolument sublimissime.
Côté nouveautés, le butin est maigre mais il faut noter l’originale « Like Smoke », en duo avec le rappeur Nas. Le mélange soul / rap donne un rendu assez déroutant car il contraste réellement avec les deux albums précédents de la diva. On ne peut pas non plus passer à côté de « Body And Soul », duo avec Tony Bennett, dont des extraits ont été diffusés en masse suite au décès de la chanteuse. Il s’agit d’un titre empli de tendresse où la voix de Winehouse semble empreinte d’une certaine forme de dramaturgie et de fêlure qui font définitivement d’elle l’une des plus grandes divas, toute époque confondue.
Côté reprises, Lioness : Hidden Treasures nous offre la superbe « Will You Still Love Me Tomorrow ? » des Shirelles. Amy Winehouse reste fidèle à ses affinités avec la Motown et propose ainsi une interprétation d’une qualité nettement supérieure à l’originale. A noter qu’une version acoustique de cette reprise avait déjà été enregistrée par la chanteuse en 2004, dans le cadre de la bande originale du film Bridget Jones : L’âge de raison. Sur l’album posthume, on peut aussi écouter « The Girl From Ipanema » d’Astrud Gilberto, chanson préférée de la diva de Camden. Cette version, enregistrée avant son tout premier album Frank sorti en 2003, surprend d’une part par son style à la bossa nova mais surtout par la voix fraîche et candide de la chanteuse, à l’antipode de ses derniers succès. C’est à cette écoute que l’on prend pleinement conscience de la longue déchéance de Winehouse qui, au final, lui aura permis de décupler son talent. La dernière reprise que l’on trouve sur le disque est « A Song For You » de Donny Hathaway. Une preuve de plus du talent de l’anglaise et de sa capacité de réappropriation de grands tubes.
Pour terminer sur les « trésors cachés », « Half Time » et « Best Friends, right ? » sont deux titres qui n’ont pas été retenus pour figurer sur Frank. Et si, à l’époque, ils n’étaient pas considérés comme assez bons pour figurer sur le premier disque d’Amy Winehouse, c’est qu’il y avait une raison : ils sont bien loin de refléter le talent de la diva.
Pour conclure sur cet album posthume, on peut dire qu’il a été réalisé par Mark Ronson et Salaam Remi, les producteurs de Frank et Back To Black, sans nul doute pour surfer sur le décès d’Amy Winehouse et engranger ainsi un maximum de bénéfices. Malgré certains véritables trésors cachés comme « Between The Cheats », « Body And Soul » ou encore « A Song For You », l’ensemble n’est pas très convaincant. On est loin, très loin, du niveau de Back To Black.
On sait par ailleurs qu’il existe encore une bonne dizaine de chansons dans les coffres du label Island Records. Seulement, Amy Winehouse aurait fait promettre de ne jamais les diffuser au grand public. Reste à voir si son souhait sera respecté sur le long terme.
.: Tracklist:.
01. Our Day Will Come
02. Between The Cheats
03. Tears Dry On Their Own – Original Version
04. Will You Still Love Me Tomorrow ?
05. Like Smoke
06. Valerie – ’68 Version
07. The Girl From Ipanema
08. Half Time
09. Wake Up Alone – Original Recording
10. Best Friend, Right ?
11. Body And Soul
12. A Song For You
