Bukowski est devenu une référence pour le rock français à tel point qu’ils se sont mesurés aux plus grands il y a quelques semaines au Sonisphère, juste avant Slipknot. Mais le trio francilien a décidé qu’il n’en resterait pas là et il compte bien se faire une place au soleil au même titre que Gojira. Au détour d’un concert au Hellfest, Matt (chant & guitare) nous parlait déjà de leur ascension et de leur dernier opus « The Midnight Son » élu parmi les albums de l’année 2011.
Votre premier album « Amazing Grace » a été élu « album de l’année » par la critique française, c’est une ascension plutôt fulgurante pour un groupe français ?
Oui grâce à Philippe Lageat de Rock Hard qui nous a beaucoup soutenu. Nous étions mêmes dans le top ten entre Megadeth et Kiss ! C’est-à-dire qu’il y avait « Slipknot, Megadeth, BUKOWSKI, Kiss ». Kiss sous Bukowski ! C’était incroyable !
« The Midnight Son » est plus lourd que votre premier album, qu’est qui a changé dans votre musique ?
C’est plus torturé, je dirais. Bon déjà on ne se drogue plus (Rires). Non, je rigole. Nous avons eu plus de temps pour composer cet album enfin si je puis dire. « Amazing Grace » est plus droit, tout est tiré d’une traite. Je trouve qu’il est un peu fatiguant à la longue à écouter et j’en ai pris compte pour « The Midnight Son » en essayant de l’aérer un peu plus. L’album est plus rond mais pourtant la composition des morceaux a été réalisée en trois mois. Nous n’avions pas le choix, nous avons signés sur un nouveau label qui nous a prévenus au préalable que nous n’aurons que ce laps de temps pour sortir un album. Je n’avais qu’un ou deux morceaux en poche donc nous l’avons réalisé dans l’urgence complète. Nous sommes un peu déçus de ne pas avoir eu assez de temps et de recul donc nous préparons notre vengeance sur le troisième !
Vous composez déjà votre troisième album ?
Sincèrement, j’ai déjà soixante morceaux en attente parmi lesquels je vais devoir choisir.
L’étiquette d’« ex-Wunjo » ne vous suit pas trop ?
Non et personnellement cette étiquette ne me dérange pas. Je n’étais que remplaçant au sein du groupe, je pense que j’en souffrirais un peu plus si j’avais été le fondateur de ce groupe. Mais finalement, la référence à Wunjo ne nous colle pas trop, je pensais que nous allions mettre plus de temps à nous en débarrasser. Bukowski a une identité très marqué et à l’opposé de Wunjo donc l’étiquette, je m’en lave les mains !
Est-ce que vous aspirez à une carrière internationale comme Gojira ?
Oui, j’espère que la date du Sonisphère sera aussi l’occasion pour Bukowski de se faire remarquer. Il y aura sur place pas mal de producteurs étrangers. Notre but est aussi de s’exporter à l’international et de ne pas rester que sur le sol français. Le problème de la France, c’est qu’il y a trop de groupes « FM », ultra marketing et sélectionnés. Il faut savoir qu’en France, si tu ne chantes pas en français, on ne t’accorde aucune subvention et c’est un handicap énorme pour pas mal de groupes. Pourtant, il y a eu une période où le métal décollait bien en France avec la Wormcast, la Team Nowhere mais tout a disparu et on ne sait pas vraiment pourquoi c’est vraiment dommage !
Vous avez pourtant fait une tournée en Amérique Latine. Comment s’est-elle déroulée ? Ce continent n’a pas une très bonne réputation question sécurité pour les groupes étrangers…
Oui c’était chaud! J’ai voulu faire mon malin et je n’aurais pas dû. En faite, nous avons tournés en première partie d’un groupe très connu là bas qui s’appelle Los Natas. On jouait devant 800 personnes à chaque concert. Mais ces gars, ils sont dangereux. Lors de notre première date, j’ai laissé mes affaires personnelles dans les loges et des type d’un des groupes en co-headline m’a volé. Je suis allé les voir pour s’expliquer et ils m’ont chopés dans un coin, posés un flingue sur ma tempe en me demandant quel était mon problème. Ils m’ont balancé dix euros à la figure et ils m’ont dit de dégager…imagines tout de même que l’on jouait avec eux le lendemain !
C’est plutôt violent comme ambiance de tournée, non ?
Non mais la tournée était fantastique. J’y retournerais mais je garderais mes affaires et je ne ferais pas le malin. En Amérique Latine, les lascars ce ne sont pas les petits joueurs des cités françaises, c’est des tueurs, des vrais.
Nous avons même joués dans des favelas sans le savoir. Nous faisions une date avec que des petits jeunes néo-métal et à la fin du concert nos bookers nous ont avoués qu’il s’agissait en faite d’un concert hommage au frangin du chanteur du dernier groupe. Il s’était pris une balle dans la tête la semaine précédente. Puis en désignant le public, il m’a dit « Tous les gens que tu vois là, ils sont tous armés jusqu’aux dents ».Tout compte fait, heureusement qu’ils nous l’ont dit après parce que c’est plutôt tendu pour jouer dans ce genre d’ambiance !
Et l’Amérique du Nord ? Un petit concert au Rainbow Bar, vous qui êtes des aficionados de Lemmy & Motörhead ?
(Rires) C’est drôle que tu me dises ça car hier soir j’ai rencontré un des organisateurs du Rainbow, il a surkiffé notre album et il a promis de nous produire. Mais bon pour l’instant, ce ne sont que des paroles en l’air mais le mec je ne le lâcherais pas, je vais le pourrir ! (Rires).