Zuul FX a pris depuis un moment déjà le wagon des groupes de Métal français qui réussissent à l’étranger. Pour cette première date de soutien du nouvel album, The Torture Never Stops, ils ont choisi le Nouveau Casino comme cadre à leurs nouveaux ébats scéniques, fiers de nous parler de leurs nouvelles compos, du petit nouveau à la batterie et de son intégration, mais aussi de l’actualité du Métal et du reste. Rencontre avec Karim (guitare), Shag (basse) et Clément (batterie).
Pourquoi avoir choisi le Nouveau Casino pour la grande première de votre tournée?
Shag: On voulait faire une date à Paris, on cherchait un club à taille humaine, qu’on soit capable de remplir. Et on ne voulait pas non plus un truc trop petit, donc Le Nouveau Casino était parfait, de dimension standard, bien foutu, bien situé… on avait plusieurs options mais on a choisi celle là car pour nous c’est le club typique dans lequel un show de Zuul FX se passe super bien.
Abordez-vous le public parisien différemment du reste de l’hexagone?
S.: On va leur mettre des claques au parisiens! Nous on est un groupe parisien, mais le problème à Paris, c’est que les gens pensent qu’ils savent tout. Mais moi le premier, hein! Donc quand ils se pointent à un concert, ils sont souvent blasés, car il y a en a beaucoup, et souvent ils en ont vu un la veille ou le lendemain… Ils viennent au concert en observateurs en fait. Le public parisien s’aborde de la même façon, mais quand il ne bouge pas, on prend d’autant plus plaisir à l’engueuler! (rires) En province, ça part de toute façon un peu plus facilement…
Au niveau de la setlist de cette tournée, allez-vous intégrer les nouveaux morceaux au fur et à mesure ou faire une setlist plus définitive?
Karim: En gros il y aura un peu de chaque album à égalité. On va tester ça déjà, et on verra en fonction des réactions du public, s’il faut ajuster ou non.
Parlons un peu du nouvel album. D’où vient ce titre, The Torture Never Stops? Y a-t-il un rapport avec le titre de Franck Zappa?
S.: (rire général) Ah on ne nous l’avait pas encore sortie celle-là! Non, aucun rapport. Il y a une chanson de WASP éventuellement, ou tu peux trouver un rapport, mais avec Zappa. L’explication va avec le concept de l’album, les zombies et tout ça. Sans rentrer dans le détail, c’est une métaphore sur la société, le zombie n’est pas forcément celui qui t’arrache les viscères, mais plutôt celui qui est un mouton parmi les autres, qui est zombifié avec les autres… C’est un peu ça l’idée.
Avez-vous travaillé de manière différente sur cet album par rapport aux précédents?
S: Totalement.
K.: Oui, alors la nouveauté sur cet album, c’est qu’on l’a produit nous-mêmes. C’est venu d’une remise en question, car on voulait faire quelque chose de différent. Le meilleur moyen de faire ce que l’on a en tête, c’est de la faire nous-mêmes. Voilà. Après on a dû apprendre, réfléchir…
Est-ce que le fait d’avoir changé de batteur a influencé votre manière de composer?
S.: Faut faire gaffe à ce qu’on répond, il est à côté! (rires)
C.: Quand je suis arrivé dans le groupe, je ne savais pas trop comment ça fonctionnait, c’était aussi pour moi une nouvelle technique pour travailler. Il y a eu plus de recul mais aussi de spontanéité… c’était spécial, en fait!
K.: On a plutôt demandé à Clément d’amener ses trucs à lui, et il se trouve que ça a collé avec ce que l’on avait fait et au final, ce n’était pas si compliqué… ses idées collaient avec les nôtres, tout simplement.
Le rendu global de cet album est assez brut, malgré la présence de quelques sons synthétiques, était-ce une vraie volonté de garder ce côté là?
K.: C’était une volonté mais aussi une démarche naturelle, car à un moment de la production, on s’est demandé s’il fallait rajouter des choses, et on s’est dit qu’il n’y avait pas forcément besoin d’en mettre plus. On a un peu lâché le côté industriel qu’on avait à un certain moment car sur les nouvelles compos, ça ne marchait pas aussi bien.
S.: Je suis assez d’accord avec ça. Il y a avait un son Zuul FX que l’on voulait garder, et même avec la nouvelle façon de travailler, personne n’a perdu l’idée qu’il fallait garder cet esprit là. Les machines ont travaillé pour nous plutôt que le contraire en fait. On ne s’est pas laissé déborder, justement.
Je trouve que cet album a de belles parties Néo-Métal assumées, est-ce aussi votre sentiment?
K.: On n’a pas franchement pensé à du Néo en faisant les morceaux, par contre, on avait un espèce d’esprit des années 90, car moi je viens culturellement de cette décennie là. C’est plus l’esprit d’une époque que le Néo en particulier. Il n’y a pas de référence particulière à un groupe.
C.: Moi je ne trouve pas spécialement que ce côté là ressorte… A part le titre éponyme peut-être, qui a un groove vraiment particulier, mais c’est tout! Je ne trouve pas que ça sonne Néo, et pourtant pour moi Néo ce n’est pas négatif ou péjoratif!
S.: Moi je suis d’accord avec les deux en fait! Oui et non. Non, il n’y a pas de volonté de faire du Néo, mais oui ça sonne de temps en temps comme ça, sur des refrains…
Pendant la production de l’album, il y a un moment où vous avez tout repris depuis le début. Pouvez-vous nous en dire un peu plus là-dessus?
K.: C’est ce truc de remise en question dont je te parlais, à un moment on s’est dit, OK, ce qu’on a fait, c’est bien, mais on peut faire mieux, donc on reprend. Après l’avantage de se produire soi-même c’est qu’on a le temps. C’est le luxe qu’on s’est octroyé.
S.: Si tu veux un scoop, même si trois albums de Zuul FX sont sortis, il y en a en réalité cinq. Il y en a deux qui ont été mis à la poubelle, dont un avec l’ancien guitariste, pour ne pas sortir un album, Live Free Or Die, avec quelqu’un qui n’était plus là. Et on a fait la même chose quand Aurélien est parti et que Clément est arrivé.
Le projet Zuul FX est donc en constante évolution, tout en gardant les bases d’origine?
K.: Oui, c’est un truc vivant. Quand tu as une idée à la base, ça prend des années à en explorer tous les aspects… On essaie des nouveaux trucs assez régulièrement.
S.: C’est pour cela que l’on n’est pas des grands «livreurs» de disques. Sinon on ferait des disques tous les huit mois comme certains, mais on n’arriverait pas à se renouveler comme on le fait.
Vous bossez aujourd’hui avec XIII Bis, qui n’est pas à 100% un label de Métal. Qu’est ce que ça vous apporte, justement, de travailler avec un label qui officie sur d’autres styles?
S.: Encore une fois, XIII Bis pas métal, oui et non. Il ne faut pas oublier que c’est grâce à eux que Rammstein ou Nightwish sont arrivés en France, et que pas mal de groupes scandinaves qui sont arrivés en France le sont en partie grâce à eux… C’est un truc bien ancré chez eux, même s’ils ont toujours eu une volonté de se diversifier et d’avoir un catalogue assez large. L’avantage de ce type de label, c’est qu’ils ont plus de poids que les labels qui font exclusivement du métal. Zuul FX fait partie d’un catalogue diversifié sur un gros label, suffisant pour implanter Zuul FX en France et à l’étranger. C’est super important pour nous.
Vous avez reçu un bon accueil à l’étranger, comme pas mal de groupes français en ce moment. Comment expliquer cela?
C.: C’est peut-être parce que le Métal marche mieux à l’étranger en général! Tu vois que le public est beaucoup plus réceptif à l’étranger! Mais c’est aussi parce que là-bas, on a l’étiquette du groupe étranger, donc ça marche bien.
K.: A notre niveau parfois, le fait d’être un groupe français est handicapant pour jouer en France. Tu es toujours mieux accueilli là où on ne te connais pas du tout.
C.: Il y a une espèce de snobisme quand on dit que tout est mieux à l’étranger, mais c’est juste que les conditions ne sont pas les mêmes… A l’étranger, on passe pour un groupe qui a déjà fait ses preuves en France et donc qui s’expatrie ensuite… Parfois on va voir un groupe américain en se disant que ça va être un truc énorme, et au final c’est pas terrible, on est juste allé les voir parce qu’ils étaient américains…
Y-a-t-il des groupes avec qui vous avez partagé des scènes qui vous ont plus impressionné que d’autres?
K.: Je trouve que Machine Head, quoiqu’il arrive, ça reste impressionnant.
S.: C’est ce que j’allais dire! On a eu le plaisir de faire une date avec eux, et c’était propre, pro, mais sans prétention aucune…
K.: Quand tu les vois tu te dis que ce n’est pas pour rien que c’est l’un des meilleurs groupes de Métal au monde…
Est-ce que vos projets de tournée à l’étranger ont avancé?
S.: A priori, oui ça avance! Il y a une tournée européenne qui se monte pour septembre-octobre prochain, mais ça bosse bien dans ce sens en tout cas.
Vous verra-t-on sur les festivals cet été?
S.: On est confirmé sur plusieurs festivals, dans le Nord, en Suisse et en Belgique, notamment à Dour… C’est déjà pas mal. Le Hellfest toujours pas, et ce n’est même pas la peine de poser la question! (rires)
Mais je ne l’ai pas posée!
S.: Ca va devenir la question piège, pourquoi on ne vous voit pas au Hellfest?
K.: Ce n’est même pas piège du tout, car tout simplement, le Hellfest ne veut pas nous faire jouer, voilà! C’est une vieille histoire, et on s’en fout.
Un grand merci à Zuul FX pour leur gentillesse et leur temps avant la première date de leur tournée.
Merci à Charles Provost (H.I.M. Media) et Stéphane (Management Zuul FX) qui nous ont permis de réaliser cette interview dans de très bonnes conditions.
Interview et photos: Julien Peschaux pour Vacarm.net