Les groupes parodiques ou complètement décalés fleurissent sur la scène française ces derniers années; outre Stupeflip, les métalleux d’Ultra Vomit ou Andréas et Nicolas, tous connaissent le succès grâce à une formule éprouvée, à savoir des paroles un peu débiles sur des sujets quotidiens, un soupçon de revendication sociale, et surtout des mélodies efficaces et bien pensées. Les Rois De La Suède ne dérogent pas à la règle: ils font sourire ou rire, dénoncent un peu, mais surtout impriment dans nos tête des mélodies certes débiles mais surtout indélibiles. «Tack!», comme on dit chez nos voisins scandinaves…
Pour tout bon geek qui se respecte, Mr Poulpe, l’un des instigateurs du projet avec Ivan Callot, fondateur des Fatals Picards, n’est pas du tout un inconnu: en effet, il officie depuis un bon nombre d’années sur la chaîne Nolife, en tant qu’animateur, acteur, réalisateur et scénariste, toujours avec une sacrée dose d’humour totalement barré. C’est donc de la rencontre entre ces deux trublions, accompagnés de François N’Guyen (guitariste et chanteur d’Elista) que nait cette aventure comique mais musicalement plutôt sérieuse, à classer entre Didier Super et les Svinkels.
Notre bon Didier national n’est d’ailleurs jamais très loin lorsqu’il s’agit de porter haut le drapeau de la dérision, puisque celui-ci participe à l’un des morceaux phares de ce Best Of Vol.1, «Les Chanteurs Qui Dérangent», pastiche des chansons caritative du style «We Are The World», où participent aussi l’humoriste Christophe Alévèque, le chanteur Didier Wampas et le duo de La Chanson Du Dimanche (on ne peut que d’ailleurs vous conseiller d’aller jeter un oeil au clip). Le ton est donné, Les Rois De La Suède sont des gens cultivés qui n’hésitent pas à taper avec humour sur tout ce qui les fait marrer: la politique («Socialisme») ou internet («Myspace Tu Vas Mourir»), par exemple. Ils n’hésitent même pas une seconde à attaquer sur le physique avec «Le Petit Gros De Tokyo Hotel», et prêtent encore une fois allégance au roi Didier avec «La Fête Chez Les Pauvres» qui n’est pas sans nous rappeler le chef d’oeuvre du maître, «Y en a marre des Pauvres».
Alors on rigole beaucoup tout au long de ces douze titres, mais cela ne vaudrait même pas la peine d’en parler s’il n’y avait pas un réel intérêt musical, tant les parodies sont légions aujourd’hui. Et là, la présence de l’ex-Fatal Picards doit y être pour beaucoup car, sans grande prétension musicale, c’est une vraie réussite: avec un rap à la Svinkels, posé sur diverses rythmiques très variées, surtout électroniques, évoquant tour à tour, l’univers musical de Sergent Garcia («Il y a la ville»), TTC («T’es Belle»), ou La Chanson Du Dimanche. La qualité musicale est bien là ,et les parodies de styles très bien executées; on se fait même prendre à ce petit jeu musical avec des très bons titres diablement accrocheurs comme «Les Deux Doigts Dans La Prise», où le trio s’en prend gratuitement au son des années 80. Fichtre.
«Grâce à nous la France avance», chantent-ils… bon faut pas déconner non plus, mais en tout cas, ce mélange de dérisions, portée par une réelle intelligence des textes, bien dissimulée derrière un gros tas de n’importe quoi, fait plaisir à entendre. Un vrai coup de coeur, donc, pour ces ados attardés qui regrettent Kurt Cobain («La Crasse Américaine»), mais aussi les eighties, «le nez dans la farine, les deux doigts dans la prise». Qui a dit que les geeks n’étaient pas drôles?
.: Tracklist :.
1. Il y a la ville
2. Socialisme
3. Myspace tu vas mourir
4. Parniak le cougar
5. Le p’tit gros de Tokio Hotel
6. La fête chez les pauvres
7. T’es belle
8. La crasse américaine
9. La faute aux enfants
10. Je te regarde mon amour
11. Les deux doigts dans la prise
12. Les chanteurs qui dérangent
