Comme bien souvent dans de nombreux domaines, la Finlande marque une nouvelle fois son originalité culturelle vis à vis du vieux continent… fort d’avoir fait gagner un groupe de heavy-métal au triste concours de l’Eurovision (Lordi) et poussant très souvent des albums métal tout en haut des charts nationales, ce pays marque encore sa singularité musicale avec l’avènement d’Apocalyptica, un groupe composé de trois violoncelles poussés dans des retranchements sonores jamais explorés avec un tel instrument: pizzicato, harmonie, saturations et effets divers, le plus dur dans la musique d’Apocalyptica est de se persuader que l’on écoute des violoncelles et non les instruments traditionnels du métal… Fondé en 1993 par Eicca Toppinen, le combo finlandais attire aujourd’hui les plus grands noms du métal pour jouer sur ses titres et a acquis une renommée internationale méritée.
Ce 7th Symphony est donc un parti pris, celui d’un savant mélange entre chansons à passerelles radiophoniques et compositions symphoniques instrumentales dans le pur style d’Apocalyptica, la tracklist alternant les deux styles de morceaux. Trois ans après le discutable Worlds Collide, Apocalyptica introduit les débats avec «At The Gates Of Manala», excellente introduction d’album progressive et symphonique où l’on remarque directement le son saturé compressé des violoncelles… et non, ce ne sont pas des guitares! C’est donc le moment de se demander qui est responsable de la production quasi-parfaite de l’album, pour s’apercevoir qu’il s’agit de Joe «Evil» Baresi, l’extraterrestre de la prod qui sublime les derniers albums de Tool, Queen Of The Stone Age ou Bad Religion… ouf, on est entre de très bonnes mains, et il en faut pour donner une cohérence à une tracklist aussi riche et variée qui donne dans de nombreux styles afférents au métal. Le premier single ultra-radiophonique de l’album, «End Of Me» est chanté par Gavin Rossdale (Bush) et on peut dire que s’il avait pour but de rester dans nos têtes avec son refrain mélodique à la limite du pop-rock, c’est chose faite, n’en déplaise à ses détracteurs qui pourront assimiler ça à de la soupe MTV…
La suite est on ne peut plus appétissante: un sombre et génial «2010» avec Dave Lombardo (Slayer) aux fûts, un lyrique et gothique «Broken Pieces» avec la jolie voix de Lacey Mosley (Flyleaf) qui ravira les fans de Eluveitie ou Within Temptation, et surtout le tant attendu «Bring Them To Light» avec notre Joe Duplantier (Gojira) national, qui devait à l’origine figurer sur l’opus précédent, mais les deux parties n’ayant pas été satisfaites du premier jet de la chanson, ils ont choisi de le réenregistrer pour qu’il apparaisse sur 7th Symphony avec un résultat surprenant et détonant, entre mélodie et violence pour un morceau très attrayant. Les morceaux plus dans le style habituel d’Apocalyptica ont eux, en plus de leur côté symphonique, pris une dimension progressive supplémentaire embellie par le travail de Joe Baresi et des arrangements en tous points réussis.
Le gros atout de cet opus est donc la diversité des genres du métal abordés par le combo finlandais; les puristes d’un style en particulier seront donc désarçonnés, voire repoussés par cet album et ses, il est vrai, nombreux titres mainstream. Mais Apocalyptica, en choisissant cette voie, a décidé de faire connaître sa musique au plus grand nombre, mais avec finesse et goût, s’entourant de pointures du milieu pour un album qui, s’il perd parfois en cohérence, est vraiment agréable à l’écoute, et contient une vision décomplexée du métal et de ses différents styles, du plus sombre au plus populaire, le tout avec un son sublime. A recommander aux ouverts d’esprit, en somme…
.: Tracklist :.
1. At the Gates of Manala
2. End of Me (ft. Gavin Rossdale)
3. Not Strong Enough
4. 2010 (ft. Dave Lombardo)
5. Beautiful
6. Broken Pieces (ft. Lacey Sturm)
7. On the Roaf Top with Quasimodo
8. Bring Them to Light (ft. Joe Duplantier)
9. Sacra
10. Rage of Poseidon