Bad Religion fait partie de ces groupes dont les productions sont identifiables entre mille, et dont le style n’a pas changé en 30 ans. Du How Could Hell Be Any Worse? des débuts à The Dissent Of Man, les californiens sont restés sur le créneau du Punk-Rock mélodique soigné et accompagné de chœurs, les fameux « Oozin’ Aahs » inspirés par le groupe The Adolescents au début des années 80. Entre cartons dans les ventes (Recipe For Hate, The Gray Race, Stranger Than Fiction) et albums cultes (Suffer, No Control, Against The Grain) qui inspireront toute une génération de punk-rockers dans les années 90, Bad Religion est sûrement l’un des groupes les plus réguliers qualitativement et quantitativement dans l’histoire du Rock, même si l’on peut regretter un manque de surprise à l’occasion de la sortie d’un nouvel opus. S’ils ont inspiré le revival du Punk-Rock US dans les années 90, ils représentent aussi une stabilité exemplaire, surtout depuis le retour de Mr Brett (Gurewitz) en 2002, guitariste emblématique du groupe et fondateur du label Epitaph.
Pas de surprise, donc pour la sortie de ce The Dissent Of Man? Eh bien non, et c’est tant mieux. Car si le changement n’est pas au rendez-vous, la qualité, elle, est toujours là. Où diable le Révérend Graffin va-t-il chercher depuis trois décennies ces perles de mélodies et cette voix claire, limpide et précise, qui met en lumière ces brûlots à l’encontre d’une religion dépassée par son époque? Dès le début de l’album, on tient déjà deux pépites haut de gamme labellisées Graffin/Gurewitz, dont les mélodies ne sont pas prêtes de quitter nos têtes, j’ai nommé « The Resist Stance » et surtout « Won’t Somebody », exemples d’efficacité rythmique et vocale, sans équivalent dans le monde du Punk-Rock mélodique d’hier et d’aujourd’hui. Brooks Wackermann, ex-Suicidal Tendencies qui a rejoint l’aventure en 2002 derrière les fûts, démontre une fois de plus sur cet album qu’on peut être batteur Punk et techniquement au dessus de la moyenne, en donnant un cadre rythmique exemplaire aux deux guitares du combo californien. Si certains morceaux du cœur de l’album ne resteront pas forcément dans les mémoires par leurs relatif manque d’originalité (« Pride and the Pallor », « Wrong Way Kids »), on est vite rassuré par l’énergie et les solis intempestifs accrocheurs des titres suivants. Si « Ad Hominem » nous émerveille par son groove vocal improbable et la puissance des jeux de guitare rappelant le génial « Infected » de l’époque Stranger Than Fiction, « Where the Fun Is » explose par une fougue qu’on croyait réservée aux groupes adolescents et « I Won’t Say Anything » nous attendrit par sa rythmique poppy, parfait pour terminer en douceur un album en de nombreux points totalement réussi.
Les compositions de ce The Dissent Of Man représentent totalement l’univers musical de Bad Religion et ressemblent beaucoup au travail fait sur les albums précédents, notamment sur New Maps Of Hell. Les fans du groupe y trouveront donc leur compte, et quant à ceux qui découvrent Bad Religion, on ne saurait trop leur conseiller de se replonger dans la discographie pléthorique du groupe, remplie d’albums énergiques, sincères aux paroles d’une intelligence rare, celle de Greg Graffin, docteur à l’université par ailleurs et qui sort en même temps que cet album son second livre, intitulé « Anarchy Evolution: Faith, Science and Bad Religion in a World Without God » qui traite de la relation entre religion, science et naturalisme.
Par ailleurs, vous pouvez retrouver l’interview de Jay Bentley, bassiste et membre fondateur du groupe, qui nous avait fait l’honneur de nous parler de cet album et de la carrière unique du groupe lors du passage de Bad Religion à Paris au mois de Juin dernier.
.: Tracklist :.
1. The Day That The Earth Stalled
2. Only Rain
3. The Resist Stance
4. Won’t Somebody
5. The Devil In Stitches
6. Pride And The Pallor
7. Wrong Way Kids
8. Meeting Of The Minds
9. Someone To Believe
10. Avalon
11. Cyanide
12. Turn Your Back On Me
13. Ad Hominem
14. Where The Fun Is
15. I Won’t Say Anything