The Jim Jones Revue est un OVNI musical sur la scène Rock actuelle. Entre Rock’n Roll et Garage, on comprend bien vite qu’il ne faut pas leur parler de nostalgie du bon vieux temps car les acolytes de Jim Jones ne rendent pas hommage aux 50’s, ils font vivre ce Rock’n Roll qui s’était perdu dans les dérives commerciales et en reprennent le meilleur, à savoir l’énergie, la critique sociale et un swing incroyable. Entretien avec Rupert Orton et Jim Jones, guitariste et chanteur d’un groupe que beaucoup ont découvert avec plaisir lors des festivals de l’été.
C’est loin d’être votre première fois en France, vous rencontrez vraiment votre public ici. Comment-expliquer cela?
Rupert: Je ne sais pas vraiment… Il y a quelques années quand nous avons sorti le premier album, les français ont été les premiers en Europe à saisir et aimer vraiment ce que nous faisions. Cette relation particulière doit venir de là. On adore venir en France, c’est un endroit vraiment excellent pour jouer et le public français est très réceptif. C’est génial de jouer ici et d’être là ce soir, vraiment.
Vous jouez une musique un petit peu nostalgique…
R.: (il coupe) Non. Non ce n’est pas ça. Nous jouons une musique qui est influencée par le Rock’n Roll des année 50, mais les paroles qui parlent de la vie à Londres aujourd’hui, ça ce n’est pas nostalgique. Ce n’est pas une sorte de revival, de musée de la musique… cette musique a un rapport avec le fait d’être vivant aujourd’hui, avec l’âme humaine.
Rassurez-moi, il y a des choses que vous aimez dans le Rock d’aujourd’hui?
R.: Non! (rires) Non pas vraiment, la raison pour laquelle Jim et moi avons créé ce groupe c’est parce que nous ne trouvions pas de musique qui nous excitait et nous plaisait vraiment et qui avait un rapport avec la musique que nous aimions.
Jim: Je suis d’accord avec ça, ce que nous faisons n’est pas du tout nostalgique, car il ne s’agit pas de recréer les années 1950. On y prend juste des éléments qui nous plaisent, comme on l’a fait avec le Punk-Rock aussi…
J’allais y venir justement. Il y a une forte influence Punk dans votre musique. Qu’est ce qui vous attire dans les mélodies et les rythmes Punk?
R.: Le Punk représente une grosse partie de ce que nous faisons. Ce qu’on aime dans le Punk c’est le swing, une sorte de swing nihiliste…
J: C’est la digression des choses que nous aimons dans le Punk, plus que tout le reste, plus que les mélodies ou autre.
Est-ce qu’on peut qualifier votre musique de Punk’n Roll?
R.: Non je préfère pas! (rires) J’aime deux genres de musique, le Rock et le Roll, alors ce qui nous qualifie le mieux, c’est le Rock’n Roll!
Burning Your House Down sera votre troisième album depuis 2008, on peut donc dire que vous êtes plutôt un groupe prolifique… Vous ressentez un vrai besoin d’écrire et d’enregistrer souvent?
R.: Nous sommes un groupe de gros travailleurs. Nous pensons que ça fait partie du job d’un groupe de Rock. Nous jouons beaucoup, nous écrivons beaucoup… Au début de l’année nous avons entrepris de créer ce nouvel album, nous avons répété comme des fous, nous l’avons enregistré, arrangé et mixé nous-mêmes pendant une période de deux ou trois mois, tout en continuant à faire des concerts… c’est ce que nous aimons faire et ce pour quoi nous sommes là, c’est à dire faire de la musique. On ne va pas s’asseoir et se reposer, non! Ou sortir un album tous les deux ou trois ans, ce n’est pas du tout notre truc… Tu as quelque chose à ajouter à ça, Jim?
J: Non je pense que tu as tout dit. On travaille dans l’urgence, on a un boulot à faire, on sait ce que l’on fait et on avance. C’est juste du travail, du travail et encore du travail. Et tous les soirs lorsque l’on a joué, on analyse et on a regarde ce que l’on a fait. C’est important d’avancer encore et toujours. Si tu ne va pas de l’avant, tu stagnes, tu t’endors sur tes lauriers et ce n’est vraiment pas notre truc. Notre truc c’est l’énergie et délivrer un message à pleine vitesse.
Vous parlez beaucoup dans vos textes de la vie à Londres aujourd’hui, est-ce que vous pouvez m’en dire un peu plus?
R.: On ne parle pas seulement de l’actualité, on parle aussi des sentiments, du monde dans lequel je vis aujourd’hui… Chaque chanson à un thème vraiment spécifique, si tu me parles d’une chanson en particulier je pourrais te dire à quoi elle correspond, mais il n’y a pas de thème général, si ce n’est la vie! Ca peut parler d’une crise de nerfs, d’un état d’esprit… c’est la vie en général et les pensées qui te traversent l’esprit toute la journée. Ça peut être à propos de ce qui te traverse la tête quand tu fais la queue dans un magasin et que ça t’énerve, ça peut être ça! Les frustrations, le fait que tu peux te lever de bonne humeur et une fois la journée passées, tu as envie de tuer quelqu’un! C’est le quotidien de la vie dans une grande ville…
Vous avez récemment fait votre première tournée aux Etats-Unis, comment ça s’est passé?
R.: C’est une vieille tradition pour les groupes anglais d’aller au USA pour jouer de la musique américaine aux américains, c’est même devenu une expression en Angleterre… c’est toujours une expérience intéressante, et… c’était génial! On a fait une séance photo avec Mick Rock (un photographe mythique du Rock, connu pour ses séances photos avec Bowie, Queen ou Syd Barrett, NDLR) ce qui était juste extraordinaire car c’est un peu un héros pour nous. On a joué des concerts vraiment bons, agréables, à Manhattan, Brooklyn… on a joué avec les Smashing Pumpkins pour les 25 ans du magazine américain Spin… vraiment excellent. Et on y retourne jouer dans deux semaines pour une plus grande tournée, il y aura New York, Chicago, la côte ouest, Los Angeles… des moments très excitant à venir pour nous. Et nous reviendrons jouer en France au mois de novembre.
Vous avez tous un long passé de musicien derrière vous, est-ce qu’il y a des choses que vous rêvez de faire musicalement et que vous n’avez pas encore fait, des projets spécifiques?
R.: Une chose qui est très intéressante dans ce groupe, et nous en avons souvent parlé, c’est que la première fois que nous avons joué ensemble nous nous sommes dit: « C’est ça! C’est le truc! Et c’est vers ça que nous irons. » J’ai ressenti ça et je sais que les gars ont ressenti ça aussi. C’est ce que nous avions prévu de faire et nous restons sur cette ligne. Ce que nous faisons actuellement est génial, nous avons traversé toute l’Europe ces derniers temps, et cette année nous allons traverser le monde entier! C’est juste génial.
J: En tant que musicien, ta tâche principale, ton but dans la vie, c’est de faire de la musique excitante. L’alchimie dans ce groupe est géniale et je pense que nous continuerons à faire de la musique excitante tant que nous continuerons à aller de l’avant. C’est vraiment ça, une alchimie.
Vous avez donc trouvé la bonne formule?
R.: Je parlerais plutôt d’alchimie plus que de formule, car dans formule on sous-entend des calculs et des choses du genre, ce qui n’a pas été le cas. Il s’agit plutôt d’une sorte de chimie naturelle. C’est bien que le public aime ce que l’on fait, mais on prend aussi beaucoup de plaisir nous-mêmes. Au début de l’aventure on voulait surtout se faire plaisir et maintenant on fait aussi de plus en plus plaisir au public et ça c’est cool.
Les nombreuses références à un Rock’n Roll plus ancien dans votre musique peuvent effrayer un peu les plus jeunes… Qu’est vous répondriez à un gamin qui vous dirait que vous faites de la vieille musique?
R.: Qu’est ce que la vieille musique? Aujourd’hui de nombreux groupes tirent leurs influences de groupes des années 70, comme Joy Division… Le fossé entre le punk-rock des années 70 et le rock’n roll des années 50 est plus grand que celui entre la musique actuelle et celles des 70’s, par exemple donc on ne peut pas perler de vieillissement de la musique. On a beaucoup de jeunes gens qui viennent à nos concerts, qui ne connaissent pas le Rock des 50’s et qui se disent c’est quoi cette musique révolutionnaire qui nous fait danser? Et c’est le cas spécialement en France, où l’on voit beaucoup de gamins pogoter et slamer sur nos titres, ce qui est génial.
J: Je pense que traditionnellement la France a une bonne relation avec le Rock’n Roll. Les français le comprennent très facilement, le ressentent, ils n’ont pas besoin d’une traduction. Et ça a un rapport avec votre tradition révolutionnaire et anti-conformiste qui colle bien au Rock’n Roll. C’est quelque chose de naturel chez vous!
Merci à The Jim Jones Revue pour leur disponibilité.
Un grand merci aux organisateurs du festival Le Cabaret Vert, ainsi qu’à Stéphanie (Pias) qui nous ont permis de réaliser cette interview.
Interview réalisée et traduite par Julien Peschaux pour Vacarm.net