« Soma » est la septième piste du mythique Siamese Dream des Smashing Pumpkins. A la simple prononciation de ce mot, notre cerveau fait directement référence aux citrouilles de Billy Corgan. Depuis mars 2010, nos réflexes musicaux ont été modifié et la cause de ce changement d'état d'esprit est la sortie d'un album, Jewel and The Orchestra. Désormais, nous devrons intégrer dans notre tête que Soma désigne un groupe de rock français qui vient de sortir son véritable premier opus. Après un Ep en octobre 2009 qui a permis de nous confronter à l'univers musical de ce quator, Lionnel Buzac (chant/guitare), Sebastien Claret (guitare), Thomas Bitoun (batteur) et Thomas Fenouil (basse) défendent par le biais de la scène, exercice qu'ils maitrisent depuis une dizaine d'années, leur premier opus Jewel and The Orchestra. A noter; ces frenchies ont eu le privilège de s'acaparer les services de Dave Sardy qui a notamment travailler pour les frères Gallagher, Wolfmother…De passage au Ferrailleur de Nantes, les membres de Soma, installés en terrasse ont répondu aux questions de Vacarm sous un doux soleil nantais…
Hervé: Mise en jambe dans l'interview, pouvez vous faire une présentation de Soma aux internautes de Vacarm? Qui est à la base de ce projet?
Thomas Bitoun: Nous sommes des amis du lycée depuis une dizaine d'années. On trainait tous ensemble pendant les soirées et nous avions chacun nos groupes respectifs.On s'est rendu compte que nous écoutions un peu tous la même musique. Ça nous a rapproché et donner envie de créer un groupe ensemble.
Hervé: Votre premier album Jewel and The Orchestra est sorti le 1er mars 2010 dans les bacs de l'hexagone. Quels sont les critiques que vous avez pu recevoir par la presse spécialisée ou même du public ?
Lionnel: En général, les critiques sont plutôt bonnes. Nous sommes mêmes étonnés de toute cette positivité autour de Jewel and The Orchestra. Nous avons eu tous les journaux qu'il faut avoir pour se faire remarquer comme les Inrocks, Rolling Stones…Etre soutenu par les Inrocks par un article en pleine page, ce n'est pas rien ! C'est la même chose pour le web, nous avons eu de bonnes critiques. Une seule a été négative et elle vient de notre région (Rires!)
Thomas. B: Elle vient d'un fanzine marseillais.
Lionnel: Nous sommes très surpris de ces chroniques positives mais on se dit aussi que ça ne fait pas tout pour un groupe. Ce qui nous importe le plus dans le groupe, ce sont les critiques des concerts. Nous venons de la scène, on s'est fait connaître de cette façon et nous faisons notre promotion par le biais du live.
Thomas B: C'est important pour nous d'avoir un retour direct du public.
Hervé: Octobre 2009, Soma nous donne un avant goût musical de ce que donnera leur premier album avec la sortie d'un Ep de 5 Titres. Cet Ep était nécessaire pour créer un engouement autour de Soma?
Lionnel: Oui ! Il a installé le groupe auprès du grand public. Il nous a révélé à un public rock. On a bien choisit les titres de cet Ep pour donner un véritable aperçu de l'album. Nous voulions qu'il soit le plus fidèle à Jewel and The Orchestra tout en gardant quelques cartouches pour l'album. Il y avait « Get Down », « 20 Minutes » qui sont des morceaux assez directs. L'Ep nous a bien servit car nous avons fait pas mal de presse web, on s'est fait connaître grâce à lui et ainsi, nous avons commencé à enchainer les dates de concerts.
Hervé: Soma était signé sur une maison de disque avant de sortir cet Ep?
Lionnel: La signature sur la major a été réalisé en 2009 avant la sortir de l'Ep. En accord avec le label, on a sortit l'Ep avant la sortie de notre premier album. On voulait travailler sur pas mal de choses avant de se lancer dans le grand bain. On ne se sentait pas près pour sortir un opus.
Hervé: Dix ans d'attente pour un premier opus, ce n'est pas un peu long ou était-ce la volonté de bien faire?
Thomas. B: C'était essentiel pour Soma d'attendre tout ce temps là pour que nous puissions nous forger en tant que groupe, de trouver notre direction musicale et d'arriver au meilleur de nous même pour cet album. Nous avions fait pas mal de maquettes, de démos….Ainsi, on s'est entrainé pour le studio et d'appréhender tous les côtés de la musique. Je pense que c'était un moment d'attente et de préparation nécessaire pour Soma.
Lionnel: Pendant ces dix années, nous avons beaucoup progressé sur différents plans. Il y a quelques années, nous n'aurions pas été capables de faire un album comme Jewel and The Orchestra. On a apprit à se servir d'un studio car nous produisions nos démos. Du coup pour l'album, on est arrivé en studio en sachant le son que nous voulions apporter à Jewel. On voulait se sentir près pour un album. Peut importe le temps de préparation mais il faut dire que sur ces années, nous avons fait pas mal de concerts, de tremplins…
Hervé: Et des premières parties de choix ! J'ai vu que vous avez assuré la première partie de 30 Second To Mars?
Lionnel: Cette date a été une grosse étape dans le parcours du groupe. Elle nous a fait connaître dans le milieu musical et professionnel sur Paris. On a joué devant 8000 personnes, des journalistes… C'était une très bonne expérience.
Hervé: Avec un tel nom Soma, je m'attendais à écouter une pâle copie de la formation de Billy Corgan des Smashing Pumpkins. A l'écoute la déception que je pouvais prévoir ne s'est pas du tout faite ressentir. J'ai plus ressenti une énergie des Hives et la mélodie des frères Gallagher d'Oasis de leur vivant. A mon avis, le point fort de Jewels and the Orchestra est cette alchimie entre l 'énergie rock et la mélodie de la pop tout comme le faisait les Smashing et c'est sur ce point que la ressemblance avec Soma peut se faire.
Lionnel: Avec un tel nom (Soma) et étant fan des Smashing Pumpkins, le piège était de faire une pâle copie de leur univers musical. Nous voulions juste nous servir de cette influence, du fond qu'ils avaient de mêler des titres pop puis hyper nerveux sur le même album. Pour Soma, sur certains titres, on essaie de le faire sur la même chanson. On écoute énormément de pop assez calme mais aussi du gros son rock… Mais on ne s'est pas dit que nous allions faire une mixture de toutes ces influences. On essaie de rester authentique. Après, tu parles des Hives… C'est marrant car c'est un groupe que l'on connait très mal. Je n'ai pas d'albums des Hives chez moi mais il y a peut être le côté esthétique…
Thomas. B: C'est plutôt le côté costard cravate qui peut faire penser des Hives (Rires!)
Lionnel: En tout cas, on prend volontiers le rapprochement avec les Hives. C'est un excellent groupe.
Hervé: Votre nom de groupe vient du titre « Soma » de l'album Siamese Dream des citrouilles de Corgan ou de l'écrivain Aldous Huxley qui a écrit le livre « le meilleur des mondes »?
Lionnel: C'est un mélange du livre, des Smashing, d'une rue de San Francisco…
Sébastien: Il y a une signification que l'on ne dit jamais. Soma en grecque veut dire corps. Je trouve ce terme approprié lorsque tu es dans un groupe pour représenter la scène et l'énergie qu'il faut posséder pour défendre notre musique.
Lionnel: Toutes ces raisons font que nous n'avons pas trouvé d'autres noms qui nous correspondaient le mieux pour notre groupe.
Hervé: Pour tout vous avouer, je trouvais un peu osé d'utiliser un tel nom pour votre groupe…
Lionnel: Il y a même un titre des Strokes qui s'appelle « Soma »…
Thomas.B: Un album de Eths aussi…
Hervé: Vous êtes fan des Eths? Vous me surprenez !
Thomas. B: Pas vraiment !
Hervé: Pouvez vous nous parler du choix de l'artwork de Jewels and The Orchestra? On peut y voir Soma dans une configuration live, était ce pour donner une pointe d'énergie?
Thomas: Cette photo nous caractérise vraiment bien. Soma est un groupe de scène et lorsque nous avons réalisé l'album, nous avons tout enregistré dans une formation live
Lionnel: Cette photo dégage une énergie live que nous aimons bien. Au départ, nous ne voulions pas apparaître sur la pochette de Jewel. Nous avons essayé plusieurs choses. Cette photo devait être simplement une photo de presse mais lorsque tu la regardes tu vois directement que c'est un groupe de rock, qu'il y a une énergie… Du coup, pour l'artwork, nous étions assez fan de cette photo.
Hervé: Jewels and The orchestra a été enregistré en terre angevine au studio Black Box. Choix personnel ou imposer par la maison mère?
Lionnel: C'est un des seuls studio en France où tu y trouves du bon vieux matériel vintage. Il y a énormément de groupes anglais qui vont à Angers pour enregistrer dans cet endroit. Klaxons, Last Shadows Puppets… Les tarifs sont abordables et tu ne peux faire que de la musique car tu es situé en campagne (Rires!). C'est un studio qui possède une âme. Nous voulions aussi partir de chez nous en se retrouvant à huit clos, se mettre en danger sur plusieurs plans. Nous avons fait le choix de ne pas travailler avec les personnes avec qui nous travaillions habituellement lors de nos enregistrements… C'était un risque à prendre!
Hervé: Des noms qui font rêver, Oasis, Jet, Wolfmother, Cold War Kids…Des groupes qui ont collaboré avec la pointure Dave Sardy. Pour Soma, travailler avec une pointure comme Dave Sardy était-ce un de vos fantasmes de musiciens?
Lionnel: Grave ! Son nom figure sur pas mal de pochettes des albums de notre discographie. Il a été notre premier choix mais nous avions en tête que c'était un rêve impossible à réaliser. On a donc vu nos exigences à la baisse car c'est véritablement une pointure. Il sortait de l'album Dig Out Your Soul d'Oasis et on s'est dit que jamais il allait accepter de travailler avec un petit groupe de rock français. On a tenté le coup par l'envoie de démos que nous avions réalisé. Par chance, il a craqué sur nos compositions et a accepté de travailler pour nous. On était très ravi et surpris qu'il accepte de passer du temps à la réalisation de notre album. Le mixage s'est très bien passé, on a eu peu de choses à lui reprocher. C'était une très bonne expérience de l'avoir pour notre album.
Hervé: Soma a été le premier groupe français a avoir eu le privilège de travailler avec lui. Que vous a t'il apporté dans le groupe?
Sebastien : Il apporte de la confiance en toi par rapport aux titres que tu as composé et que tu travailles en studio. Mais il a aussi apporté une couleur sur l'album, quelque chose qui nous est bien propre. Il n'a pas copié des choses qu'il a déjà faite pour d'autres groupes.
Lionnel: Il n'a pas utilisé des réglages qu'il avait eu pour d'autres formations. Ça ne sonne pas comme du Oasis, pas comme Wolfmother…Il y a un son personnel qui nous plait beaucoup pour cet album.
Hervé: Soma a tout pour plaire mais comme dans chaque groupe, il y a des défauts… un chanteur violent, un drogué, un accro au sexe le tout accompagné d'un alcoolique. Ca fait un peu d'ombre pour votre carrière. Soma s'est fait remarquer sur la toile par le clip censuré de « Get down ». Un clip où l'âme de Tarantino plane du début à la fin par l'ambiance noir et blanc, les smoking a la Pulp Fiction ou encore Reservoir Dogs. Etes vous surpris de cette censure envers le clip de « Get Down »?
Lionnel: Lorsque le clip a été censuré nous n'avons pas vraiment compris la raison de cette censure. Ce clip était un délire, nous étions dans la fiction au second degrés avec l'esthétisme de Tarantino. Vu que Get Down a été censuré sur la toile, on n'a pas compris car si tu fais la comparaison les films de Tarantino sont beaucoup plus violents mais ils ne sont pas censurés. On a été obligé de condenser cette violence en trois minutes et c'est peut être pour cela que ce condensé peut ne pas plaire à tout le monde. C'était purement fictif mais le fond du clip est plutot bon car on extirpe les membres du groupe de leur débauche pour les faire venir jouer dans Soma.
Thomas: Finalement, « Get Down » est un clip assez chrétien…(Rires!)
Hervé: Tout à fait! Surtout lorsque l'on te voit dans les toilettes, une bible à la main en train de renifler une poudre blanche !
Lionnel: Le clip peut être sulfureux et provocant mais il a été réalisé rapidement et ce n'est vraiment qu'à la fin du montage que l'on a vu au résultat que ce clip collait à Soma. On a rigolé en regardant le clip. Par contre les gens qui ne connaissent pas Soma peuvent se dire que nous ne sommes pas sains. Il y a plusieurs lectures du clip et dans « Get Down » nous jouons le rôle de personnages fictifs.
Je remercie les membres de Soma pour avoir répondu à mes questions.
Interview et Photos Live: Hervé Faisant pour Vacarm.
Myspace de Soma.