Le festival de Poupet est depuis quelques années l'une des valeurs sûres des festivals vendéens. Il est vrai qu'en terme d'accueil du public, il n'est pas de taille face aux grosses pointures hexagonales si on le compare aux Vieilles Charrues. Mais il n'a pas à rougir en ce qui concerne la qualité des groupes qui viennent se produire sur les terres de Saint Malo du Bois, commune où se déroule chaque année ce festival dans un cadre familial et convivial. Aux côtés des groupes internationaux et têtes d'affiches françaises, Poupet laisse une place aux jeunes groupes émergents en organisant pour chaque édition un tremplin accessible aux formations de la Région. Vainqueur du tremplin 2010, Guerilla Fresca a eu l'opportunité de se produire le même soir que Rodrigo Y Gabriela et John Butler Trio. Occasion pour ce groupe vendéen de défendre sur ses terres, leur tout nouvel album Ca Ira Mieux Demain, disponible depuis le 1er mars 2010 dans les bacs de l'hexagone. Pendant le passage de Rodrigo Sanchez et Gabriela Quintero (Rodrigo Y Gabriela), Thomas Cougnaud (saxophone/chant) tout juste sorti de scène pour le set de Guerilla Fresca vient répondre aux questions de Vacarm pour présenter le groupe et leur nouvel opus Ca Ira Mieux Demain.
Hervé: Pour les internautes de Vacarm qui ne vous connaissent pas ! Pouvez vous faire un résumé de la génèse de Guerilla Fresca? Qui est à la base de ce projet musical?
Thomas: Il y a trois membres actuels qui sont présents depuis le début de Guerilla Fresca à savoir Matthias au chant, Thibault au clavier et Manolo à la basse. Petit à petit des membres extérieurs sont venus se greffer et la formation actuelle date de 2004. Ca fait six ans que nous tournons tous ensemble.
Hervé: D'où vient votre nom de scène Guerilla Fresca?
Thomas: Si tu traduis littérallement, Guerilla Fresca veut dire “guerre fraiche”. Dans les cours d'histoire, c'est souvent ce que l'on voyait dans les périodes d'échanges de divergences, de conversations, de contradictions… C'était surtout des moments d'échanges et de dialogues, c'est un peu notre cheval de bataille et ce que l'on essaie de faire partager dans nos textes.
Hervé: Est ce que Guerilla Fresca est votre première expérience musicale?
Pour ma part, ce n'est pas ma première expérience musicale tout comme Julien au Trombone. Nous avons été tous les deux dans une école de musique. Sinon, en terme de groupe, nous pouvons dire que Guerilla Fresca est notre premier projet musical.
Hervé: Ca ira mieux demain, votre deuxième album est sorti dans les bacs depuis le 1er mars 2010. Quels sont les critiques que vous avez pu recevoir par la presse spécialisée et par le public?
Thomas: Apparement les critiques du public sont bonnes. Le bouche à oreille fonctionne pas mal et nous sommes contents du score des ventes de l'album. Le retour des professionnels est assez intéressant en notre faveur. Ils nous demandent de travailler plus en profondeur l'écriture des textes mais ils sont concquis par la musique.
Hervé: Pourquoi avoir fait le choix de mettre en avant « Ca ira Mieux demain », titre d'ouverture du disque en nom d'album? Ce titre doit surement avoir une signification toute particulière à vos yeux?
Thomas: Ce qui est intéressant dans ce titre c'est que tu peux y voir deux messages, soit un message d'ironie ou un message d'espoir. Ca permet de donner le choix aux gens qui achètent le disque de se positionner selon leurs désirs par rapport à cette phrase Ca Ira Mieux Demain.
Hervé: Guerilla Fresca est un groupe vendéen. Le festival de Poupet qui est de votre région vous a accueilli ce soir pour jouer en compagnie de Rodrigo Y Gabriela et John Butler Trio. Vous avez pu participer à la programmation de Poupet par le biais de votre victoire sur le tremplin du festival si je ne me trompe pas?
Thomas: Tout à fait. Le tremplin était le 20 février dernier.
Hervé: Il y avait combien de groupes inscrits pour ce tremplin?
Thomas: Au départ, il y avait 40 groupes qui ont été sélectionné par un comité d'écoute. Ensuite les internautes ont voté pour les formations qu'ils préféraient sur le plan musical. Quatre groupes sont sortit du lot par les votes sur internet et ces derniers ont participé à la finale du tremplin de Poupet en février, finale que nous avons remporté avec Guerilla Fresca.
Hervé: Comment vous sentez vous après votre live de ce soir?
Thomas: Après le concert…Beaucoup mieux (Rires!). La journée a été très longue mais on redescendra sur Terre quelques jours après cette soirée. On est tous très heureux d'avoir joué devant autant de monde car en se lancant en premier à 19h30 on n'espérait pas avoir cette foule. Il y avait un très bon public qui réagissait bien. On a juste eu à les suivre et ce n'était que du bonheur !
Hervé: Avant la sortie de votre tout premier album Soup'Son D'espoir, un maxi de 6 titres a vu le jour en 2004. Est ce que vous pensez que c'est une étape importante pour un groupe de commencer humblement par un Ep avant de sortir un véritable opus? De ce fait on peut se faire un nom et avoir un public derrière soi?
Thomas: Il y a plusieurs raisons à cette évolution entre le premier maxi 6 titres et Soup'Son d'Espoir, notre premier album.C'est une suite logique des choses, le groupe a sorti le 6 titres en 2003 et ce n'était même pas avec la formation que tu as vu évoluer ce soir. C'était pour avoir une première expérience de studio et cristalliser sur disque les compositions qui étaient abouties. Petit à petit avec l'arrivée des nouveaux musiciens nous avons enregistré un vrai album de 10 titres pour aboutir à un 14 titres Ca Ira Mieux Demain qui est sortit cette année.
Hervé: Comme beaucoup de groupes actuels, vous avez fait le choix de l'autoproduction en ce qui concerne Ca ira mieux demain. Est ce un choix d'éthique ou tout simplement que vous n'aviez pas le choix de sortir autrement cet opus?
Thomas: Sincérement, c'est parce que nous n'avions pas le choix de sortir autrement l'album. Nous ne sommes pas des professionnels en ce qui concerne la réalisation d'un disque mais avec du recul ce n'est pas inintéressant de sortir un album en autoproduction. Si ça marche, c'est grâce à toi et si tu te plantes tu ne peux t'en prendre qu'à toi même. Puis tu n'es pas embêté par des intervenants extérieurs, ce qui n'empêche pas que l'on a su s'entourer d'une attachée de presse, d'un tourneur… On a développé un staff intéressant et performant, ce qui nous permet de gérer la partie communication et de trouver des dates de concerts pour pouvoir se défendre sur scène.
Hervé: Toutes ces structures qui vous aident sont venues vous donner main forte avant la sortie officielle de Ca Ira Mieux Demain sur la sortie nationale en Mars 2010. Cet opus est sorti en 2009 à l'échelle locale sur un tirage à 1000 exemplaires?
Thomas: Tout à fait ! Il y a eu une pré-sortie en 2009 à l'échelle locale. Julien Scius, notre tourneur est arrivé après cette première sortie de Ca Ira Mieux Demain pour travailler sur une sortie nationale avec une société de distribution. On a pu travailler d'une façon un peu plus professionnelle pour cette sortie nationale.
Hervé: Avez vous démarché auprès des maisons de disques, majors?
Thomas: Nous avons envoyés quelques disques promotionnels mais pour le moment ce n'est pas forcément ce qu'ils recherchent sur le plan musical. Il y a eu des retours pas forcément positifs mais ça nous empêche pas de continuer à travailler puis ce n'est pas forcément avec les grandes majors que l'on réalise de grandes carrières.
Hervé: Où a été enregistré Ca ira Mieux Demain? L'autoproduction n'a pas mis de frein à l'enregistrement de cet album?
Thomas: On s'est interdit de se mettre un frein pour la réalisation de cet album. C'est vrai que si l'on fait le choix de l'autoproduction ce n'est pas pour cette raison qu'il faut faire un album avec de petits moyens. On s'est donné les moyens en investissant personnellement de l'argent. On a enregistré dans un studio qui se situe à 20 km de Poupet, le studio la clé des champs à Saint-Prouant (85). Un studio de grande qualité, ce n'est pas un studio où tu enregistres à l'arrache dans un garage. Nous avons fait descendre un ingénieur du son de Paris pour cet album qui nous a réalisé un très bon album qui sonne dans le style Guerilla Fresca. Même en autoproduction on peut faire de très belles choses.
Hervé: Pour définir le style musical de Guerilla Fresca, vous annoncez un style « Cuivré Métissé ». A l'écoute de Ca ira mieux demain, on ressent ce metissage musical. Vient il des différentes influences que possèdent chacun des membres de Guerilla Fresca?
Thomas: Du fait que nous sommes huit musiciens, nous pouvons puiser dans les influences de chacun. Il y a aussi l'évolution musicale du groupe au fil du temps. Lorsque tu écoutes le premier album et Ca Ira Mieux Demain, il y a un palier qui a été franchit et nous allons au bout de nos envies. C'est aussi cela qui nous plait dans notre style c'est que nous nous cachons derrière ce style un peu barbare, musique cuivrée métissée dont le métissage vient par le biais des musiciens et le côté cuivrée par la section cuivre. Ça nous permer aujourd'hui de proposer un style qui reste très proche de la musique festive car nous aimons jouer avec le public mais il n'empêche que nous allons chercher dans la musique africaine, la musique américaine avec le rock, la funk… Tout cela mélangé, on peut proposer un album éclectique sans partir dans des chemins divers et variés.
Hervé: Justement, quels sont les groupes ou artistes qui font aujourd'hui l'identité musicale de Guerilla Fresca?
Thomas: Il y en a plusieurs mais chacun des musiciens à son univers. Il y a des groupes qui restent communs à nous tous comme Groundation, Babylon Circus, Percubaba avec qui nous avons travaillé par l'intermédiaire de Gaston le chanteur du groupe. Il a posé sa voix sur un des titres de Ca Ira Mieux Demain. Depuis un an, Rodrigo Y Gabriela a séduit une grande partie de la bande de Guérilla Fresca.
Hervé: Par le biais de votre plume, on ressent l'envie de faire passer un message. Avoir des textes forts et engagés est un état d'esprit de Guerilla Fresca?
Thomas: Il faut se méfier avec le terme engagé. On aime bien dénoncer et témoigner de ce que l'on vit tous les jours par l'intermédiaire de la crise, Matthias par ces nombreux voyages en Afrique a pu être confronté aux enfants soldats… Tout cela, on aime bien le faire passer dans nos chansons sans avoir un esprit marteleur, revendicateur poussant à la manifestation. On n'est pas là pour faire de la politique mais nous aimons parler des choses qui nous saoulent au quotidien en tant que citoyens. On aime bien aussi aborder des sujetsplus légers et joyeux qui viendront peut être gonfler les thêmes de notre futur album.
Hervé: Justement, quels sont vos principaux objectifs pour le reste de cette année 2010? J'ai pu entendre dire qu'un nouvel opus serait en préparation?
Thomas: On commence à travailler sur de nouvelles compositions pour espérer avoir un enregistrement dans le courant de l'année 2012. Pour le moment, l'objectif de cette fin d'été 2010 et de l'année 2011 c'est de faire des dates partout en France. Notre tourneur travaille sur ce point et en même temps continuer à composer pendant nos répétitions.
Hervé: Quelles seront les lignes directrices de ce nouveau disque de Guerilla Fresca?
Thomas: On va dire que ce sera la surprise (Rires!). Merci Hervé pour l'interview.
Merci à Thomas pour avoir répondu à mes questions ainsi qu'au groupe Guerilla Fresca pour leur accueil sur cette soirée au Festival de Poupet.
Un grand merci à Marina de Buzz Mediatik (attachée de presse de Guerilla Fresca) pour avoir calé cette interview pour Vacarm.
Photos Live : Hervé