En 1997, une dizaine d’artistes issus de Monster Magnet, Kyuss ou Soundgarden pour les plus connus se rejoint au ranch de Josh Homme, chanteur / guitariste de Queens of the stone age. Ce studio situé à El Cajon, à la frontière du désert californien, s’appelle El Rancho De La Luna et est devenu le quartier général de toute la mouvance stoner rock. Une première session va rapidement voir le jour en 1998, puis d’autres artistes vont être invités à collaborer (PJ Harvey, Twiggy Ramirez) pour donner naissance à 10 volumes aujourd’hui. The Desert Sessions est considéré par les adeptes de stoner rock comme l’un des collectifs musical les plus créatifs de cette dernière décennie.
Les 10 volumes des Desert Sessions ont été distribué deux à deux, par trois labels successifs : Man’s ruin, Southern Lord et Ipecac. Tous trois sont reconnus pour avoir signé des groupes influents tels que Entombed, Sunn O))), Fantomas, The Melvins ou Si le projet est à l’initiative de Josh Homme, le chanteur / guitariste / producteur et membre de 6 groupes qui auront éclairé les deux dernières décennies (Kyuss / Mondo Generator / The Screaming Trees / Queens Of The Stone Age / Eagles of death Metal / Them Crooked Vultures), la liste des participants est presque impensable. On retrouve sur ces 10 Desert Sessions quelques un des membres les plus éminents de la scène californienne : Brant Bjork, PJ Harvey, Troy Van Leeuwen, Jeordie White, David Catching, Nick Oliveri, Mark Lanegan, John McBain, Josh Freese, Chris Goss, Alain Johannes, Dean Ween, Joey Castillo et j’en passe…
Dans la petite ville de banlieue d’El Cajon, la ville natale de Lester Bangs, le rock critic des temps modernes, ces différents artistes se retrouvent pour des sessions de jam. Ils reconnaissent volontairement l’usage de substances hallucinogènes, comme les tranches de peyotl, un cactus qui contient la fameuse mescaline. Chargés de ces psychotropes, les musiciens se retrouvent dans des états de surexcitation générale où la vie du groupe est rythmée par l’euphorie, la plénitude et l’hypersensibilité. Le mélange est parfait pour composer et El Rancho De La Luna va devenir le repère d’expérimentations psychédéliques entre 1997 et 2003. Certaines rencontres vont exalter le talent des artistes, à l’image de la collaboration entre Josh Homme et Pj Harvey sur « The Whores Hustle And The Hustlers Whore » où la belle prend le rôle de la bête. D’autres seront complètement incompréhensibles mais la créativité des uns va renforcer la folie des autres pour donner lieu à des compositions hors du commun. On retrouve ainsi l’émouvant titre « Nenada » (volume 7), sur lequel Natasha Schneider, claviériste de Queens Of The Stone Age (période Lullabies to paralyse) et épouse d’Alain Johannes (Eleven, Chris Cornell, Them Crooked Vultures), s’empare du micro pour chanter dans sa langue natale, le russe. Ce titre prend aujourd’hui une ampleur plus forte encore, depuis son décès en 2008, à l’âge de 52 ans. « I’m here for your daughter » (volume 10) est une démonstration technique toute puissante, sous la forme d’une balade en 44 secondes chrono. « Rickshaw » (volume 6) nous emmène dans une transe mélancolique profonde sur fond de guitares tendues et saturées. « Johnny the boy » (volume 2) et « Cake (Who shit on the ?) » se lancent dans des délires rock où sonne le roll. « Girl Boy Tom » nous propulse dans un roadtrip en pleine réserve Mojave… Cependant, si certains fans crient au génie, une bonne partie des morceaux enregistrés sont imbuvables. De délires sous mélanges acides, certains jams s’enlisent dans une prise de tête psychotique. Pourtant, le talent est omniprésent, près à bondir à chaque couplet.
A noter que, plusieurs légendes du stoner vont se crystalliser autour des Desert Sessions. Certaines chansons seront recyclées dans le répertoire de Queens of the stone age (« Make it with chu », « Avon », « Monster in the parasol », « Hanging Tree », « In My Head »), d’autres par Mondo Generator (« Jr High Love », « I’m Dead »). C’est aussi au bout de la quatrième Desert Sessions que Josh Homme et Jesse Hughes décideront de poursuivre ces jams dans une configuration différente et donneront naissance à leur success story, The Eagles Of Death Metal. Encore aujourd’hui les rumeurs autour de la sortie potentielle de nouveaux volumes des Desert Sessions déclenchent de profonds débats dans la communauté de fans.
Discographie :
Volume 1 : Instrumental Driving Music For Felons
Volume 2 : Status: Ships Commander Butchered
Volume 3 : Set Coordinates For The White Dwarf!!!
Volume 4 : Hard Walls and Little Trips
Volume 5 : Poetry for the Masses
Volume 6 : Black Anvil Ego
Volume 7 : Gypsy Marches
Volume 8 : Can You See Under My Thumb? There You Are.
Volume 9 : I See You Hearin’ Me
Volume 10 : I Heart Disco