Que connaît on de la Norvège ? Des fjords, de la neige, de charmantes demoiselles à la chevelure dorée… Des clichés que tout le monde peut facilement avoir en tête. Personnellement, lorsque l’on évoque ce pays, mes premières pensées ne sont plus dirigées vers la gente féminine que ce territoire peut contenir en ses frontières. Il faut l’avouer, ce changement pas si facile à mettre en place dans la tête d’un homme est venu d’un coup de cœur, non pas sentimental mais musical. Oublions la testostérone pour parler de cette attirance vers la musique d’un artiste norvégien, le bluesman Bjorn Berge. L’homme porte bien son nom et la difficulté de prononciation peut nous amener à le répéter plusieurs fois à des personnes qui ne connaissent pas le phénomène Bjorn Berge. Par contre lorsque ces individus porte une oreille attentive aux nombreux albums de l’imposant norvégien, son nom sera désormais associé à une musique folk/rock où la virtuosité du guitariste est constamment mise en avant, le tout accompagné d’une voix rocailleuse qui pourrait faire pâlir certains chanteurs de black métal. Bjorn Berge était de passage à la salle Paul Fort de Nantes en cette fin d’année 2009 pour défendre son tout nouvel opus, l’excellent Fretwork.
En ce mois de novembre, le froid commençait a se faire sentir dans l’hexagone. Une température qui ne repoussait pas les spectateurs à se présenter devant la familiale salle Paul Fort, placée devant le marché Talensac de Nantes. Tranquillement, ils attendaient l’ouverture des portes pour pouvoir se réchauffer et prendre place sur l’un des sièges présents dans la salle. Confortablement assis face à la scène, on attend patiemment que les lumières faisant direction vers le plateau s’éteignent petit à petit pour annoncer l’arrivée de Bjorn Berge. N’ayant pas de première partie pour ce concert, le public commence à instaurer un climat où les discussions vont de bons trains sur l’homme de la soirée. Une grande partie des spectateurs étant des abonnés, ils ne connaissaient rien de ce que Bjorn Berge pouvait être physiquement et musicalement parlant. Suivant la carrière du musicien depuis pas mal de temps par le biais de ses albums mais aussi par ses prestations live remarquables, c’est avec un sourire en coin que j’attendais la fin du show pour à nouveau entendre les commentaires de ces novices à Bjorn Berge. Mais une chose est sure, je pouvais mettre ma main à couper sur ce que j’allais pouvoir entendre…{multithumb thumb_width=450 thumb_height=320}
21h. Bjorn Berge fait son entrée face à un public qui n’était donc pas totalement acquis dès le départ. Habillé d’un smoking noir, sans parler, il s’assoit face à nous et commence à jouer quelques notes sur sa douze cordes. Ces premiers accords mettent son dernier album à l’honneur avec le titre « Crazy Times ». Mais avec ce morceau, d’emblée il montre à toute la salle Paul Fort qu’il n’est pas un manche à la gratte. Je m’attarde à regarder les visages qui se présentaient à mes cotés, ils étaient admiratifs et pour certains étaient bouches bé.. « These Streets » fait suite dans un rythme moins enjoué que le titre d’ouverture. La particularité de ce nouvel album de Bjorn Berge, Fretwork, était l’apparition d’instruments comme le violon qui est présent sur ce titre en studio. On regrette que cet élément novateur n’a pas été inclut dans le set. Point négatif qui ne marque pas les esprits au vue du jeu de gratte du norvégien.
Tout naturellement, il enchaine sur l’instrumental éponyme à son dernier opus. Pendant ce morceau, il fait des breaks en demandant au public s’il se sent bien ce soir. Il lâche ses premiers mots pour se présenter. Une présentation quasi habituelle pour ceux qui ont déjà vu le norvégien sur scène « My name is Bjorn Berge and I come from Norway. I’m in France To Promote my new cd, Fretwork ». Il change de guitare pour jouer la belle ballade « Every Morning » de son très bon album St.Slide. Sur ce morceau, on le voit glisser sur les cordes le bottleneck d’une façon des plus agréables pour nos oreilles. On reste avec cet opus pour l’interprétation de « Trains » où une dextérité de malade se fait ressentir lorsque les doigts de Bjorn défilent avec une telle vitesse sur le manche de sa douze cordes.
L’homme a beau faire presque 2 mètres de haut et être taillé comme un roc, il ne cache pas son humour derrière ses muscles. Ayant pour habitude de boire une bière bien fraiche sur scène, ce soir il ose boire de l’eau plate et affirme avec un sourire « C’est bien pour ma peau ! ». Après cet intermède rafraichissant, il nous fait un cours de guitare en gardant comme fil conducteur l’humour. Il nous présente son style de jeu qu’est le finger picking et affirme que pour jouer de cette façon, il faut posséder trois cerveaux, un dans chaque main plus un dans la tête. Sur la majorité de ces chansons, il donne le rythme avec son pied en tapant sur un cajon qui donne un son ressemblant à une grosse caisse et casse gentiment nos amis batteurs en déclarant que l’on n’a pas besoin de réfléchir pour jouer de la batterie. Pour continuer dans ce registre, il démontre que ce que l’on écoute en France est beaucoup trop calme à son gout et que pour un vrai norvégien pur et dur, il doit écouter du Black Métal…toujours sur l’ironie ce Bjorn !
L’excellent « Mountain Boogie » prend place et nous confronte une nouvelle fois au talent de Berge. Un talent qui pourrait facilement dissuader tout novice à la guitare présent dans la salle de ranger leur propre instrument à leur retour à leur domicile. Reprise du Bottleneck pour la reprise de Paul Seibel « Louise » et continuer par la suite avec le traditionnel « Thirty Question Method ». Retour à Fretwork avec « Drifting Blues » orné d’une prestation touchante qui respire le blues américain.
22h16. Un de ses vieux morceaux est à l’honneur « String Machine » qui a souvent sa place dans la setlist et est l’occasion dans une version déstructurée et entrecoupée de breaks. Aux dernieres notes de ce titre, Bjorn Berge quitte la scène sous les applaudissements soutenus du public.
Il revient quelques secondes après son départ furtif et nous demande de chanter sur la prochaine chanson qui va suivre. Sur quasiment chacun de ses albums studios il avait pour habitude d’effectuer une ou plusieurs reprises. Fretwork n’a pas dérogé à la règle avec une lumineuse interprétation de « Zebra » d’un autre surdoué de la gratte, l’australien John Butler Trio. « Killing Floor » vient nous mettre à terre avant que notre ami norvégien quitte une nouvelle fois le plateau de la salle Paul Fort.
Le public montrait sa volonté de revoir Bjorn Berge jouer d’autres morceaux avant qu’il ne retourne à ses fjords, l’homme de la soirée, touché par cette ferveur revient nous jouer une chanson qualifiée de pop song en Norvège et de rock dans le reste du monde. Ses racines musicales et son attachement pour le métal sont mises à l’honneur avec ce dernier titre qui résonne encore dans les murs de la salle Paul Fort, le cultissime « Ace Of Spades » des britanniques de Motorhead emmené par l’intouchable Lemmy Kilmister.
Photos: Hervé