On avait déjà commencé les chroniques de la rédaction avec le fameux nouvel album de Muse. On attendait donc un autre album polémique ou qui ferait date dans l’histoire du rock pour un second essai. Eh bien, on s’est dit qu’un groupe avec du QOSTA, du Nirvana et du Led Zep’ ça se prêtait plutôt pas mal. Certes, on est un peu en retard sur l’actu’ mais on va dire que c’est notre cadeau de Noël, car certains chroniqueurs par ici sont semble-t-il un peu débordés ! Them Crooked Vultures donc, ou comment un super-groupe peut créer le buzz avec quasiment que des rumeurs. Un groupe qui promet beaucoup, déjà considéré comme un classique, mais qui pourtant scinde quelque peu la rédaction de Vacarm. Avis partagés, impressions divergentes, mais finalement tout le monde reconnaitra un point commun à ces trois musiciens, la réponse est en suite.
Avant même d’avoir entendu le moindre morceau on parlait déjà de génie. Ensuite, on a eu le droit à trente secondes de son, et on parlait alors de Dieux. Ça ressemble de loin à un très bon coup de marketing, qui joue sur le célèbre procédé de l’attente que peu réussissent à mener à bien, n’est-ce pas Mr Rose. Par contre dans le cas des Them Crooked Vultures cela marche plutôt bien à la vue de l’engouement général !
Ce que l’on peut donc tout de suite penser avec ce groupe, c'est que pour une fois un « super-groupe » fait un album qui est bon. Mais cela nous montre surtout à quel point les gens sont lassés par la scène rock actuelle. Du coup, vu que le line up est séduisant et que les compos sont vraiment pas mal, ça devient un phénomène ! Alors que leur musique est pleine de clichés et de « déjà entendu » ailleurs (forcément, me direz-vous).
Sur ce premier effort on dénote d’excellents morceaux comme « No One Loves Me & Neither Do I », « New Fang », « Elephants » et le début de « Dead End Friends », car il devient sérieusement barbant passé la moitié. Le reste est tout aussi bon (« Gumman », l’étrange « Spinning In Daffodlis » qui fait un peu trop QOSTA toutefois, et « Reptiles » en tête), mais ne marque pas autant. L’album dans son ensemble est bon, mais tout le buzz qui l’entoure fait que beaucoup ne l’aimeront pas, car trop attendu.
Un bon album de rock, oui. L’album de l’année, possible. Celui du siècle (on est en 2009 faut pas déconner), certainement pas ! Il reste trop de passages lisses et le manque d’une identité « Them Crooked Vultures » et non d’un (bon) mixe entre les trois messieurs.
Peter.
Bon, je dois admettre que dès le départ, ce style de rock n'est pas ma tasse de thé. Mais en essayant de rester objectif, je n'ai rien trouvé d'innovant et d'accrocheur dans cet album. Ca ressemble à n'importe quel autre groupe de rock'n'roll, sauf qu'ici les riffs sont mous et fades. Maintenant, les adeptes du style y trouveront peut-être leur compte, allez savoir.
Benji.
Album de l'année, ce Them Crooked Vultures ? N'exagérons rien. Ça, c'est fait, on va commencer à pouvoir parler musique. Car il y a de quoi dire, et cette galette est pas dégueu du tout.
L'album est résolument rock, dans son traitement et sa texture, c'est rugueux, sans fioritures. Entre stoner, garage, blues et rock à papa, le son développé ici ne dupera personne : Dave Grohl, Josh Homme et John Paul Jones ne réinventent rien (ils auraient tort, avec un passif pareil). Le travail à la batterie s'avère impeccable, Jones déroule sans esbroufe mais sans coup d'éclat non plus, Homme se contentant un peu trop de faire du QOTSA. « No One Loves Me & Neither Do I » ouvre parfaitement les hostilités, son pont à rallonge plombe les oreilles comme il faut. « New Fang » et « Scumbag Blues » remplissent leurs rôles d'accroche à merveille.
Le trio prendra le temps de développer des idées dans la longueur, les titres seront souvent étirés et prompts à des moments plus progressifs, limite psyché, sans pousser le délire à fond non plus. « Gunman » est archi efficace et percutante (sans qu'on se surprenne à lever le poing, ce skeud est d'ailleurs plus mélodique qu'on aurait pu l'imaginer), « Warsaw… » prend au contraire plus le temps de rouler des hanches pour nous envoûter (presque trop, elle finit quand, cette compo ?).
En bref, un très bon album de rock sans crier au génie, en signalant au passage qu'il y a des formations qui ont déjà fait mieux dans l'année, et qui s'excusent par ailleurs d'avoir des gens normaux en guises de membres.
Pencilkz.
Parfois difficiles à appréhender, ces chansons plus apparentées à du jam et à du délire de studio de répétition, sont complétées de véritables singles sans surenchère technique. « New Fang » et sa mélodie gentillette facilement entrainante, « Dead End Friends », chanson plus mélancolique et tendue, « Bandoliers » et son riff puissant, « Caligulove » à la rythmique tranchante. Ainsi, ils nous invitent dans un univers musical puissant qui évite toute concision.
Them Crooked Vultures nous présente ainsi un album à contre courant, qui s’émancipe de ce que chacun de ses musiciens a pu produire par le passé. Pour ma part, Them Crooked Vultures a produit l’album de l’année et peut-être bien plus…
Captain’ Planet.
Le premier réflexe en enfournant le CD : baisser le son. Vu les habitudes des trois zikos, ça peut péter. Vite, très vite pourtant, on remet à fond. Après quelques minutes, premier constat : c'est le genre de disques qu'on n'attendait plus. Et pétri de contradictions, qui plus est.
A ma gauche, la richesse des arrangements et de la production – jusqu'ici jamais entendue ailleurs. Josh Homme et ses riffs 70's ponctués de solos et de phrases de drogués an 2009, les rythmes syncopés d'un Dave Grohl tapant fort dans le contretemps, couplés au monumental jeu de basse coulé de sieur John Paul Jones. La classe internationale de trois musiciens rock honteusement énormes dans tout ce qu'ils touchent.
A ma droite, la nonchalance, le zen décontracté absolu. Les mélodies qui vont de soi, qui impriment l'esprit durablement. La cohérence, la simplicité sans facilité. Les titres bétons (tous des monuments) qui s'enchainent sans temps mort, sauf la lancinante « Interlude withludes ». L'envie de profiter intensément de ce testament du rock cool en le passant à fond dans un bar à bière, mais aussi de disséquer chaque détail au fond d'un fauteuil, un whisky à la main.
Le pire, c'est qu'il n'y a pas de vainqueur, hormis Them Crooked Vultures qu'on voit d'ici sourire et s'éloigner d'un pas mou à la fin de l'enregistrement. Ayant (ou pas ?) conscience que leur talent vient d'accoucher du meilleur gros rock hypnotique de l'année, que dis-je, des meilleurs putains de riffs et de morceaux qu'on avait pas eu en tête depuis un bail. Venez là que je vous embrasse.
Shad.
.: Tracklist :.
01. No One Loves Me & Neither Do I
02. Mind Eraser, No Chaser
03. New Fang
04. Dead End Friends
05. Elephants
06. Scumbag Blues
07. Bandoliers
08. Reptiles
09. Interlude With Ludes
10. Warsaw or The First Breath You Take After You Give Up
11. Caligulove
12. Gunman
13. Spinning In Daffodils