Sept ans depuis Sons of northern darkness. Sept années où l'actualité d'Immortal s'est perdue entre dissolution, reformation, side-projects et tournée de festivals. Dire que pendant ce temps-là rien n'a changé ou que rien d'intéressant n'est arrivé dans le black-métal serait faux. Dire qu'un groupe a depuis su se hisser au niveau des Norvégiens également. Est arrivé ce début d'automne 2009 où, enfin, les trois barbus à la mode cloutée intégrale sont réapparus sur une pochette d'album. Sur papier glacé, All Shall Fall suit la droite lignée de ses prédécesseurs, avec un visuel froid et agressif et des photos officielles en noir et blanc qui semblent directement issues des sessions de SOND. Rien n'aurait-il changé ?
Dès la première écoute, nous revoilà en tout cas instantanément happé dans le tourbillon Immortal. Les fans auront sans doute quelques larmes au coin des yeux : oui, ce sont bien les mêmes guitares acérées et mélodiques, des déluges harmoniques venus du froid aux ambiances mélancoliques prenantes et étouffantes, qui ont établi At the heart of winter (1999) comme modèle du black mélodique. Non, Abbath n'a pas perdu sa voix strangulée et nasillarde de corbeau prêt à mourir, non Horgh n'a pas oublié sa vitesse de frappe à la batterie (« All Shall Fall », « Hordes to War »), son délicieux groove mid-tempo (« Unearthly Kingdom », « The Rise of Darkness », rythmiquement très heavy) et ses dialogues toms-cymbales (« Mount North », et… tout l'album en fait). Les morceaux passent, on se rend immédiatement compte que la qualité de composition et d'exécution n'ont pas bougé d'un iota.
Un manque de renouvellement ou de prise de risque, un simple ressassé des années noires direz-vous. Oui mais non. Sur All Shall Fall, Immortal ne change certes pas la forme musicale qu'il s'est inventée au fil des albums, mais fait mieux : il la sublime. Les Norvégiens sont incroyablement précis et à l'aise sur tous les fronts, abandonnant même souvent le registre de l'extrême pur pour écrire à la place de nouvelles pages dans l'histoire du Métal. Aucune hésitation de la part des musiciens quant aux arrangements en guitares claires (près d'un par morceau), ou les jouissives cassures de rythme couplées à des riffs plus heavy que black (« Norden on fire », où l'on a envie de se briser la nuque et de tendre les bras en corne tout seul dans sa piaule). Et du côté de l'auditeur, aucune impression de surfait, seulement le sentiment de voir se cuisiner sous nos oreilles une putain de recette qu'on ne nous avait pas servi depuis un bail.
On ira même jusqu'à dire que la cohésion n'a jamais été aussi forte sur un album d'Immortal. Rien n'est à jeter pendant 40 minutes de baffe quasi permanente, qui croisent le meilleur des anciennes productions du groupe tout en le crachant à la face du monde avec un aplomb inédit (résultat sans doute de sept ans de maturation musicale). Alors oui, d'accord, Immortal reste Immortal avec toute son imagerie proche du ridicule et ses paroles qui prêchent les batailles païennes dans le blizzard scandinave. Mais la force de frappe d'All Shall Fall est réellement colossale, et devrait atteindre une cible beaucoup plus large que la seule scène black. Assurément un des meilleurs retours et albums métal de l'année.
.: Tracklist :.
01. All Shall Fall
02. The Rise Of Darkness
03. Hordes To War
04. Norden On Fire
05. Arctic Swarm
06. Mount North
07. Unearthly Kingdom