Trente-deux ans après sa création, Angra revient pour un dixième album intitulé Cycles Of Pain. Né au Brésil, à São Paulo, en 1991, le groupe a grandi dans l’un des pays les plus ardents et passionnés du heavy metal depuis longtemps. Dans un Etat malmené par des faits d’actualité en tout genre, où les artistes sont forcés à faire des sacrifices : ils doivent non seulement endurer des luttes, mais aussi surmonter des obstacles. Rafael Bittencourt, le fondateur d’Angra a déclaré : « Être un groupe brésilien n’est pas facile. Nous sommes géographiquement déplacés. Notre économie rend difficile l’investissement dans l’équipement et d’autres ressources, il est difficile d’être durable, et la liste est longue. Mais notre culture est un formidable mélange de cultures différentes, et c’est là toute sa beauté. Nous apprenons la musique dans cet immense chaudron culturel chaotique et cacophonique. Et nos chansons sont nées de ce chaos. ».
Cinq ans après leur ambitieux chef-d’œuvre Ømni, Angra propose ce puissant opus né du feu et de la douleur de temps incertains. « C’est une prouesse très particulière pour nous pour plusieurs raisons. », indique Bittencourt. « Au cours des cinq dernières années, nous avons connu beaucoup de douleurs, de défis, de frustrations, de gloires et de succès sur des montagnes russes d’émotions qui sont devenues un immense chaudron de thèmes et d’inspirations. ». Il a, en effet, perdu son père, et son ami Andre Matos, membre fondateur tout comme lui. Le Brésil traversait une lourde pandémie liée au covid-19. L’avenir du groupe s’écrivait en pointillées. « Nous étions isolés, tourmentés, confrontés quotidiennement à l’ombre de la maladie et de la mort. Aujourd’hui, il semble même surréaliste de se souvenir de tout ce que nous avons vécu. En conséquence, c’est un album dense d’expériences et de souffrances accumulées. », ajoute le guitariste.
Cycles Of Pain raconte une histoire. Les douze morceaux forment un vieux conte sur la vie et la mort. Sur les débuts et les fins. Il narre une souffrance perpétuelle où l’envie d’évasion est omniprésente. Comme l’explique le bassiste Felipe Andreoli : « L’album évoque différentes perspectives de la douleur humaine et des cycles qui l’entourent. Cela nous rappelle que si cette douleur est inévitable, elle fait également partie intégrante de la croissance et de l’apprentissage. En la reconnaissant et en affrontant ses cycles, nous pouvons découvrir notre force intérieure et trouver un chemin vers la guérison et la transformation. ». Il poursuit : « L’album nous amène à contempler notre propre voyage de douleur et à embrasser l’espoir que, malgré les cycles apparemment sans fin, il y a toujours une lumière au bout du tunnel. ».
Le numéro 10 de la discographie d’Angra est le troisième volet de la troisième génération du groupe. Il est présenté comme la renaissance du metal brésilien furieux. Produit par Dennis Ward, il a principalement été écrit par le guitariste solo Rafael Bittencourt et Felipe Andreoli, bassiste reconnu comme grand compositeur après la sortie de son album solo « Resonance ». Un chef d’œuvre de la musique instrumentale, selon les professionnels de la planète. Les chants sont toujours interprétés par Fabio Lione. Bittencourt dit d’ailleurs qu’il n’a jamais aussi bien chanté pour un album du groupe. Les percussions, quant à elles, sont assurées par Bruno Valverde, très demandé à l’international, et considéré comme l’un des meilleurs batteurs du monde. Pour compléter le line-up actuel, Marcelo Barbosa ferme la marche. Arrivé il y a huit ans, il assure la deuxième guitare. En guests, le chanteur brésilien Lenine prête sa voix sur le titre « Vida Seca », tandis que la chanteuse américaine Amanda Somerville pose ses douces et puissantes cordes vocales sur « Tears Of Blood ».
D’emblée, le titre « Ride Into The Storm » annonce la couleur de l’album. Venant juste après le morceau d’introduction « Cyclus Doloris », il est décrit ainsi par le groupe qui l’a fait découvrir à ses fans le 4 août dernier : « « Ride Into The Storm » est un morceau implacable et agressif qui capture l’essence du style d’Angra. Avec son tempo rapide et son style moderne, la chanson conserve l’ADN distinct du groupe tout en livrant des passages complexes et techniquement difficiles ; la fusion d’éléments traditionnels et progressifs repousse les limites sans sacrifier le style caractéristique du groupe. Ce titre est une étape de plus dans l’évolution du groupe, incarnant l’agressivité, la vitesse, la modernité et la capacité dans un ensemble cohérent et engageant… ». Impossible de le contredire, car ce premier single offre une frénésie galopante de guitares thrash metal et d’arrangements progressifs, le tout sublimé par une batterie endiablée.
Présenté le 15 septembre dernier, le deuxième single « Tide Of Changes » rappelle l’univers du groupe légendaire Queensrÿche. Andreoli explique comment il l’a composé : « Cette chanson a pris vie très rapidement. Après avoir joué avec le riff initial, toutes les parties suivantes se sont naturellement mises en place. C’est une chanson pleine de dynamique et de textures différentes. ». Les paroles évoquent des changements considérables dus à ce qui ne pouvait s’apparenter, au départ, qu’à une simple goutte d’eau dans l’océan, et cette envie furieuse de revenir en arrière. Bittencourt déclare : « Nous vivons dans un présent d’une grande instabilité et, tandis que notre ego cherche la zone de confort et le contrôle, il est fondamental de s’adapter à cette impermanence, de surfer sur les vagues du destin et non sur nos attentes. Ce sont les douleurs et les frustrations qui nous façonnent et nous renforcent. ».
Le troisième titre choisi par le groupe pour être présenté via son label Atomic Fire Records est « Gods Of The World ». C’est une déclaration de heavy metal avec des signatures rythmiques étranges. Il raconte comment les dirigeants, « les Dieux du Monde », diviseraient les citoyens de la planète pour mieux régner. Ils auraient le contrôle total sur eux pour les aveugler et les guider où ils voudraient telles des marionnettes. Le clip avertit sur la présence d’images pouvant heurter la sensibilité : Attablées, des personnalités jouent à un jeu de société. Ils lancent les dés et avancent leurs pions en riant. Les conséquences seraient les morts dus aux guerres, incluant femmes enceintes et enfants. Également les animaux à cause de la chasse et des trafics existants. Par ailleurs, Angra dénonce la faim dans le monde alors que l’argent généré par le football pourrait y mettre fin. Mais aussi les trafics d’enfants qui engendrent abus sexuels et prélèvement d’organes. En guise d’happy end, on voit les joueurs mourir à leur tour.
Cycles Of Pain se présente comme l’album le plus accompli du groupe Angra. Parmi ses titres, « Dead Man On Display » apporte une puissance mêlant heavy metal et sonorités gothiques, tandis que « Vida Seca » insuffle d’abord une touche exotique tout droit venue de la culture brésilienne, et agrémentée par la voix du chanteur local Lenine, avant que les instruments ne reprennent avec frénésie l’esprit véhiculé tout au long de l’opus. Quant à « Generation Warriors » il plonge dans le vif du power metal dès les premiers riffs de guitare avec une batterie plus qu’effrénée. Douze titres qui ne déçoivent pas. Angra a fait preuve d’une grande force de résilience en réussissant le pari de transformer sa douleur en gloire. Cet ouvrage est à mettre entre toutes les mains des amoureux du heavy metal. Si vous avez envie de posséder ce chef d’œuvre de l’année, ça tombe bien, puisqu’il fait partie des sorties de cette semaine : Cycles Of Pain sort en effet le 3 novembre 2023.
Tracklist
- Cyclus Doloris
- Ride Into The Storm
- Dead Man On Display
- Tide Of Changes – Part I
- Tide Of Changes – Part II
- Vida Seca
- Gods Of The World
- Cycles Of Pain
- Faithless Sanctuary
- Here In The Now
- Generation Warriors
- Tears Of Blood
Date de sortie : 3 novembre 2023
Durée de l’album : 58:29 minutes
Label : Atomic Fire Records
Crédit photos : Marcos Hermes