Bien qu’efficace, Catalogue Of Carnage dressait les limites du son Misery Speaks. La faute à des chemins death mélodiques déjà plus qu’empruntés par de nombreuses formations scandinaves, ainsi qu’à une composition trop peu emprunte à innover. Sauvé par son aspect viscéral ainsi que par une technicité convenable, le second disque du quintet allemand ne laissait pourtant en rien présager de la teneur de ce Disciples Of Doom. Epaulé par un nouveau chanteur, Misery Speaks livre en dix compositions un album bien plus audacieux que ses précédents efforts.
Avec à peine une année de composition et d’enregistrement, ce troisième véritable opus ne laissait pourtant que peu d’espoirs concernant un éventuel renouvellement. S’il s’inscrit bien dans la continuité de Catalogue Of Carnage, Disciples Of Doom présente pourtant une indéniable qualité d’écriture ainsi qu’une certaine volonté de renouveau, en plus de la redoutable efficacité dont a toujours pu se targuer Misery Speaks. Riffs acérés, rythmique marteau-piqueur assénée à grands-renforts de double-pédale, les allemands posent les jalons des morceaux sur des bases typiquement scandinaves, mais redoublent par ailleurs d'inventivité. Oscillants entre Thrash moderne et Death mélodique, certaines compositions (« Burning Path », « Fragile », « End Up In Smoke ») rappelent une nouvelle fois les envolées du The Haunted des premières heures, tempos frénétiques et incessantes cavalcades de guitares à l’appui. Pourtant, les cinq musiciens témoignent avec Disciples Of Doom d’une variété plus prégnante que sur leurs précédents essais, notamment à travers une dimension mélodique bien plus poussée que par le passé. Sans avoir à faire de compromis, le quintet a revu la brutalité à la baisse et se montre plus prompt à laisser respirer sa musique. Les cassures rythmiques interviennent à intervalles plus réguliers, sans pour autant nuire à la cohérence de l’album par des ralentissements trop fréquents. Disciples Of Doom reste dominé par une certaine frénésie dans l’exécution des parties instrumentales, mais présente des incartades s’aventurant vers des horizons témoignant pour la première fois d’émotions autres que l’envie primaire de tout écraser (« A Road Less Travelled »).
Témoignant d’un aspect techniquement exacerbé, Misery Speaks n’hésite plus à s’engager dans des travers dépourvus de ses débauches de saturation épileptique au profit d’une lourdeur plus marquée, voire de déviances presque lumineuses lorsque la paire Füntmann / Gall s’engage dans les enchainements de solos. Superbes et parsemées aux quatre coins de ce Disciples Of Doom, les nombreuses interventions en lead apportent une véritable plus-value aux morceaux en orientant les compositions vers des terrains inédits et mélodiquement très soignés (l’excellent « Black Garden » et ses huit minutes de rigueur, « Disciples Of Doom »). L’initiative est d’autant plus appréciable que les parties vocales de Przemek Golomb n’en profitent pas pour muer vers d’occasionnelles escapades dans un registre clair. Bien que récemment intégré au line-up, le frontman conserve l’esprit viscéral et terrassant de son prédécesseur en habillant les instrumentations d’un growl rauque et puissant. Maitrisées et hargneuses à souhait, les vociférations remplissent leur strict rôle sans sombrer dans des travers peu adaptés aux ossatures instrumentales.
Sans amener de véritable révolution sur la scène Death mélodique, Misery Speaks fait preuve avec Disciples Of Doom d’une certaine évolution dans sa composition. Un excellent disque, qui pourrait permettre aux quintet de renouer avec les très bons retours engendrés par la sortie de son opus éponyme.
.: Tracklist :.
01. Out Of The Unknown…
02. Burning Path
03. End Up In Smoke
04. A Road Less Travelled
05. Disciples Of Doom
06. Obsessed
07. Black Garden
08. Fragile
09. The Swarm
10. Into The Unknown