Du métal barré et complexe, virevoltant entre death bien gras lorgnant parfois sur le grind, parfois sur le black. Déstructuration extrême, à la limite du mathcore, de la batterie et de certaines grattes aigües. Intermèdes jazzy acoustiques. Etirements post-hardcore… La liste pourrait encore s'allonger et faire ressembler This city speaks in tongues à un joyeux bordel. On n'est pas très loin de ce genre de disques fourre-tout et imbuvables, où les musiciens se perdent tant dans leurs influences qu'avec leurs structures cérébrales enchevêtrées et leur virtuosité instrumentale. Mais She said destroy ne franchit pas cette ligne jaune, et parvient à rester plaisant pour l'auditeur non rebuté par l'aridité des premières écoutes.
Il faut dire que le parallèle avec certains groupes rassure. Tout en étant le point noir de l'album, qui fait remuer les cheveux et parvient à établir une cohérence salutaire, mais dont l'originalité et l'identité restent difficiles à appréhender au delà du sentiment d'avoir déjà entendu certains passages chez d'autres formations. Opeth, par exemple, qu'on retrouve le plus (outrageusement diront certains) avec les vocaux growls d'Anders, et quelques passages aériens (« Tea and toast at the very end of time »). Il y' a aussi du Meshuggah dans les rythmes déconstruits associés à la lourdeur de gros riffs (« We will never learn »), et même parfois du Gojira période Terra Incognita pour des moments efficaces et sans fioritures, alternant blast et mid-tempo rythmés par la double pédale (« An age of leechs »).