Konkhra s'est formé en 1989 près de Copenhague, Danemark. Konkhra a composé six albums aux noms alléchants (dont Sexual Affective Disorder en 1994, Spit Or Swallow en 96, Weed Out The Weak en 98) et a tourné en Europe dans les années 90 avec Fear Factory, Napalm Death, Suffocation, Cannibal Corpse et Deicide. Konkhra a vu James Murphy (aussi guitariste pour Death, Testament et Obituary), le batteur Chris Kontos (ex-Testament, ex-Machine Head sur Burn My Eyes) ou encore Per Møller Jensen (batteur actuel de The Haunted) passé dans ses rangs. Et pourtant, peut-être parce que le métal danois a du mal à traverser nos frontières, peut-être aussi parce que le groupe était en pause depuis 2003, le nom de Konkhra m'était parfaitement inconnu avant d'enfiler le casque d'un disquaire pour écouter Nothing Is Sacred. Je m'en pris d'autant plus plein la gueule.
Imaginez un Motörhead survitaminé jammant avec Entombed et The Haunted, rajoutez une rasade de Hatesphere (ils ne sont pas du même pays pour rien) et vous aurez une petite idée de ce que Konkhra peut offrir en métal extrême bien gras. Nothing Is Sacred ne manque pourtant pas de raffinement. Entre le soucis du blast-beat, de la double-pédale et du solo bien placés, et la production lourde, travaillée et précise (gloire au célèbre Tue Madsen), on sent que l'expérience et le maitrise sont là. Mais le professionnalisme des trois membres de Konkhra n'est pas là pour faire de l'esbroufe, il constitue plutôt la fondations solide d'un métal qui rassemble discrètement mais avec talent plusieurs genres, plusieurs époques.
L'esprit « Jack Daniels – Death'n Roll » se retrouve avec la voix très roots du guitariste/chanteur Anders Lundemark, et le son ronflant, voire cradingue, des guitares. Les tendances du métal nouvelle école se reconnaissent avec l'alternance entre la rapidité du thrash-death (« Hail To The King », « Killswitch », « The Promise Of Antagonisme »), les mid-tempo du power metal ( « Legacy Of The Truth ») et les passages teintés de hardcore, genre très en vogue au Danemark (« Breathe The Fear », « Religion Is A Whore »).
Des riffs sobres, mais diablement inspirés et dynamiques, portent le tout. Si on aurait aimé plus de variations sur certains titres et davantage de prise de risque dans les structures, les manques sont rattrapés par la capacité des six cordes à dégainer les solos et les nappes d'ambiance aux moments adéquats. Et il y'a même quelques surprises, comme la voix féminine du dernier titre « The Promise Of Antagonisme », qui passe étonnamment bien sur un passage thrash.
En bref, ça joue bien, vite, fort, et Konkhra nous recrache à sa sauce tout ce qu'on aime dans le métal couillu des années 90-2000, même la thématique sortie de l'univers de Slayer. Les paroles sont sans équivoques (l'explicite « Religion Is A Whore ») et l'artwork navigue entre un Benoît XVI satanique, cadavres et symboles religieux oppressants. Comme la bande à King-Araya, Konkhra semble également préoccupé par le contexte géopolitique actuel, en témoigne les samples de George Bush en introduction et le photomontage du livret d'un 11 septembre sur la Tour Eiffel. L'affaire des caricatures danoises, publiées en France par Charlie Hebdo, a par ailleurs beaucoup influencé la composition de Nothing Is Sacred selon Anders Lundemark.
Mais le plus intéressant reste bel et bien la musique, finalement assez accessible pour plusieurs générations de deathmetaleux et de thrasheux. Inspiration, technique, efficacité et diversité habitent Nothing Is Sacred, et tout le mal qu'on souhaite à Konkhra est d'être enfin reconnu chez nous grâce à cette nouvelle galette.
.: Tracklist :.
01. Intro: Prelude To Perversion
02. Hail To The King
03. Religion Is A Whore
04. Breathe The Fear
05. Killswitch
06. Nothing Is Sacred
07. The Legacy Of Truth
08. Sufficient To Sicken
09. The Race
10. I Defy
11. The Promise Of Antagonism