A l’occasion de la sortie prochaine de leur premier album Tentacles (le 6 avril 2009 chez Touch & Go / P.I.A.S) et de leur première date en France (dans l’enceinte de la Flèche d’Or à Paris), nous avons eu l’occasion de rencontrer les californiens de Crystal Antlers. Jonny (basse et chant) et Kevin (batterie) ont bien voulu répondre à quelques unes de nos questions à propos du groupe, de son album et de ses influences. Compte-rendu de l’entretien.
Pouvez-vous présenter Crystal Antlers pour tous ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
Kevin : Crystal Antlers, c’est une formation musicale de Long Beach, en Californie.
Jonny : Crystal Antlers, c’est six personnes qui font de la musique avec une basse, une batterie, des guitares, un orgue et des voix ! (rires)
Comment le groupe s’est-il formé ?
Jonny : Kevin, Errol et moi, on s’est rencontrés au lycée. On avait un cours en commun. Le prof était toujours absent car il se faisait juger à l’époque pour agression sexuelle envers un mineur. Du coup, on a passé notre temps à apprendre à faire de la musique ensemble. Quelques années plus tard, on a enregistré notre premier single et Victor a rejoint le groupe pour jouer de l’orgue. Puis Damien est venu compléter la formation. Cette année, Errol a quitté Crystal Antlers pour aller en Thaïlande et Andrew l’a remplacé aux guitares. Finalement Errol est revenu. L’histoire est assez compliquée… (rires)
Votre premier album Tentacles va sortir dans les jours qui viennents. En l’écoutant, j’ai trouvé qu’il dégageait beaucoup de spontanéité, tout comme votre premier EP. Ce sentiment est-il révélateur de votre manière de composer ?
Jonny : la plupart du temps, je pose les bases d’un thème, un squelette pour la chanson que je vais écrire, à la basse ou l’orgue. Ensuite, on compose ensemble à partir de ces prémisses et on arrange nos différentes parties instrumentales. Notre manière de composer est effectivement très spontanée. Ca nous arrive d’arranger le tout sur scène, puis en studio.
Le son de Crystal Antlers mélange différentes d’influences : punk, rock, garage, psyché, blues 70’s… De quelle manière faites-vous cohabiter toutes ces directions ?
Jonny : à vrai dire, on compose de manière assez naturelle. On ne cherche pas à aller vers quelque chose de précis, de spécifique. Le son sort comme il est. C’est un procédé assez spontané.
Vos compositions dévoilent également beaucoup d’émotions : elles semblent à la fois sauvages, passionnées, mais aussi très personnelles. Est-ce qu’elles reflètent votre vision de la vie ?
Jonny : je voulais que les chansons sur l’album soient très personnelles. On a un pote, qu’on connaît depuis un longtemps, qui m’a toujours encouragé à mettre beaucoup de moi-même dans ma musique. La plupart des titres de l’album reflètent d’ailleurs plusieurs expériences personnelles. Par exemple, l’un de mes colocs à été assassiné par la police il y a quelques temps et j’ai essayé de retranscrire le sentiment que je ressentais face à cela au travers de mes compositions, sans non plus être trop spécifique, car je veux que les gens s’y retrouvent en général.
Sur le tracklisting de l’album, figure le morceau « Until The Sun Dies Part 1 » alors que « Until The Sun Dies Part 1 » est présent sur votre EP…
Jonny : la partie 1 de « Until The Sun Dies » a été écrite avant qu’on enregistre l’EP. En studio, on a décidé de faire figurer la partie 2 car elle nous paraissait tout simplement meilleure. Pour l’album, on a choisi la partie 1 afin de ne pas se répéter. C’est aussi simple que ça !
Pourquoi n’avez-vous pas fait appel à Ikey Owens (ex-claviériste des Mars Volta) pour la production de Tentacles, alors que vous aviez déjà travaillé avec lui sur l’EP? Vous êtes-vous lassés de lui ?
Kevin : (rires) non, il était juste très occupé au moment où on a produit l’album. Il était en tournée à ce moment là et comme on n’avait que très peu de temps, on a du faire sans lui ! On a tout produit nous-mêmes.
Comment vivez-vous l’expérience live par rapport à celle du studio ?
Jonny : je pense que le live nous permet de véhiculer des émotions de manière différente. Sur scène, tu es capable ressentir ces mêmes émotions et de les connecter. Quand j’écoute le disque, c’est plus difficile pour moi de saisir tout ce que j’ai voulu faire passer dans les compositions. En live, c’est beaucoup plus évident.
Vous avez démarré votre première tournée européenne en janvier dernier. Quels sont vos sentiments par rapport à tout ça ?
Jonny : en Europe, on arrive dans des pays qu’on n’a jamais visité, des lieux nouveaux pour nous. C’est énorme ! En plus, les promoteurs nous traitent bien mieux ici qu’aux Etats-Unis ! Là-bas, on a joué plusieurs fois dans des conditions déplorables. Les gens sont vraiment bien ici, en Europe.
Kevin : aux Etats-Unis, il nous est arrivé plusieurs fois de dormir sur des sols d’appartements et d’êtres payés en sandwichs ! (rires)
Vous avez connu un gros succès via le web, notamment par le buzz qui a été initié à partir du site Pitchfork. Quelle est votre vision de la l’industrie de la musique au jour d’aujourd’hui ?
Jonny : ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est qu’avec Internet, tu n’as plus besoin d’un label pour débuter et te faire connaitre. Nous, on a vendu notre premier EP par nous-mêmes grâce au web. Ca a été énorme ! Notre EP a été acheté à Berlin, mais aussi en Australie. On a tout de même besoin d’un label…
Je viens d’apprendre que votre Touch and Go, votre label, a licencié une grande partie de ses employés et qu’il arrêtait ses activités d’édition et de distribution…
Jonny : oui c’est regrettable, on ne sait pas trop comment ca va se passer pour nous par la suite…
Un dernier mot pour conclure cette interview ?
Jonny & Kevin : merci. (en français)
Crédits photos : 1 – Grant Peterson / 2 – JiHeF
Un grand merci à Lucie Chérubin de P.I.A.S pour l’organisation de l’entretien.