Sous le diminutif K se cache un jeune chanteur suisse qui nous a proposé en avril 2008 une proposition indécente avec L’amour dans la rue, son premier album « français ». Nicolas Michel de son vrai nom, était de passage en concert à la salle Paul Fort de Nantes, occasion pour vacarm de rencontrer cet artiste minimaliste du fait de son nom mais qui pourra peut etre devenir un grand nom de la scene francaise. A quelques heures du concert, nous rencontrons K dans les loges de la salle de spectacle pour discuter de ce premier opus L’amour dans la rue.
Hervé: Ton premier album L’amour dans la rue est disponible depuis avril 2008. Quels sont les échos que tu as pu recevoir par la presse spécialisée au sujet de cet album ?
K: Pour le moment, nous avons eu de très bons échos par la presse. C’est une « re »sortie d’album car en Suisse nous l’avions déjà sorti sous le nom de L’arbre Rouge. L’accueil a été très enthousiaste et assez positif. S’en suit une tournée très riche de dates donc c’est très positif. Pour nous qui venons de Suisse, nous avons pu rencontrer des médias qui nous font rêver comme de pouvoir passer sur les ondes…
Y a t’il une grosse différence entre L’arbre Rouge et L’amour dans la rue ?
La différence entre L’arbre rouge et L’amour dans la rue c’est qu’il s’est passé 4 ans entre l’enregistrement de l’arbre rouge et la sortie de L’amour dans la rue. Il y avait deux ou trois titres que l’on jouait en live et qui nous plaisaient donc nous avons eu envie de les rajouter sur cet album. C’était un peu comme une mise à jour du disque original.{multithumb thumb_width=450 thumb_height=320}
Comment Nicolas Michel est devenu le diminutif K pour son nom de scène ?
C’est un peu un hasard de la vie. Pendant trois ans j’ai travaillé avec un groupe, c’était les débuts donc nous devions ramer assez fort pour obtenir des dates, on faisait notre booking et notre management avec nos moyens, c’était très artisanal. Il y a une date qui était très importante pour moi. C’était une date que j’avais réussi à caler à Lausanne dans ma ville natale. A l’époque où l’on devait défendre cette date, il y avait des tensions dans le groupe. Finalement on s’est séparé mais j’ai quand même décidé de défendre la date en solo. Je ne savais pas sur quelle entité me présenter à l’époque. J’avais un petit neveu qui ne parlait pas encore très bien et qui m’appelait K parce qu’il n’arrivait pas à prononcer mon prénom. A mon plus grand étonnement, il adorait les chansons que l’on avait enregistré sur une maquette. Chaque fois que j’arrivais chez lui, il allait vers la chaine stéréo et il brandissait le disque en disant K !! Je trouvais cela mignon donc j’ai décidé de me présenter sous ce nom là. Après coup, je suis allé au Burkina Faso où j’ai rencontré un conteur africain qui m’a dit que la signification de K dans son langage voulait dire « ici ». Donc être K, c’est être ici, je trouvais cela bien et j’ai gardé la lettre.
Comment K s’est fait connaître par la maison de disque Wagram ? Est ce par tes récompenses musicales qu’elle a voulu te faire signer ?
C’est grâce au fait que nous avons été invité pour la fête de la francophonie dans une radio française. Le directeur artistique de la maison de disque était présent, il a apprécié notre travail et c’est comme cela que petit à petit, il nous suivi notre parcours pendant une année. De cette façon, on a appris à se connaitre et nous avons signé chez eux.
Pourquoi as tu choisi de mettre en avant L’amour dans la rue en choisissant ce titre qui figure dans la tracklist en nom d’album ?
On a beaucoup réfléchi au nom que l’on pouvait donner à cet album. Je ne sais pas si c’était une bonne idée ou pas mais ce qui est sur, c’est que cette chanson a un lien avec la ville de Paris. A l’époque, j’ai voulu être comédien donc j’ai fais une école de théâtre au théâtre national de Chaillot. C’était une période où j’ai eu beaucoup de remises en question. J’étais tout seul à Paris, loin de ma copine, loin de ma famille… Tout n’était pas rose pendant cette période. Cette chanson, je l’ai écrite pendant ce moment de doute. Par la suite , je suis revenu en Suisse et j’ai commencé à faire de la musique. J’ai réécris ma vie d’une façon tout à fait différente. La fin de la chanson je l’ai écrite après coup. Pouvoir revenir avec mes chansons et les présenter en France et plus précisément à Paris, c’était une belle manière de boucler la boucle. Je pense que l’album porte bien son nom.
Pour ceux qui n’ont pas encore eu la chance d’écouter cet opus, pourrais tu nous décrire l‘atmosphère que tu as voulu créer sur L’amour dans la rue ?
L’atmosphère que l’on peut retrouver sur ce disque, c’est une atmosphère variée parce que je pense que ce qui est important c’est la sincérité de l’émotion que tu as envie de transmettre et le style qui va s’y prêter. C’est bien d’aller puiser un peu partout du moment que l’émotion est respectée. Tout ceci va dépendre du lieu dans lequel nous allons travailler, des personnes avec qui nous travaillons, les musiciens qui m’entourent ont joué un grand rôle sur ce disque… Il y a aussi la couleur des chansons présentes sur L’arbre rouge ainsi que la couleur des nouvelles chansons que l’on a amené sur cet album. On pourrait dire que c’est un album à deux faces.
Peux tu nous parler de cette tournée qui entoure la sortie de L’amour dans la rue ?
On fait une espèce de longue tournée. C’est à nouveau l’aventure car on se confronte à un rythme de tournée assez soutenu. On est parti un mois au Québec, on revient en France… On bouge beaucoup et c’est un peu une nouvelle vie. J’avais pas mal de petits jobs à coté de la musique que j’ai du renoncer pour me consacrer pleinement à cette aventure. On travaille avec un booker, une maison de disque… c’est beaucoup de partenaires à faire travailler ensemble. C’est tout un nouvel apprentissage et de nouveaux horizons qui s’ouvrent face à nous.
Comment cet album est accueilli par le public ?
Il est accueilli différemment d’une scène à l’autre car lorsque tu fais de la chanson tu peux jouer dans des cabarets en solo , devant 25 000 personnes sur des grandes scènes avec le groupe… C’est chaque soir un renouvellement et une redécouverte.
Pour chaque set ce n’est pas toujours la même formation qui se présente face au public ?
On travaille sur trois formations. On a la formation originale où l’on est en trio, c’est la plus utilisée de ces trois dernières années. Quelque fois pour des premières parties, je peux être tout seul avec ma guitare. Puis dernièrement, on a eu l’occasion irrationnelle de pouvoir faire une grande scène devant 25000 personnes au Paléo festival. Pour cette occasion, nous avons décidé de renforcer l’équipe. Nous avons travaillé une formule à 5 avec un bassiste et un guitariste supplémentaire. C’est vraiment intéressant car nous avons l’impression d’avoir une plus grande force frappe, c’était très agréable.
A l’écoute de tes textes, on ressent une certaine volonté d’obtenir un monde meilleur. Un monde rêvé et désiré par un artiste qui n’hésite pas à porter un jugement sur la société comme sur « L’émigré » où tu dénonces les expulsions des sans papiers. K serait-il un artiste engagé ?
Je suis quelqu’un qui a soif d’absolu. Je recherche une espèce de bien être. J’ai l’impression que l’on peut mieux se comprendre et mieux appréhender la vie, de trouver une manière de vivre d’une façon plus détachée, plus joyeuse… C’est une quête que l’on a tous. Ce qui est bien c’est qu’à travers la musique et des textes, on peut créer un univers, avoir des réflexions et transmettre des idées.
Justement en contradiction avec ces textes qui sont assez forts, la mélodie qui les accompagne est douce. Je trouve qu’il y a une contradiction entre les textes et la mélodie. Etait ce un effet désiré pour que ces textes soient plus touchants pour le public ?
Dans la vie on expérimente des choses qui font mal ou l’on se comporte de manière pas habile. Le challenge c’est devenir plus habile et de mettre le doigt sur des les comportements qui ont destructeurs ou qui ne sont pas constructifs. L’idée c’est de mettre le doigt dessus mais pas pour faire mal. Plutôt de s’amuser a corriger le tir en rigolant plutôt que de s’apitoyer sur son sort. Si on peut rigoler sur les manières de nous comporter, c’est intéressant et l’objectif est un petit peu là.
Quels sont tes projets pour l’année 2009 qui va commencer ?
Bien défendre cet album et profiter de ce qui nous arrive parce que c’est vraiment incroyable de bouger au Québec, en Belgique, voyager en France… C’est vraiment que du bonheur. L’année 2009, c’est quelque chose de nouveau, j’ai envie d’inviter mon monde en neuf en allant chercher des choses qui m’enthousiasment. C’est déjà prévu, je vais travailler neuf mois avec neuf thèmes, neuf conférences à la fin de chacun des mois pour présenter les résultats de ces recherches. A la fin de l’année 2009, j’aimerais bien tirer un spectacle de ces recherches pour que l’on puisse projeter ensemble, le monde que l’on a choisi et pas celui dont on a hérité.
Je remercie Nicolas Michel (K) pour avoir répondu à mes questions ainsi que Loic Suty de chez Wagram pour m'avoir calé interview.
Photos: Hervé