Originaires de Grèce, mère patrie des très bons et adulés Septic Flesh, les cinq jeunes brutes de Mencea débarquent en Europe en newcomers, armés d’un Dark Matter Energy Noir représentant la première pierre de l’édifice. Un jalon de départ qui n’aura pas manqué d’attirer l’attention d’Indie Recordings, qui signe là une formation plutôt prometteuse. Repéré par Daniel Bergstrand (producteur de In Flames, Strapping Young Lad), qui aidera le quintet lors de ses pré-productions et qui assurera le mixage de l’ensemble, Mencea témoigne avec les huit morceaux composant cet album d’un indiscutable potentiel et d’une véritable maîtrise du genre.
Pourtant, Mencea évolue dans des stratosphères musicales saturées de clones. Difficile aujourd’hui de proposer un travail véritablement original en matière de death metal, sous réserve d’opérer de véritables fusions avec des genres voisins. Avec Dark Matter Energy Noir, Mencea ne se détache pas radicalement par son originalité, mais parvient à suffisamment varier sa musique et évite de ce fait les redondances ainsi que tout sentiment de déjà-vu trop marqué. Le quintet compose un death lourd et oppressant, très proche des travaux mondialement reconnus des représentants hexagonaux de Gojira (les excellents « The Passing » et « Deep In The Under »). Massifs et appuyés à l’extrême, les riffs imposent une ambiance sombre et plombée, magnifiée par une production confinant au tandem guitare / basse toute la puissance nécessaire. Loin de se limiter à un marteau-pillonage de riffs, les canevas sonores conçus par le groupe témoignent d’une certaine inventivité, les guitares n’hésitant pas à galoper dans les leads ou à s’aventurer dans des étendues plus éthérées (« Curse Of The Damned »). Bien qu’ils ne fassent rpas véritablementpreuve d’une technicité ébouriffante et ne sortent que rarement d’une dimension purement accessoire, les solos permettent d’aérer la musique de Mencea, par ailleurs très compacte. Des variations également amenées par des incursions électroniques très discrètes, utilisées avec parcimonie afin d’habiller les arrières-fonds. La formation confère ainsi à ses étendues sonores une atmosphère froide s’accordant à merveille avec l’aspect tranchant des guitares, tout en évitant d’imposer les machines de façon trop marquée (« The Passing », « Ardad », les boucles hypnotisantes concluant « When Strife And Greed Collide »).
Bien que des passades moins virulentes viennent se greffer aux ossatures des compositions, Dark Matter Energy Noir reste un album aux encornures noires et acérées, en grande partie grâce à un travail rythmique proprement impressionnant. A l’instar des productions de Meshuggah, le batteur Nick Prapas fait preuve d’un matraquage de tous les instants, usant de la double-pédale avec insistance et cultivant une science particulièrement affûtée du roulement de toms (l’écrasant « Eminence », « Forbidden »). Une puissance de feu continue que partage le leader Andy Giolmas, peu emprunt à évoluer dans vers des étendues vocales en chant clair. Le frontman habille les instrumentation de Mencea d’un timbre profondément grave, plus rarement hurlé, pleinement efficace bien que l’élargissement du panel vocal ait pu conférer à la musique de Mencea un intérêt supplémentaire. Dark Matter Energy Noir reste cependant le premier opus du groupe, et le temps influera sans doute sur les capacités vocales de Giolmas, qui pose déjà sur bandes des interventions plus que satisfaisantes.
Dark Matter Energy Noir est un excellent album, une carte de visite parfaitement affutée introduisant avec fracas Mencea dans le petit monde du death européen. La suite pourrait bien être passionnante, tant on devine le quintet capable d’outrepasser de manière plus marquée les barrières du genre…
.: Tracklist :.
01. The passing
02. Ardad
03. Forbidden
04. Deep In The Under
05. The Holy Cast
06. Eminence
07. Curse The Damned
08. When Strife And Greed Collide