Disponible depuis le 29 septembre dans l’hexagone L’âme de fond est le premier album de Flow. Groupe né des projets personnels de la chanteuse Flo, tête pensante des textes qui composent ce remarquable premier essai. Flo traite des sujets assez sombres par une plume qui tente d’accrocher l’esprit de l’auditoire, le bousculer à réfléchir sur les problèmes qu’elle déclame sur de belles mélodies jouées par ses musiciens, Etienne et Stéphane. Les pistes défilent, on se sent oppressé par la puissance des paroles qui nous envoient des messages forts. L’âme de fond est une invitation à réfléchir, Flow était de passage dans une salle de concert non loin de Rennes en première partie de Tryo (Carré Sévigné), la chanteuse avait accepté l’invitation de vacarm.net pour discuter de son tout premier album, le touchant L’âme de fond.
Hervé : Flow quelles sont tes impressions après le concert de ce soir à Rennes en ouverture de Tryo ?
Flo: C’était une soirée très électrique et très rock que ce soit pour nous ou pour Tryo. Je trouvais qu’il y avait une grosse ambiance dans la salle. A certains moments du concert, Manu devenait très rock n’roll, c’était énorme. Les gens étaient vraiment présents donc les impressions de ce concert sont très bonnes.
Hervé : Ton premier album est sorti le 29 septembre 2008. Quels sont les échos que tu as pu recevoir que ce soit par la presse spécialisée ou par le public ?
Flo: Le point n’aime pas du tout (Rires !) Par contre, il y a de bonnes réponses. On a voulu volontairement faire un disque d’écoute, on s’éloigne de ce que l’on fait en concert. Ce n’est pas fait pour danser. En concert, il y a peut être plus d’énergie mais nous avons vraiment voulu réaliser un disque d’écoute et je pense que nous avons réussi. Il est bien conçu au niveau des instruments, il y a de beaux pianos, violons, on a insisté sur ce travail. Puis c’est un disque à texte, tu peux le mettre dans ta voiture et écouter et si tu aimes chanter et bien tu peux chanter sur les chansons. Il est un peu old-school et j’aime bien ce terme.
Hervé : Vous avez déjà fais plusieurs dates de cette tournée…
Flo: On arrive à la moitié de la tournée de Tryo…
Hervé : Et le public est réactif aux compositions de Flow ?
Flo: C’est très différent à chaque salle de concert. Les gens s’expriment selon l’ethnie culturelle de leur ville, si je peux utiliser ce terme. Il y a des gens qui vont être plus expressifs qu’ils aiment ou non. Le public des Tryo, c’est des gens qui ont la volonté des deux c’est à dire faire la fête mais aussi écouter la musique. Mais dans chaque ville, nous avons un accueil assez ouvert, ils sont intéressés par le première partie. D’une part ils sont à l’heure pour assister au concert de Tryo, il y en a même qui campe devant la salle. Ils écoutent du début jusqu’à la fin du concert. J’ai vu des publics bien moins ouvert. Je suis étonnée car je pensais ne trouver que des jeunes dans le public de Tryo. En fait il y a un peu de tout et c’est très plaisant. On peut parler avec beaucoup de gens différents comme des personnes qui amènent leurs enfants, des gens qui viennent pour la première fois… Il y a des gens qui ont réservé leurs billets depuis des mois, 48 heures après la mise en vente, ils avaient déjà leurs places en poche. Je pense que c’est un public qui aime vraiment qu’on lui parle, il est d’accord pour écouter de la musique et c’est précieux pour des gens qui font de la scène.
Hervé : Est ce que Flow a été ta première expérience musicale ou tu as connu d’autres projets musicaux ?
Flo: Ma mère dit que je suis artiste depuis que je suis née. Chez nous être artiste c’est un quolibet, c’est ce que je te disais tout à l’heure hors interview ce n’est pas très flatteur d’être un artiste, c’est plutôt le guignol du moment. On a fait des choses avec des amis pour faire des répétitions au Frigo avant qu’il ferme. On se faisait des sessions de répétitions juste pour s’amuser, faire du bruit et se défouler. Ce n’était vraiment pas du tout sérieux, on ne se prenait pas la tête. Les Flow a commencé il y a maintenant six ans. La formation du groupe remonte il y a quatre ans.
Hervé : Justement je voulais te poser la question comment s’était faite la genèse de ce groupe ?
Flo: Par hasard. On est les premiers surpris de ce qu’il se passe. On croyait en ce que l’on faisait…je crois que c’est primordial de croire en ce que l’on fait. On y croyait et on y croit encore mais nous ne pensions pas que nous aurions une réponse de cette taille. Nous n’allions pas mourir si nous n’étions pas reconnu Il y a des gens qui ont une implication beaucoup plus importante, ils sont nés avec cela. Ils ont fait quinze ans de conservatoire, c’est des fous, ils se battent comme des acharnés pour essayer de percer. Pour les flow, ca nous a tombé dessus sans le prévoir mais désormais il faut assumer, ce qui est beaucoup plus difficile (Rires !) On n’est pas du tout près mais on s’applique…Pour dire je prends même des cours de chants pour la première fois de ma vie !
Hervé : Et ces cours portent ses fruits sur scène ?
Flo: Oui, car ils permettent que je ne sois pas aphone après chaque concert.
Hervé : Je voulais savoir comment est venu ce nom de scène les Flow ? Il y a un rapport avec ton prénom mais comment s’est inséré ce « W » dans le nom du groupe ?
Flo: Lorsque j’ai débuté, j’étais toute seule avec ma guitare. Heureusement mes musiciens sont vite arriver et j’ai vite posé ma guitare. Eux, ils savent jouer de la gratte (Rires !). Pour ma part, je me sers de cet instrument pour composer mais lorsque l’on parle de musique il est plus intéressant que ce soit de vrais musiciens qui jouent sur scène. Je compose chez moi pour leur donner une base mais tout ce qui est arrangements, formes et mise en place c’est eux qui assurent ce rôle. Donc au départ je jouais toute seule, on se disait que c’était Flo qui chantait mais lorsque mes deux musiciens sont arrivés, nous avons essayé de s’appeler différemment. Mais dans la tête des gens, c’était toujours Flo qui chantait les textes. Je voulais que les gens adhèrent à l’idée du groupe…
Hervé : Il faut considérer Flow comme un groupe et non comme un projet solo en te mettant en quelque sorte en position de leader ?
Flo: Je crois que vouloir tout contrôler dans la vie est une grave erreur. Une fois que tu jettes quelque chose dans la nature, elle t’échappe. Par exemple, les chansons que l’on chante les personnes les rebaptisent à leur manière. Ils disent « Tu peux chanter Nicolas ? La chanson sur les enfants» et je me dis non le titre de cette chanson c’est « Coca ». Les gens s’approprient ce que tu fais et du coup Flo restait Flo dans leurs têtes malgré les changements de noms de scène. Du coup, on s’est appelé les Flow car FLO ne voulait plus rien dire. J’ai vécu pendant un moment aux états unis, Flow veut dire ce qui déborde ou ce qui avance. Le flow des rappeurs c’est toute la composition verbale, tout ce qu’ils disent mais en forme, en poésie. C’est le flow, c’est tout ce qui sort. Tu peux avoir un flow intense et si tu le mets comme il faut et bien tu t’appelles un orateur.
Hervé : L’âme de fond, le nom de cet album est assez fort. Pourquoi avoir choisi ce nom pour votre premier album ?
Flo: Comme je te l’ai dis, on voulait un disque d’écoute. A part « Avignon » qui est un titre pêchu, on a mis des chansons assez sombres et personnelles. Des chansons qui touchent les personnes dans leur intime profond. Je voulais que ce soit humain, vivant. Pourquoi l’âme ? Quand j’étais petite, j’allais à la messe mais le catholicisme m’a un peu énervé donc j’ai lâché l’affaire. Mais il y a des choses qui sont restées belles. Pour moi une âme c’est beau, c’est comme l’esprit c’est à dire ce que réalise ton cerveau mais mélangé au cœur. C’est un peu ma propre définition de l’âme. Je crois en l’âme des gens et l’âme de fond et bien c’est ce que tu ressens réellement au fond…
Hervé : Il y a un double sens avec ce terme L’âme de fond ?
Flo: Oui, les textes sont assez violents sur cet album malgré les arrangements classiques et tendres les sujets traités restent assez forts. A un certain moment je voulais que cet album s’appelle Dragée au poivre car c’est un super test pour les fauculs. Je t’explique, tu mets une dragée au poivre dans un saladier et tu as deux solutions. Tu as le faucul qui prend la dragée au poivre et qui devient tout rouge car il est en train de se bruler la langue. Par contre il ne crachera jamais la dragée et dira que c’était bon. Normalement une dragée au poivre au début c’est assez doux puis lorsque tu arrives dans le cœur du sujet, si tu es sincère tu craches par terre et demande ce que c’est que cette dragée. J’avais envie qu’il y ait des choses insupportables dans ce que l’on raconte. J’aimerais bien que les gens se bougent un peu contre la maltraitance des enfants… La dragée au poivre m’insupporte et j’espère que mes textes vont insupporter des personnes pour les faire réagir et qu’ils les attrapent comme des lames de fond.
Hervé : Ce premier album est produit par Guizmo, l’un des chanteurs de Tryo. Comment s’est faite votre rencontre et comment Guizmo est devenu ton producteur ?
Flo: Lorsque l’on est sur scène, les gens ont du mal à imaginer que l’on est des personnes normales. Ils oublient que tu te lèves le matin, tu as faim etc. A coté de chez lui, il y a une radio qui s’appelle Radio Sing Sing tenue par Yann. J’adore ce garçon, c’est un révolté impossible à suivre (Rires !). Il se bagarre pour sa radio s’il n’était pas là, il n’y aurait pas eu de festivals et bien je n’aurais jamais fais les inters scènes. Tu connais le système inter scène ? C’est terrible à faire, tu as une petite scène où tu joues pendant que l’on réalise le changement de plateau sur les grandes scènes. Tu joues à chaque fois dix minutes pendant trois jours et toutes les heures. Lorsque tu finis, tu es mort. Il nous a donné notre chance et il a adoré. Il a appelé Guiz’ parce qu’il le connaît bien et qu’ils sont de la même région. Il lui a dit qu’il fallait qu’il me voit sur scène. On a donc organisé un concert dans un bar qui s’appel l’éprouvette. On a joué et il était là, par contre on avait décidé de faire la fête et je n’ai pas été très performante. On pourrait dire que le concert était un peu lamentable (Rires !) Mais il a quand même aimé. Du coup, il m’a rappelé et m’a fait rencontrer l’association Free Mômes qui travaille avec la protection des enfants. J’ai trouvé des points communs avec Guizmo et il m’a proposé de signer sur son label. Je suis son premier album en tant que producteur.
Hervé : Tu es donc la première à avoir signé sur le label Guiz Prod ?
Flo: Oui (Rires !) On est débutant tous les deux. On a mis deux ans pour réaliser cet album car nous ne connaissions rien. On a tout appris très vite et ces différentes étapes créent des liens avec des personnes. Guizmo en tant que producteur et moi en tant qu’artiste.
Merci à Flo pour avoir répondu à mes questions, sa disponibilité et sa grande gentillesse .