Succès surprise pour un album aux sonorités d’un autre-temps, Black Stone Cherry avait su marquer la surprise avec un premier album maîtrisé et entraînant. Originaires du Kentucky, les quatre jeunes musiciens y portaient haut et fort l’étendard culturel de l’état, en revisitant allègrement les influences des glorieuses seventies tout en y adjoignant une sévère dose de modernité. Une seule année aura été nécessaire aux Black Stone Cherry pour accoucher d’un successeur à son premier essai, le groupe avançant avec Folklore And Superstition la volonté d’intégrer à sa musique des influences plus variées.
Si l’opus éponyme montrait de grandes qualités, Black Stone Cherry avait déclaré avoir renoncé à y intégrer quelques éléments de peur de nuire à la cohérence de l’ensemble. Avec Folklore And Superstition, le groupe ne se dresse plus aucune limite. La base même reste cependant identique aux premiers travaux, Black Stone Cherry injectant dans ses ossatures les mêmes et savoureuses échappées marquées au fer rouge de la marque du Rock Sudiste (le premier single « Blind Man », « Reverend Wrinkle », « Ghost Of Floyb Collins »). Le secret le mieux gardé de l’Amérique profonde, savoir-faire transmis de père en fils par les habitants de Louisiane les plus attachés à leurs racines. Entre Stoner et Rock’n’Roll US traditionnel, le quatuor se fend de compositions tubesques au possible, matinées d’indénombrables solos imbibés à l’alcool frelaté et assurés d’une main de maître (le feu d’artifice final de l'excellent « Soulcreek », « Devil’s Queen »). Folklore And Superstition se montre certes particulièrement calibré FM pour le territoire américain, le disque faisant une nouvelle fois appel à tout un pan de la culture musicale du pays, mais s’avère par ailleurs particulièrement efficace. Là ou ce dernier surprend, c’est dans sa propension à dériver vers des horizons nettement plus dépouillés, Black Stone Cherry osant à quelques reprises l’exercice difficile de la ballade éthérée.
A base de guitares acoustiques voire d’embardées de piano (« Things My Father Said ») ces interludes pourraient sombrer dans un romantisme teenage dégoulinant, c’était pourtant sans compter sur le talent du groupe à y insuffler ses influences traditionnelles (« The Key » et son pont Country). Black Stone Cherry habille ses morceaux mid-tempos d’accents bluesy, misant de ce fait d’avantage sur un aspect convivial et chaleureux (les chœurs puissants de « Peace Is Free ») que sur l’exposition mielleuse de sentiments pseudo-personnels. Mais surtout, Black Stone Cherry matérialise le lien entre ses différents changements rythmiques et vient greffe une véritable cohérence à ses travaux par la voix de son leader Chris Robertson. Doté d’un timbre puissant et profond, le frontman embrume les morceaux d’un chant clair rocailleux et tout en justesse. Entre refrains fédérateurs (« Blind Man ») et couplets droits venus des marécages boueux de Louisiane (« The Key »), Roberston pose sur bandes son travail avec le même esprit « Amérique des seventies ».
Stetson vissé sur la tête, lunettes aviateur sur le nez, bière en main et soleil couchant, Folklore And Superstition assure le dépaysement. Un sacré talent de composition, pour un album qui mérite amplement le détour. Certes calibré pour le grand public, mais pas pour autant opportuniste. Une réussite.
.: Tracklist :.
01. Blind Man
02. Please Come In
03. Reverend Wrinkle
04. Soul Creek
05. Things My Father Said
06. The Bitter End
07. Long Sleeves
08. Peace Is Free
09. Devil's Queen
10. The Key
11. You
12. Sunrise
13. Ghost of Floyd Collins