A cheval entre la France et l’Angleterre, Evergreen affine sa pop depuis maintenant plus d’une dizaine d’années. En deux albums et quatre EPs, le groupe formé à Paris par Michael Liot et Fabienne Débarre s’est progressivement éloigné des influences folk qui faisaient ses débuts pour aller vers une synth-pop chaleureuse et définitivement groovy. L’ancien nom We Were Evergreen s’est raccourci et, récemment, le trio d’un temps est redevenu duo. Une lente évolution qui entame sa nouvelle mue avec un nouvelle EP, Sign In, prévu pour le 15 octobre.
C’est avec le multi-instrumentiste Jon Reich aux manettes (entre autres collaborateur de Cola Boyy et Nit) que l’EP a été réalisé. Un ami de longue date qui a permis à Evergreen de travailler en confiance en assumant de nouvelles directions créatives. « On a pris le temps d’improviser avec de nouvelles textures, des synthés analogiques empruntés à droite et à gauche, un vieil enregistreur cassette, et des sons associés au premier âge du numérique », confient-ils.
Le résultat est une pop aérienne et sensible, parcourue de grooves bricolés et d’envolées électroniques. Un ensemble à la fois nostalgique et actuel, à l’image des références du groupe, qui doivent autant à la pop japonaise des 70’s qu’à l’électronique des années 90 ou au R&B contemporain.
Premier extrait de cet EP sorti en juin : « Guess What », un slow groove aux teintes R&B, inspiré par la façon dont les réseaux sociaux influencent les relations humaines, et écrit sous la forme d’une série de messages virtuels adressés à un.e ex. Un propos ambigu pouvant être interprété comme la célébration d’un retour — celui d’Evergreen lui-même, qui brise trois ans de silence avec ce premier titre — ou comme l’expression insistante d’une ancienne relation dont on n’arrive pas à se défaire.
La synth-pop cosmique du deuxième extrait « Lone Planet », sorti fin août, explore la solitude qui peut s’installer sous le vernis des interactions sociales, imaginant une fête durant laquelle une personne découvre une créature vivant à l’intérieur d’elle-même, l’appelant de ses voeux depuis une planète isolée dans son corps.
Ailleurs, le groupe explore de nouvelles orientations sur « Solid Ground », où se frottent rythme dancehall et cordes orientales dans une fusion mélancolique et actuelle.
Des échos du passé folk d’Evergreen subsistent dans « En Douce », seul titre de l’EP chanté en français, qui revisite la chanson française des sixties à la faveur d’une électronique légère. Une ballade fébrile comme l’attente, où la voix aérienne de Fabienne survole des arrangements chaleureux, voire baroques (on y trouve même un solo de hautbois !).