Pourquoi diable pareil album se voit-il accompagné d’un artwork aussi peu inspiré ? La question reste en suspens, tant l’habillage visuel de ce premier essai ne rend pas honneur à l’excellence de son contenu. Car Metamorphine se profile comme une surprise de taille, d’autant plus lorsque la seule âme pensante de ce projet, Ophelia Dax, se révèle être la claviériste des trendy et ultra-conventionnels Jesus On Extasy. Ces dix morceaux composés en solo sont en effet tout l’inverse de la formation d’origine de la demoiselle, outrepassant la simple notion d’agréable pour se confiner dans la très sélective caste des œuvres novatrices.
Détachées des formules électros goths poliment saturées de guitares, Leandra aborde avec Metamorphine une facette totalement personnelle, dressant ses instrumentations sans répondre aux standards radiophoniques et évitant par ce biais le sentiment de déjà vu dont peut souffrir un groupe de la trempe de Jesus On Extasy. Pour ce nouveau projet, la demoiselle pioche d’avantage ses influences du côté d’artistes nettement plus énigmatiques tels que Portishead ou encore Björk, couchant sur bandes une série de compositions éthérées et satinées par de boucles électroniques aussi raffinées qu'envoûtantes. Metamorphine est un album simple, la plupart du temps dépouillé de tout artifice, mais pourtant habité d’une réelle et touchante sensibilité (« Noisy Awarness », « The Art Of Dreaming»), dimension transitant aussi bien au sein des instrumentations que par le chant. De formation classique, Leandra construit ses morceaux sur l’apport unique de claviers renforcés d’une discrète batterie électronique, dénudant même à l’occasion ses explorations sonores de la majeure partie de ses minimalistes éléments pour n’en conserver qu’un piano gothique et virevoltant (le triste « Angeldaemon », « Son Of Venus », « Inverted Mirros Of Decay » et sa somptueuse outro). L’occasion de constater tout le talent dont fait peut faire preuve la musicienne sur cet instrument.
En dix titres, Leandra navigue entre ballades mélancoliques habitées (« Pi », ponctué de fébriles interventions de xylophone) et étendues sombres, voyages vers des destinations inquiétantes sur lesquels pré-dominent rythmiques lancinantes et boucles hypnotisantes ténébreuses (le majestueux « Lullaby », l’un des rares morceaux à laisser intervenir la guitare). Si l’expression des sentiments passent aussi bien par un simple piano que par la superposition complexe de couches électroniques, Metamorphine reste cependant intégralement dominé par une ambiance dénuée de toute lumière réconfortante. Un aspect que Leandra parvient à retranscrire à merveille dans des lignes de chant glacées, qui s’accordent aussi bien à l’exercice pourtant difficile du piano / voix qu’à l’accompagnement des tessitures construites à l’aide des machines. Mi-ange mi-démon, la demoiselle dévoile un timbre empli de désillusions, mais qui ne sonne pas faux pour autant tant celui-ci parvient à faire transiter les émotions (« Lie To Me », « Naked Eyes »).
Avec Metamorphine, Ophelia Dax prouve que son inspiration ne se limite pas aux anecdotiques lignes de synthés ponctuant les hits radio-friendly de Jesus On Extasy. A découvrir de toute urgence.
.: Tracklist :.
01. Noisy Awareness
02. Lie To Me
03. The Art Of Dreaming
04. Coloured
05. Naked Eyes
06. Angeldaemon
07. Tyberi Folla
08. Son Of Venus (Danny's Song)
09. Lullaby
10. Pi
11. Inverted Mirrors Of Decay